.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista' Stampa-D?ntro <strong>de</strong> la Prensa-Baszn Öz<strong>et</strong>i<br />
~<br />
-;<br />
fWt<br />
0,<br />
'0<br />
":<br />
III<br />
III<br />
III<br />
><br />
III<br />
...<br />
....<br />
"<br />
EnTurquie, les Kur<strong>de</strong>s craignent<br />
.Iecontrecoup d'une guerre .<br />
Lamenace d'intervention<br />
:DI,., •• klr envoyé6pécial<br />
Ils sont tout au plus une centaine, pa. ,Palpable, omniprésente, la peur est <strong>de</strong> re-<br />
• taugeant dans la neige boueuse, cla- to~r. «Les gens ici, ne sav~tque troi ce<br />
quant <strong>de</strong>s mains <strong>et</strong> scandant en turc qu estuneguerre<strong>et</strong>surtoutuneguerrecivi-<br />
«Non à la guerre!» Happel d'un syn_ le. Lesjeunes n'ont rien connu d'autre. Chadicat<br />
<strong>de</strong> gauche <strong>de</strong> la fonction publique. cun ou presque a eu,un proche arrêté <strong>et</strong> sou-<br />
Autour, le déploiement <strong>de</strong>s' forces <strong>de</strong> vent torturé dans un commissariat ou'<br />
l'ordre est impressionnant: <strong>de</strong>ux blindés disparu, ou assassiné», explique Mahmut:<br />
légers <strong>et</strong> <strong>de</strong>s policiers mitraill<strong>et</strong>te au Ortakaya, membre <strong>de</strong> l'Association <strong>de</strong>s<br />
poing. «Ils sont prêts à charger au premier mé<strong>de</strong>cins. Beaucoup pensaient le cauchecri<br />
pour la liberté kur<strong>de</strong>», explique un étudiant<br />
<strong>de</strong> Diyarbakir, capitale du sud-est <strong>de</strong><br />
mar fini «La démocratisation exigéepar:les<br />
Européens commençait àfaire sentir ses efla<br />
Turquie, peuplée en majorité <strong>de</strong> Kur<strong>de</strong>s. f<strong>et</strong>s. Notre reve prenait forme <strong>et</strong> d'un seul<br />
Depuis le début <strong>de</strong> la crise irakienne, les coup nous risquons <strong>de</strong> revenir à la situation<br />
contrôles se sont multi- ' d'avant. Lafrustration n'enestqueplus ter-,<br />
pliés <strong>et</strong> chaque nuit les «Leagen&ldne rible», souligne l'écrivain Seyhmuz Di-<br />
,véhicules <strong>de</strong>s forces spé- aoventqa&e ken qui, comme nombre d'intellectuels<br />
ciales <strong>de</strong> la police qua- tropœqu'eat kur<strong>de</strong>s, s'inquiète <strong>de</strong> «l'impatience croisdrillent<br />
<strong>de</strong> nouveau les uneguerreef sante» qu'il sent monter parmi les siens.<br />
rues défoncées <strong>de</strong> la ville. 4urtoufune Depuis quatre ans, laville commence à res-<br />
Officiellement, il y a ~: pirer,aprèsquelelea<strong>de</strong>rduPKK,Abdullah<br />
900000 habitants à Diyar- n'ontrien Ocalan, détenu dans l'île-prison d'!inrali, a<br />
bakir, dont 70 % sans em- connu appelé ses partisans à faire taire les armes.<br />
ploi. En fait, la popula- d'auh'e.» Une paix fragile règne sur le pays kur<strong>de</strong>;<br />
tion est <strong>de</strong>ux fois plus Mahmut" l'~tat d'urgence, en vigueur <strong>de</strong>puis plus<br />
nombreuse, à cause <strong>de</strong> Clr1aJaoa d une décennie, a peu à peu été levé dans<br />
l'afflux<strong>de</strong>villageoisquinesonttoujours les départements du Sud-Est. Celui <strong>de</strong><br />
pas r<strong>et</strong>ournés sur les terres qu'ils avaient dû ,Diyarbakir a été le <strong>de</strong>rnier, en dé~inbre.<br />
fuir pendant les quinze ans <strong>de</strong> la«sale guer- Bien décidée à entrer dans l'Union euro~<br />
re»menéeparl'armé<strong>et</strong>urquecontrelesre- péenne, la très jacobine République<br />
belles kur<strong>de</strong>s du PKK (Parti <strong>de</strong>s travailleurs turque avait dû consentir sous la pression<br />
du Kurdistan) qui fit 36000 victimes <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bruxelles à adopter en août certaines<br />
3 millions <strong>de</strong> déplacés entre 1984 <strong>et</strong> 1998. réfOl:mes reconnaissant lesdroits culturels<br />
N'. S <strong>de</strong>s~orités,nota~ment<strong>de</strong>s'<br />
« ous n aimons pas" addam» Kur<strong>de</strong>s, qui <strong>de</strong>vraient pouvoir<br />
Attendue comme une libération par les bénéficier <strong>de</strong> cours privés dans<br />
Kur<strong>de</strong>s d'Irak, l'intervention américaine leur langue <strong>et</strong> d'émissions sur<br />
contre Bagdad inquiète au contraire leurs les on<strong>de</strong>s publiques. Pour le<br />
frères <strong>de</strong> Turquie qui craignent le rètour moment sur le papier, ces me<strong>de</strong>s<br />
années noires. «Nous n'aimons pas' .s-uresrisquent <strong>de</strong> le <strong>de</strong>meurer<br />
