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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka<br />

Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Baszn (jz<strong>et</strong>i<br />

ration franco-turque <strong>et</strong> garantir l'entrée <strong>de</strong> la Turquie<br />

dans l'Union européenne», a-t-il affinné.<br />

Pour GeOrges Sarre (RCV), le fond. 'du débat, c'est<br />

le «sens» <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te recoIinaissance du génoci<strong>de</strong> annénien.<br />

Il s'agit àla fois<strong>de</strong>- r<strong>et</strong>liolir une «éViiienct 1iisto~<br />

rique», mais aussi <strong>de</strong> «rendre hommage à la mémoire<br />

collective tragique <strong>de</strong>s Français d'origine arménienne».<br />

M. Sarre répond aux Turcs qui ont exprimé leur<br />

inquiétu<strong>de</strong> quant à l'adoption <strong>de</strong> ce texte <strong>de</strong> loi. «Loin<br />

d'avoir pour objectif - comme certains le pensent à<br />

tort - <strong>de</strong> blesser la nation turque, la France, en reconnaissant<br />

les événements <strong>de</strong> 1915 pour ce qu'ilsfurent,<br />

entend surtout contribuer à la réconciliation entre la<br />

Turquie <strong>et</strong> l'Arménie d'aujourd'hui, <strong>et</strong> à l'établissement<br />

d'une paix durable entre ces <strong>de</strong>ux démocraties.»<br />

Roland Blum (DL), qui a choisi d'évoquer la tragédie<br />

<strong>de</strong> la province du Daron pour débuter son intervention,<br />

prévient la Turquie menaçante que «la France<br />

n'a pas. <strong>de</strong> leçons à recevoir d'un gouvernement dont<br />

les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s prisonniers politiques,<br />

comme <strong>de</strong> droit commun, datent du XIX .... siècle». Le<br />

député <strong>de</strong>s Bouches-du-Rhône repousse l'idée selon<br />

laquelle le chef <strong>de</strong> l'Etat pourrait ne pas promulguer la<br />

loi. Deux cas <strong>de</strong> figure peuvent. pourtant accréditer en<br />

théorie c<strong>et</strong>te hypothèse: la saisine du Conseil constitutionnel,<br />

ainsi qu'une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième délibération<br />

<strong>de</strong> la loi par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République. M.<br />

Blum, qui ne croit ni à l'une. ni à l'autre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

possibilités, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour conclure l'extension du<br />

champ d'application <strong>de</strong> la loi Gayssot du 13 juill<strong>et</strong><br />

1990, qui sanctionne jusqu'à prêseiil les seuls négationnisres<br />

du génoci<strong>de</strong> juif.<br />

Jean-Paul Br<strong>et</strong> (PS) a regr<strong>et</strong>té <strong>de</strong> son côté les «tergiversations»<br />

que ce texte a suscitées pendant <strong>de</strong>ux<br />

ans <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi chez les sénateurs. «Nous y sommes arrivés,<br />

a-t-il dit, grâce au combat sans relâche <strong>et</strong> à la<br />

pugnacité <strong>de</strong> quelquef-unS d'entre nous <strong>et</strong> grâce à<br />

l'inlassable mobilisation <strong>de</strong> la communauté arménienne<br />

<strong>de</strong> France.» Le député <strong>de</strong> Villeurbanne apporte sa<br />

contribution au débat sur le rôle du Parlement dans la<br />

qualification <strong>de</strong> l'histoire. «Nous ne légiférons pis sur<br />

l'histoire», a affinné M. Brel. «Par le vote d'une telle<br />

loi, il était seulement <strong>de</strong>mandé à la République <strong>de</strong><br />

faire œuvre <strong>de</strong> justice <strong>et</strong> <strong>de</strong> vérité», a-t-il ajouté en<br />

reprenant les tennes <strong>de</strong> Philippe Vi<strong>de</strong>lier, historien au<br />

CNRS. Après s'être incliné <strong>de</strong>vant la niémoirè <strong>de</strong><br />

Missak Manouchian, Jean-Paul Br<strong>et</strong> a rendu un hommage<br />

vibrant aux intellectuels <strong>et</strong> démocrates turcs,<br />

«engagés dans un combat quotidien <strong>et</strong> sans merci en<br />

faveur du droit, tout simplement parce qu'ils ont une<br />

conscience, qu'ils aiment les hommes. l'histoire <strong>et</strong> la<br />

vérité». Pour M. Br<strong>et</strong>, «r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r plus encore notre<br />

acte <strong>de</strong> reconnaissance n'était pas digne <strong>de</strong> leur<br />

