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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro<br />

<strong>de</strong> la Prensa-Baszn Öz<strong>et</strong>i<br />

GENOCIDE<br />

Devoir accompli<br />

I:Assemblée nationale a confinné jeudi 18 janvier le vote du Sénat<br />

Al'unanimité, bis rep<strong>et</strong>ita. Comme ils l'avaient fait en<br />

mai 1998, les députés ont voté d'une seule voix la<br />

proposition <strong>de</strong> loi à l'article unique, qui dispose que<br />

«la France reconnaîl publiqlUlment le génoci<strong>de</strong> arménien <strong>de</strong><br />

1915». Jeudi 18 janvier, en fin <strong>de</strong> matinée, les députés, les<br />

organisations <strong>et</strong> les membres <strong>de</strong> la communauté arménienne<br />

<strong>de</strong> France ainsi que leurs amis, avaient tous la sensation <strong>de</strong><br />

quitter l'enceinte <strong>de</strong> l'Assemblée nationale avec la satisfac.<br />

tion du <strong>de</strong>voir accompli. Reste à présent une <strong>de</strong>rnière étape<br />

à franchir: la promulgation dans les quinze jours suivant le<br />

vote <strong>de</strong> l'Assemblée nationale, par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

République, <strong>de</strong> la loi sur la reconnaissance du génoci<strong>de</strong><br />

arménien. Début février, en principe, une page <strong>de</strong>vrait donc<br />

être définitivement tournée.<br />

UGAB<br />

~.~<br />

~ ..<br />

Autre question soulevée: l'anticonstitutionnalité <strong>de</strong> réserves qui avaient été fonnulées en octobre <strong>de</strong>rnier<br />

la loi, qui serait due au fait que le Parlement n'est pas par le chef <strong>de</strong> la diplomatie française, Hubert Védrine,<br />

habilité à qualifier l'histoire. Si le texte revêt un carac- quant à l' «opponunité» d'une démarche législative.<br />

tère «déclaratif <strong>et</strong> symbolique», puisqu'«aucune sanc- La politique extérieure «doit être menée au regard<br />

tion n'est prévue en cas <strong>de</strong> négation du génoci<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'histoire, <strong>de</strong> ses tragédies», poursuit le ministre<br />

arménien», son dispositif «démontre l'existence d'une <strong>de</strong>s Relations avec le Parlement, «mais en tenant<br />

volonté politique <strong>de</strong> la représentation nationale <strong>de</strong> compte aussi <strong>de</strong> la réalité du mon<strong>de</strong> d'aujourd'hui».<br />

participer à la lutte contre l'oubli, <strong>et</strong> n'exc/ut pas à Le gouvernement français «œuvre à la stabilité entre<br />

l'avenir la reconnaissance d'autres génoci<strong>de</strong>s». M. les Etats <strong>et</strong> encourage la réconciliation entre les<br />

Rochebloine démonte c<strong>et</strong> argument, en soulignant que peuples», notamment dans c<strong>et</strong>te région du mon<strong>de</strong><br />

le Parlement a adopté récemment la loi sur la recon- comprise «entre la Méditerranée <strong>et</strong> la mer Caspienne,<br />

naissance <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> guerre en Algérie, ou sur l'i:scla- région au <strong>de</strong>stin tourmenté où affleurent en permanenvage.<br />

ce les conflits entre nations». La politique <strong>de</strong> la<br />

En France, rappelle M. Rochebloine, le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> France, a réaffinné M. Queyranne, «vise à éradiquer<br />

mémoire s'est «progressivement imposé» : le prési<strong>de</strong>nt les causes <strong>de</strong>s conflits, à surmonter les antagonismes,<br />

C'est <strong>de</strong>vant une cinquantaine <strong>de</strong> parlementaires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s tra- <strong>de</strong> la République «a donné l'exemple» en 1995 à pro- à faire progresser la coexistence <strong>et</strong> la coopération<br />

vées remplies d'Annéniens que la séance a débuté à 9 h, comme pos <strong>de</strong> la rafle dl! Vel d'Hiv, le premier ministre «l'a entre les peuples concernés».<br />

prévu, avec l'intervention du rapporteur <strong>de</strong> la proposition <strong>de</strong> loi. publiquement évoqui» à propos <strong>de</strong> la guerre d'Algérie, C'est ainsi que la France, «amie <strong>de</strong> l'Arménie <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