,Saddam, qui a tué au moins 1()()(}()()Kur<strong>de</strong>s, , un certain temps. Les autorités '<br />
sans parler <strong>de</strong> sesautres victimes. Mais nous turques craignent les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong><br />
'~pérons que la guerre en Irak n'aura pas' 'contagion d'une éventuelle in- '<br />
.lieu, car nous serons lespremiers à en subir- dép~ndance <strong>de</strong>s Kur<strong>de</strong>s ira-<br />
, .lesconséquences sur le plan économique, kien:s sur ceux <strong>de</strong> Turquiè, qui<br />
comme pour les libertés», martèle Feridun 'représentent au moins un,<br />
'CeIik, maire <strong>de</strong> la ville, élu du Ha<strong>de</strong>p, par- qua~ <strong>de</strong> la population du pays.<br />
ti prokur<strong>de</strong> qui a remporté près <strong>de</strong> 75 % «Mêi1jeunefédération irakienne,<br />
<strong>de</strong>s voix aux municipales.<br />
incluant un Kurdistan autotlo-<br />
La région a été victime <strong>de</strong> l'embargo me inquiète Ankàra, <strong>et</strong> la presco~tre<br />
l'Irak, qui était la principale <strong>de</strong>sti- ,sion risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> plus en<br />
nation <strong>de</strong> ses exportations. Des milliers <strong>de</strong> plus f()rte. LesKur<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Turquie<br />
camionneurs se sont r<strong>et</strong>rouvés au chôma-, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pourtant simple- ,<br />
ge ou vivotent <strong>de</strong>puis du trafic frontalier<br />
ment la reconnaissance <strong>de</strong> leurs<br />
<strong>de</strong> pétrole. «Un nouveau conflit nous don-"<br />
,droits <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur spécificité»,affir-<br />
,n.eraitle coup <strong>de</strong> grâce», se lamente un pe." me l'historien Nuri Sinir. Mal-<br />
, tit .entrepreneur du bâtiment, qui ne gré la levée <strong>de</strong> l'état d'urgence;<br />
cramt pas que pour le manque à gagner. ' les manifestations restent interdites<br />
<strong>et</strong> sont dispersées dès<br />
aréveiUé le6 temÏ011.6.,<br />
,qu"elles prerment <strong>de</strong>s accents<br />
«séparatistes». «fl y a eu en janvierplus<br />
<strong>de</strong> 425 arrestations, soit<br />
, plus que dans lessix mois précé<strong>de</strong>nts<br />
<strong>et</strong>quarante détenus ont été<br />
sérieusement battus. Depuis que,<br />
l'on parle <strong>de</strong> guerre, la répression<br />
,s'est durcie», accuse Selahattin<br />
Demirtas, qui prési<strong>de</strong> à Diyarbakir<br />
l'Association <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />
l'homme.<br />
L'inquiétu<strong>de</strong> est d'autant plus<br />
forte que l'armée s'apprête à '<br />
déployer 50000 hommes dans<br />
le nord <strong>de</strong> l'Irak, pour y empêcher toute<br />
proclamation d'un Etat kur<strong>de</strong> indépendant<br />
mais aussi pour anéantir les 5000 à<br />
10000 guérilleros du PKK (rebaptisé Ka<strong>de</strong>k<br />
ou Congrès pour la liberté <strong>et</strong> la démocratie<br />
du Kurdistan) qui se sont regroupés<br />
<strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> la frontière après l'appel '<br />
au cessez-Ie- feu <strong>de</strong> leur lea<strong>de</strong>r.<br />
«La guérilla<br />
n'est pas aux abois»<br />
«Si le Ka<strong>de</strong>k est attaqué, il reprendra la ba- .<br />
t~ille Y compris sur le sol turc <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te guerre<br />
rISque <strong>de</strong> faire beaucoup plus <strong>de</strong> victimes;<br />
que l'intervention américaine en Irak», '<br />
prédit Selahattin Demirtas. «Ce n'est pas '<br />
une guérilla aux abois. Elle dispose encore<br />
<strong>de</strong> soutiells dans une partie <strong>de</strong> lapopulation<br />
<strong>et</strong> d'appuis à l'étranger», reconnaît le maire<br />
Feridun Celik.<br />
Une reprise <strong>de</strong> la rébellion se nourrirait<br />
<strong>de</strong>s espoirs déçus <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> trêve où les<br />
autorités n'ont pas su profiter <strong>de</strong> l'arrêt du<br />
.terrorisme pour lancer <strong>de</strong> réelles initiatives<br />
politiques sur la question kur<strong>de</strong>. «Même<br />
l'amnistie générale que nous souhaitions<br />
, pour les cotrlbattants qui déposaient les<br />
armes n'a pas eu ,lieu <strong>et</strong> ceux qui auraient<br />
voulu revenir à la vie ciVileont été contraints<br />
<strong>de</strong> rester dans les camps du PKK», regr<strong>et</strong>te<br />
, Sezgin TanrU