.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

M.
O.
o.
N
Revue de Presse-Press Review-Berhévoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basln Özeti
Les.pétroliers américains. ne. seront pas
forcément les,premiers servis.
Washington:
.Pierre-Yves Dugua
La guerre du Golfe de 1991
était une guerre de pétrole au
Sens propre du terme : il fallait
empêcher $addam Hussein de
contrôler les ressources pétro- .
lières koweïtielUles et de menacér
l'Arabie saoudite. Dans la
crise actuelle. le pétrole n'est
qu'au second plan. La preIIÙère
Rriorité des Etats- Unis est de
détruire les stocks d'armes chi-
Irtiques, biologiques et nucléaires
qu'ils accusent Saddam
Hussein de cacher. Cet exercice
rend nécessaire l'élimination
du régime du dictateur de Bagdad.
L'objectif atteint, Washington,
avec l'aide de ses al- .
liés et probablement des
Nations unies, travaillera à la
rèconstruction de l'Irak. C'est
aiors et dans ce cadre que la
question pétrolière reviendra
au prenùer plan.
. Paradoxalement, toutefois .. le
éontrôle des puits de pétrole ira-
Kiens s'annonce comme un des
tqut premiers objectifs militaires
du Pentagone. Pour deux
raisons: d'abord parce que Washington
veut éviter un scénario
catastrophe du style. de celui
précipité par Saddam Hussein
dans les derniers.jours de la
guelTe du Golfe. Les troupes irakielUles
avaient saboté les puits
koweïtiells, déclenchant des incendies
toxiques. qui n' mît' pu
être totalement éteints par les
pompiers américains spécialisés
que huit mois plus tard. La
seconde raison est que la destruction
des puits irakiens priverait
le pays des ressources financières.
indis pensables à sa
reconstruction.
Les revenus pétroliers de
l'Irak immédiatement après
l'ère Saddam sont estimés
Des contrats de long terme pour des géants comme Exxon-MobO, Chevron-Texaco
. et COßlJCoPhillips 5efl1nt à octroyer en fonction des droits acquis par d'autres compagnies
notamment russes, françaises, italiennes et chinoises. (PhotoAP.)
entre 10 et 12 milliards de doilars
par an par le Baker Institute
de Houston, un centre de
recherche de Rice University,
crée par James Baker, ancien
secrétaire d'État de George
Bush et stratège de la p.renùère
.guerre du Golfe. Cette manne
devra fmancer d'énormes be-
. soins humanitaires ainsi qu'un
vaste effort de reconstruction
. d'iqfrastructures détruites par
la guerre, évalué entre 25 et
100 milliards de dollars.
Pour le seul secteur pétrolier,
le Baker Institute conclut qu'il
faudra 18 mois de paix et
5 nùlliards de dollars d'investissements
pour permettre à
l'Irak de retrouver son niveau
de production antérieur aux
années 90 de 3.5 millions de
barilS par jow'. En effet 12 anS
d'embargo des Nations wùes et
de mauvais entretiens ont
causé des dommages importants
au secteur pétrolier irakien.
Pour le moment, l'Irak,
sous la contrainte des sanctions
des Nations wùes, ne produit
plus qùe 2,8 IIÙlliolis de barils
par jour, dont 700 000 pour sa
consommation intérieure.
Contrairement à ce qu'affirment
les opposants à toute intervention
militaire en Irak, les
compagnies pétrolières américaines
ne seront pas les prenùères
bénéficiaires d'un changement
de régime à Bagdad. Il
y a des précédents. Il y a
12 ans, le Koweït a été littéralement
sauvé par les Etats-Unis.
Les émirs avaient alors promis
entre l'Administration Bush et
les représentants de l'industrie .
De part et d'autre, cependant,
on fait tout pour rester discret
sur ces contacts. A noter que le
Baker Institute recommande
« que les Etats-Unis a1liloncent
clairement qu'ils ne souhaitent
pas devenir de facto les gouverneurs
de l'Irak et de ses res-.
sources pétrolières ».
Quoi qu'il en soit, des
contrats de long terme pour
, . des. géants comme Exxon-MaC
.'bil, Chevron-Texaco et Conoco
Phillips seront à octroyer en
fonction des droits acquis par
d'autres compagnies notam.
ment russes, françaises, italiennes
et chinoises. Les firmes
américaines ont en effet du retard
sur leurs rivales en Irak ...