le député UDF <strong>de</strong> la Loire François Rochebloine. Celui-ci a tenu car «aucun pays n'échoppe durablement à son passé». la Turquie», souhaite la «réconciliation» entre les<br />

d'abord à remercier tout spécialement Philippe Douste-Blazy <strong>et</strong> «Oui, souligne M. Rochebloine, la reconnaissance du <strong>de</strong>ux pays, ainsi que celle «entre l'Arménie <strong>et</strong> ses<br />

ses collègues du groupe UDF, d'avoir accepté spontanément génoci<strong>de</strong> arménien par le Parlement français partici- autres voisins».<br />

l'inscription <strong>de</strong> ce texte dans le cadre <strong>de</strong> la niche parlementaire. pe à ce <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mémoire. Hommage sera ainsi rendu La France, «l'un <strong>de</strong>s premiers pays à avoir reconnu<br />

Après une évocation succincte <strong>de</strong>s faits historiques, puis un aux victimes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te tragédie.» la République d'Arménie», estime qu'il est <strong>de</strong> l'intérêt<br />

rappel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières avancées du processus <strong>de</strong> reconnaissance Au tenne <strong>de</strong> son intervention - durant laquelle il n'a <strong>de</strong> l'Arménie d'instaurer «<strong>de</strong>s liens <strong>de</strong> coopération <strong>et</strong><br />

internationale du génoci<strong>de</strong> arménien, M. Rochebloine a souligné pas souhaité revenir «sur les responsabilités partagées <strong>de</strong> compréhension mutuelle avec ses voisins, notamles<br />

difficultés qui ont dû être sunnontées au Sénat pour arriver qui furent à l'origine du blocage» au Sénat -, François ment la Turquie <strong>et</strong> l'Azerbaïdjan».<br />

au vote du 8 novembre <strong>de</strong>rnier. Ce jour-là, «pour la première Rochebloine a une pensée pour «tous [ses] amis fran- Quant à la Turquie, elle doit être aidée par la France<br />

fois, <strong>de</strong>s sénateurs <strong>de</strong> tous les groupes parlementaires <strong>de</strong> la çais d'origine arménienne», sans lesquels «[son] <strong>et</strong> l'Europe à «consoli<strong>de</strong>r son évolution dans le sens<br />

Haute Assemblée déposaient <strong>de</strong> concert une proposition <strong>de</strong> loi». engagement dans ce combat pour la vérité n'aurait <strong>de</strong> l'ouverture <strong>et</strong> <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité». <strong>Paris</strong> continuera à<br />

pas la même dimension». «œuvrer pour l'approfondissement du dialague» entre<br />

Mais si les débats du Sénat «n'ont pas du tout reflété les cli- ~,<br />

vages politiques traditionnels», M. Rochebloine a fait observer Ankara <strong>et</strong> l'Union européenne, dans le cadre du "parq<br />

ni pour le présent, ni pour l'avenir" d'ce b d . M' te && tué<br />

u' «aucun <strong>de</strong>s orateurs hostiles au vote <strong>de</strong> la proposition <strong>de</strong> loi Le vote d'aujourd'hui fIne vaut tenariat d'adhésion" adopté lors du somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> Nice,<br />

direc<br />

n'a émis <strong>de</strong> doute sur la réalité du génoci<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1915». «Ils se en e m re ernler. aiS ce ges euec en -<br />

. , '1 . . I b'f. d' d'Il ---------------- tion <strong>de</strong> la Turquie suppose «qu'elle s'engage avec<br />

sont mterroges, a-t-I pourSUIVI, sur e len-Jon e une le e Lui a succédé au micro le représentant du gouver- détermination sur la consolidation <strong>de</strong> la démocratie <strong>et</strong><br />

démarche au regard <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> la paix dans le Caucase, <strong>et</strong> nement, le ministre <strong>de</strong>s Relations avec le Parlement du respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme».<br />

ont soutenu que les timi<strong>de</strong>s ouvertures diplomatiques entre la Jean-Jack Queyranne. Il' a rappelé qu au Id' en emaln <strong>de</strong> Avant <strong>de</strong> conclure, Jean-Jack Queyranne «a réaffir-<br />