. action, <strong>et</strong> nous aurait amenés malgré nous à faire le<br />

choix <strong>de</strong> leurs adversaires, c'est-à-dire ceUx qui<br />

nient». Reconnaître le génoci<strong>de</strong> arménien, «c'est<br />

l'adm<strong>et</strong>tre pour vrai, c'est interdire la négation, c'est<br />

condamner l'histoire, c'est apaiser les morts, c'est<br />

faire le <strong>de</strong>uil d'hier, c'est sauver la mémoire, c'est<br />

vivre sans cauchemars». «Nous avions le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong><br />

reconnaître le génoci<strong>de</strong> arménien», a-t-il souligné,<br />

pour que l'on ne parle plus d'un «génoci<strong>de</strong> oublié».<br />

86<br />

"Les fonctions gouvernementales<br />

obligent souvent ci la schizophrénie"<br />

Patrick Devedjian (RPR) accuse le gouvernement<br />

d'avoir «trahi sa parole» : il rappelle que M.<br />

Masser<strong>et</strong>, son représentant lors <strong>de</strong>s débats du 29 mai<br />

1998, avait déclaré que le gouvernement «donnera<br />

suite~ all texte !lye [Assemblée va voter.lrollisant sur<br />

les «circonlocutions» quirint émaillé les <strong>de</strong>ux ans <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>mi <strong>de</strong> blocage au Sénat, il reconnaît que «les fonctions<br />

gouvernementales obligent souvent à la schizophrénie».<br />

M. Devedjian note que M. Queyranne s'est<br />

beaucoup plus adressé «à la Turquie qu'aux victimes»,<br />

<strong>et</strong> n'a cité le mot <strong>de</strong> "génoci<strong>de</strong>" «que par un détour <strong>de</strong><br />

phrase qui l'attribuait à d'autres». Quant à la Turquie,<br />

c'est une «bien pauvre politique» que.<strong>de</strong> «l'encourager<br />

dans son négationnisme». Or, il est «impossible <strong>de</strong><br />

séparer le négationnisme <strong>de</strong> l'Etat turc <strong>de</strong> son aNitu<strong>de</strong><br />

actuelle à l'égard <strong>de</strong> sa propre population, <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> l'homme bafoués, <strong>de</strong> là répression terrible <strong>de</strong> la<br />

minorité kur<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l'occupation militaire scandaleuse<br />

<strong>de</strong> Chypre contre toutes les condamnations <strong>de</strong> l'ONU<br />

<strong>et</strong> du blocus qu'Ankara impose aujourd'hui encore à<br />

l'Arménie». Pour Patrick Devedjian,le négationnisme<br />

est «la poursuite d'une ancienne haine», car «il n'y a<br />

jamais eu en Turquie quelque chose <strong>de</strong> comparable à<br />

la dénazification». La négation du génoci<strong>de</strong>, c'est «le<br />

sta<strong>de</strong> final du génoci<strong>de</strong>». C'est pourquoi il exhorte ses<br />

collègues députés à àvoir «le courage d'imprimer la<br />

vérité dans le journal officiél <strong>de</strong> la République».<br />

Puis Roger Meï (PC), qui a rappelé «l'appui<br />

constant» <strong>de</strong>s communistes, «fidèles à leurs engagements<br />

exprimés dès 1965» par l'interpellation <strong>de</strong> Guy<br />

Ducoloné, a indiqué que son groupe votera la proposition<br />

<strong>de</strong> loi.<br />

André Santirii (UDF), avec sa verve <strong>et</strong> son éloquence<br />

habituelles, sans la moindre note, a centré son propos<br />

autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux idées. La première se résume à un<br />

«message d'amour» à l'adresse <strong>de</strong> la communauté<br />

annénienne <strong>de</strong> France; la <strong>de</strong>uxième tient en un «message<br />

d'espoir" en direction <strong>de</strong> la Turquie, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

à entrer dans l'Europe.<br />

Sylvie Andrieux-Bacqu<strong>et</strong> (PS) s'est attardée tout<br />

particulièrement sur l'histoire du mouvement annénophile<br />

en France. Elle a expliqué comment celui-ci<br />

infonné l'opinion publique française sur la situation<br />

tragique <strong>de</strong>S Annéniens dans l'Empire ottoman, <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

quelle manière il a essayé <strong>de</strong> «contrecarrer l'action<br />

<strong>de</strong>s milieux d'affaires français qui, pendant les massacres,<br />

usèrent <strong>de</strong> leur influence pour organiser la<br />

conspiration du silence».<br />

Un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mémoire<br />

"qui vaut pour toute l'humanité"<br />

Guy Teissier (DL) a voûlu rendre hommage aux<br />

victimes <strong>de</strong> la lrllgédje ainsi qu'à leurs <strong>de</strong>scendants.<br />

«Dire du passé qu'il n'a jamais ~xjsté est bien pis que<br />

la tortur.e ou la mort. Nier ce génoci<strong>de</strong>, c'est vouloir<br />

faire une nouvelle fois disparaître le peuple arménien,<br />

son histoire, sa mémOire <strong>et</strong> le patrimoine que celui-ci<br />

représente pour l'humanité, a soullghé M. Teissier. Et<br />

puisqu'il est question du <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mémoire, ilfaut<br />

agir pour que ce crime s'inscrive dans notre conscience<br />

collective, <strong>de</strong> manière à servir d'enseignement, en<br />

condamnant les autres génoci<strong>de</strong>s <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

en empêchant que se reproduisent <strong>de</strong>s actes aussi<br />

monstrueux.»<br />

Janine Jambu (PC) rappelle que la démarche <strong>de</strong>s<br />

parlementaires «ne vise pas à j<strong>et</strong>er l'anathème sur la<br />

Turquie», avec laquelle elle souhaite que se développent<br />

«<strong>de</strong>s coopérations utiles aux populations<br />

turques». Mais elle appelle la France à assurer à<br />

l'égard du peuple annénien «un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mémoire<br />

qui vaut pour toute l' humanité».<br />

Renaud Muselier (RPR) vQit dans c<strong>et</strong>tereconnaissance<br />

lin «g~ste d'amitié» envers le peuple arménien,<br />

qui «a souffert dans sa chair <strong>et</strong> a été privé d'une partie<br />

<strong>de</strong> ses racines». C'est également une affaire <strong>de</strong><br />

