.Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue 'de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de laPrensa-Baslri Özeti
Panne du nationalisme et prospérité de
l'islam dansl'Irak provincial
Babylone et Hilla :
de'notre'envoyé spécial
Renaud Girard
Le temps s'est arrêté à Babylone.
Pas, bien sûr, depuis Nabuchodonosor
(mort en 562 avo
J.-c.), mais depuis la guerre du
Golfe et l'imposition d'un embargo
à l'Irak (1990).
On retire une impression
étrange à déambuler dans la capitale
du plus grand roi de Mésopotamie,
au pied de hautes
, murailles de briques ocre, rllconstruites
« à l'identique» par
le président Saddam Hussein à
partir de 1979, comme n0I.!S
l'apprend une inscription martelée
en, arabe sur une simple
brique, à l'image de celle, scellée
dans un antique mur du palais,
et trouvée en 1899 par l'archéologue
allemand Robert
Koldewey. Martelée en caractères
cUÎléiformes, la briqJ,le
vantait les réalisations et glorifiait
le nom de Nabuchodonosor;
qualifié de «favori de Mardouk
» (le' Zeus des
Babyloniens), de « pasteurfidèle
qui conduit l'humanité» et
de « roi de la totalité ». '
Hormis un gardien et un vendeur
de souvenirs somnolàrit à
, l'entrée, les allées du site re-
, constitué, impeccablement dallées,
sont absolument désertes.
On croyait venir fouler, en touriste,
une des ruines les plus célèbres
du monde. On se retrouve,
en fait, tel un petil
personnage de jeu vidéo, à se
promener seul au sein d'une
sorte d'immense maquette. Une
maquette grandeur nature et à
laquelle il manquerait les finitions.
L'embargo n'a pas permis
l'aéhèvement qe la reconstitution
quasi hollYwoodienne de.
LetêVe nationaliste, inéarné,~~~~tj~~::é~4>~~~~
'par la reconstitution, en Irak, les grands travaux de
l'Etat ont été arrêtés, par
de B(J,b,ylone, a aboUtt.
manque de pétrodollars.
. En face de la cité désincarnée
a',' '~u, ne lm,'passe, '
de Babylone, qui ne comporte '
même pas un seul escalier permettant
de monter en haut des et des templès d1shtar, de Na-
du 'palais de Nabuchodonosor
murailles, une grande bâtisse bou éf de Ninmah. dans les an.
moderne, style hôtel de luxe sur nées 1988-1989, pour rendre
la Costa Brava, est juchée sur au peuple irakien la fierté de
une' colline artificielle : c'est un son glorieux paSsé ».
des innombrables palais présidentiels
d'Irak, et donc « zone de se rendre à Hilla, ville bai-
Pour sentir l'Irak réeL il suffit
interdite ». Quand a-t-il servi gnée par l'Euphrate, à dix niinutes
de voiture de Babylone.
pour la dernière fois? «C'est un
palais pour accueillir les délégations
officielles. Il a servi lors dad, c'est le r.hef-lieu adminjs-
Situé à l00km au sud de Bag-
de la visite d'une importante tratif du gouvernorat. Le pays
délégation de Malaisie, il y a en compte dix-huit, dont trois,
quelques mois », répond une constituant la région autonome
guide archéologique attachée du Kurdistan, échappent à l'au-
,au site. En juin 2001, le ministre ,torité du gouvernement irakien
des Affaires étrangères de Malaisie
s'est effectivement rendu Autant Babylone ,est hiéra-
depuis 1991.
en Irak en visite
officielle. grouillante, bruyante, poussiétique
et glacée, autant Hilla est
Babylone
déserte, c'est
reuse, chamarrée. Les regards
J'Irak officiel, adressés à l'étranger s'enfonçant
dans les ruelles du souk
Etat ayant
puisé ses sont toujours étonnés, parfois
rêves de puis- ' réservés, jamais hostiles. Oiseleurs,
tailleurs, préparateurs de
sance dans la
grandeur d'un passé révolu de- '
chiche-kebab, ébénistes, vendeurs
de loukoums, brade urs
puis vingt-cinq siècles. Apposée
place .du Trône, une plaque
, de vêtements d'occasion, légumiers,
quincailliers se succè-
commémorative, signAe de Sad- '
dam Hussein, dit : « J'ai reconstruit
#abylone, relevé les rTiurs tassés dans de misérables '
dent, sans ordre apparent, en-
échoppes. Les eaux usées cOurent
dans un égout à l'air libre:
Les femmes sont toutes voilées,
des enfants courent dans tous
les sens, on est en Orient
Un jeûne menuisier souriant
vous montre fièrement un
meuble nuptial en contreplaqué
verni qu'il vient de terminer. Au
fond de son atelier au sol de
terre battue, il vous offre le thé,
aussitôt rejoint par une foule
. d'adolescents. curieux, apprentis
ou simples voisins. La
guerre? «Seul Allah sait si elle
aùra lieu et quand! » Les bom~
bardements ? « On restera à la
maiso,n, en famille. » Les, soldats
américains ? « On risque
de les voir passer, caf Hilla est
sur la route de Bagdad ... » Le
commerce ? «OUt il a baissé.
parce que chacun se tient dans
l'expectative. » La pauvreté ?
« Trois quarts des familles sont
trop pauvres pour s'acheter des
. médicaments.» En Irak, on ne
s'aventure jamais très loin dans
la conversation avec une per.
. . ~~è~.,:_:;:;~jl;i~~{j;~V~~
Des-femmes SereëUeilleriÙw mailsoléê de l'~ Hussem à Karbala, ville à urie centaIDe de kilometres' au sud de Bägdad.
La population irakienne, longtemps imprégilée. deTinfluence du parti Baas. s'est réfugiée depuis peu dans la religion. (PIIJIo Hussein MaIJaIAP.)
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