Turquie <strong>et</strong> l'Arménie souffriraient gran<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong> I I é M' f .<br />

c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière d'obtenir <strong>de</strong>s Parlements nationaux la reconnais. la décision du Sénat, 'E ys e <strong>et</strong> atlgnon ont ait mé, au nom du gouvernement, son amitié profon<strong>de</strong><br />

savoir dans un communiqué commun que ce vote, tant avec le peuple arménien qu'avec le peuple turc».<br />

sance juridique du génoci<strong>de</strong>.» Or, pour M. Rochebloine, «falsi- «qui reIève <strong>de</strong> la seu Ie responsa biIi,é du pouvoir par- S'adressant enfin aux députés, il leur a clairement<br />

fier la mémoire entrave le <strong>de</strong>uil <strong>et</strong> nuit aux tentatives <strong>de</strong> récon. lementaire, ne constitue pas une appréciation sur la sigrn'fié que le vote d'auJ'ourd'hui «ne vaut ni pour le<br />

ciliation. Comment construire une paix durable entre les Turquie d'aujourd'hui». présent, ni pour l'avenir», <strong>et</strong> «ne peut être un acte<br />

peuples sur le déni <strong>de</strong> pages sombres <strong>de</strong> leur histoire ?». Après avoir décrit le processus d'intégration en d'accusation». «LA voix <strong>de</strong> la France est écoutée dans<br />

Le <strong>de</strong>uxième argument invoqué par les adversaires <strong>de</strong> la pro- France <strong>de</strong>s rescapés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te« barbarie organisée», M. la région, a-t-il rappelé. Loin <strong>de</strong> stigmatiser, elle doit<br />

position <strong>de</strong> loi tient aux conséquences que l'adoption du texte<br />

entraînerait sur les relations franco-turques : voter c<strong>et</strong>te recon- Queyranne s'est dit convaincu que «~s représentants chercher à apaiser», a-t-il indiqué dans son message<br />

<strong>de</strong>s Français d'origine arménienne qui militent <strong>de</strong>puis «<strong>de</strong> réconciliation <strong>et</strong> <strong>de</strong> paix».<br />

naissance n'équivaut pas à une condamnation <strong>de</strong> la Turquie, <strong>de</strong> nombreuses années pour la reconnaissance par la _<br />

rétorque François Rochebloine; c'est au contraire une façon <strong>de</strong> France du génoci<strong>de</strong> arménien ne sont pas animés d'un "Nous avions le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> reconnaître<br />

lui tracer «la voie <strong>de</strong> l'ouverture vers le respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> désir <strong>de</strong> vengeance ou <strong>de</strong> revanche. Simplement, ces le génoci<strong>de</strong> arménien"<br />

l'homme <strong>et</strong> l'établissement <strong>de</strong> relations confiantes avec ses voi- enfants <strong>et</strong> ces p<strong>et</strong>its-enfants <strong>de</strong> déracinés ne peuvent _<br />

sins».<br />

oublier».<br />

Sur l'argument économique <strong>et</strong> les menaces <strong>de</strong> représailles, Mais le respect <strong>de</strong>s sentiments éprouvés par les <strong>de</strong>s-<br />

M. Rochebloine adopte une position <strong>de</strong>s plus claires: «je persis- cendants <strong>de</strong>s rescapés «ne nous exonère pas d'une<br />

te à croire qu'il vaut mieux perdre un, voire <strong>de</strong>s marchés, que inte"ogation», affinne le représentant du gouverne<strong>de</strong><br />

perdre son âme. Sinon, à quoi bon revendiquer d'être la ment: «s'il prend force <strong>de</strong> loi, quelle sera la portée<br />

Patrie <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'Homme ?», s'interroge le rapporteur <strong>de</strong> la concrète, juridique, d'un texte dont chacun qdm<strong>et</strong> le<br />

proposition <strong>de</strong> loi. caractère déclaratif ?». M. Queyranne a rappelé les<br />

La fin <strong>de</strong> l'intervention <strong>de</strong> M. Queyranne marquait<br />

par-là même le début <strong>de</strong> la véritable discussion sur la<br />

proposition <strong>de</strong> loi. C'est Jean-Pierre Foucher (UDF)<br />

qui a ouvert les débats, en soulignant que «l'heure est<br />

à/à réconciliation», à condition qu'une politique <strong>de</strong><br />

paix soit «Jondée sur la reconnaissance du génoci<strong>de</strong>».<br />

«C'est une base claire <strong>et</strong> saine pour fon<strong>de</strong>r la coopé-<br />

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