Depuis l'imposition de l'embargo
des Nations unies sur
l'Irak, en tout cas, l'exécution
des contrats existants est suspendue.
A court terme en revanche,
les sociétés américaines de servi~
pétroliers ont beaucoup à
gagner en Irak. On parle de
contrats d'un montant total de
l'ouverture de leur secteUr pé- 1.5 nùllilird de dollars. Car la
.trolier à l'investissement américain.
priorité pétrolière de l'Irak
Cette promesse n'a tou-
après Saddam sera de réhabili-
jours pas été honorée ... Les ter les infrastructures pétrolières
milieux. pétroliers américains
existantes et non pas l'ex-
ne sont pas assez naïfs pour ploration de nouveaux
croire que le régime post-Saddam
gisements. Il faudra, par
dénationalisera le secteur exemple, rapidement moderni-
ser les systèmes d'injection de
puits contanùnés par des infùtrations
d'eau, réparer des raffineries
et des systèmes de
transport. Autant d'activités qui
sont la spécialité de firmes
comme Halliburton, Schlum.
berger, Baker Hughes et BJ
Services. Halliburton, dont le
siège se trouve à Dallas ITexas)
avait encore il y a deux ans
pétrolier. Même le Mexique,
pourtant très dépendant des
Etats-Unis; a toujours refusé
cette voie.
Il n'empêche. Toutes les
compagnies pétrolières américaines
sont déjà sur les rangs
pour participer à .de futures explorations
des richesses irakiennes,
estimées à 112 milliards
de barils, soit les
deuxièmes au monde derrière
l'Arabie saoudite; Des réwùons
à ce sujet se sont déjà tenues
pour patron Dick Cheney, aujourd'hui
vice-président des
Etats-Unis ...
IBagdad-Moscou:
8
Moscou: de notre correspondant
.~~~~.~.~.~.~ ..~~~!~~~~~r..~.?' .
: De passage en octobre dernier à Mos- .
cou, le premier ministre britannique
Tony Blair reconnaissait que « la RlISsie
et'des intérêts très légitimes (en Irak) et
elle /Jeut que /lOllS y soyons sensibles ».
l.es intérêts russes en Irak se sont développés
au fil d'une longue coopération .
qui a fait de Bagdad l'un des partenaires
pt:ivilégiés de Moscou au Moyen-Orient.
Èn .1964, la république irakienne develiait
« démocratique et socialiste ». Huit
ans plus tard, UB traité soviéto.irakien '
était signé. Dès lors, sur l'échiqtûer de la
guerre froide, Bagdad est intégré. au
camp de l'Est. L'ùméé irakienne.sera
formée ..par des inStlUCteurs soviétiques
et dotée d'armes soviétiques. De ,nombreuses
structures de sécurité d'inspira-
quarante ans d'échanges
tion soviétique feront également lew' apparition.
.
Vue de Moscou, la carte irakienne est
inlportante : elle penilet de contrecarrer
en partie l'influence occidentale s'exerçant
alors sur deux puissances pétrolières
: l'Arabie saoudite et l'Iran. Les
bouleversements en Iran, puis durant
les armées 90 (guerre du Golfe et chute
du.Mur) vont mettre en cause l'équilibre
général mais, jamais, Moscou ne perdra
pied à Bagdad. Trop d'intérêts lient les
deux capitales.
Les liens économiqùes sont ténlls.
L'essentiel dès échanges entre l'llHSS et
l'Irak a, en effet, longtemps porté sur les
achats d'armes. Aujourd'hui encore,
l'armée irakienne est presque équipée
de pied en cape de « Made i/l USSR ». A
la chute de l'empire, la Russie héritera
d'une créance de Bagdad, portant essentiellementsur
des livraisons d'armes
et toujours impay~e, de l'ordre dH 7 à
9 milliards de dollars. Des programmes
de coopération clandestins se po.ursuivront
sans qu'officiellement Moscou ne
soit impliqué, celJ!C-cipassant par d'anciennes
Républiques soviétiques
(Ukraine, Biélorussie ...).
A la suite de la guerre du Golfe, le,progr8ßUl1e
« pêtrole contre nOl,lrriture »
mis en place par l'ONU sera une béné,
diction pour nombre de ~ociétés russes
qui parviendront à contrôler de l'ordre
de 35 % des très profitables exportations