«dignité» : peut-on m<strong>et</strong>tre dans la' même balance «la<br />

défense d'intérêts économiques <strong>et</strong> la condamnation<br />

d'actes <strong>de</strong> barbarie» ?<br />

Michèle Rivasi (apparentée PS) a rendu hommage à<br />

la «ténacité» <strong>de</strong> la communauté annénienne <strong>de</strong> France<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> ses organisations, pour souligner qu'en votant<br />

c<strong>et</strong>te proposition <strong>de</strong> loi, le Parlement français «fera<br />

œuvre <strong>de</strong> justice, <strong>de</strong> reconnaissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> paix dans le<br />

man<strong>de</strong>".<br />

Rudy Salles (UDF) a commencé son propos par une<br />

impression personnelle, en exprimant son émotion<br />

d'avoir rencontré à Nice, le len<strong>de</strong>main du vote du<br />

Sénat, une femme âgée aujourd'hui <strong>de</strong> 87 ans, la fille<br />

<strong>de</strong> Roupen Sévag, assassiné durant le génoci<strong>de</strong>. C<strong>et</strong>te<br />

femme, orpheline dès l'âge <strong>de</strong> 2 ans, a expliqué<br />

qu'«au fond <strong>de</strong> son cœur, au fond <strong>de</strong> .son âme, c<strong>et</strong>te<br />

déchirure resterait définitivement ouverte <strong>et</strong> douloureuse».<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce témoignage, «combien <strong>de</strong><br />

familles anéanties, combien <strong>de</strong> vies brisées 1». D'où<br />

l'importance <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong> ce génoci<strong>de</strong> pour<br />

les parlementaires, qui ont été «soumis à <strong>de</strong>s pressions<br />

considérables par quelques groupes qui ont su utiliser<br />

Intern<strong>et</strong> à l'excès». M. Salles confie avoir reçu «<strong>de</strong>s<br />

milliers <strong>de</strong> courriers électroniques, envoyés toutes les<br />

<strong>de</strong>ux minutes environ, pour nous intimer <strong>de</strong> ne pas<br />

légiférer sur le suj<strong>et</strong>». A ces groupes <strong>de</strong> pressions,<br />

«(peu nombreux mais très organisés», Rudy Salles<br />

réplique qu'en France «le Parlement est libre <strong>et</strong> n'agit<br />

pas sous la contrainte». Ce type <strong>de</strong> procédé, ajoute M.<br />

Salles, est même «le meilleur moyen pour nous motiver<br />

encore davantage». Il voit pourtant dans la<br />

démarche <strong>de</strong>s parlementaires français «une perche<br />

tendue» à la Turquie d'aujourd'hui, pour qu'à son tour<br />

ce pays «fasse son <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mémoire». Rudy Salles a<br />

achevé son intervention en citant <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> Charles<br />

Aznavour, extraits <strong>de</strong> sa chanson «Ils sont tombés»,<br />

composée en 1975, à l'occai;ion <strong>de</strong> la commémoration<br />

du 60"" anniversaire du génoci<strong>de</strong> annénien.<br />

Jean-Pierre Blazy (PS) considère que ce texte renfenne<br />

«un message <strong>de</strong> soutien <strong>et</strong> d'espoir» à tous les<br />

démocrates turcs qui «se battent pour les droits <strong>de</strong><br />

l'homme»; il constitue également «une réponse cinglante<br />

aux responsables turcs» qui me)lacent<br />

aujourd'hui la France <strong>de</strong> «représailles" sur le plan<br />

économique.<br />

Jean-Bernard Raimond (RPR) souligne que la<br />

démarché qui consiste à inscrire le génoci<strong>de</strong> dans les<br />

lois <strong>de</strong> la République, est «non seulement nécessaire<br />

pour la communauté aTménienne,française <strong>et</strong> internationale;<br />

mais a.ussi pour Id Turquie». L'ancien<br />

ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères pose le «préalable»<br />

<strong>de</strong> la reconnaissance par Ankara du génoci<strong>de</strong> anné.<br />

nien à l'entrée <strong>de</strong> la Turquie dans l'Union européenne.<br />

Jeudi 18 janvier200 " 12 h 05 :<br />

le Parlement reconnaît le génoci<strong>de</strong><br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> c<strong>et</strong> acte politique, qui confinne qu' «on<br />

ne construit rien sur le mensonge <strong>et</strong> sur l'oubli»,

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