Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
La joie des Arméniens
de Paris'
CéUneT08i
« Donner une sépulture aux
morts pour qu'ils vivent tranquilles,
» L'expression était sur
toutes les lèvres, hier matin,
place Edouard-Herriot, à
quelques mètres du Palais
Bourbon, où s'étaient rassemblés
P!us d'une centaine de représentants
de la communauté
arménienne, dont bon nombre
d'anciens combattants, venus
de la région parisienne, mais
aussi de Marseille, à l'appel
d'associations arméniennes,
Dans l'espoir que « l'intérêt
économique ne prime pas sur
le droit » et que leur combat
mené depuis des dizaines
d'années aboutisse enfin,
toutes les générations s'étaient
réunies afin de soutenir les députés
pendant qu'ils débattaient
de la proposition de loi
visant à « reconnaître le génocide
arménien ».
Dès huit heures du matin,
les manifestants sont là. Toutes
les demi-heures, des salves
'd'applaudissements répondent
au rapport d'une journaliste de
la radio arménienne, présente
à l'Assemblée. L'émotion est
palpable et, dès que le génocide
est évoqué, elle devient
telle que les mots cèdent la
place aux larmes. « Chaque famille
a quelqu'un qui s'est fait
massacrer », explique une
femme. Alors qu'elle évoque la
torture de ses grandS-parents,
les autres se mpprochent pour
partager sa souffrance, à
l'image de cet homme qui se
souvient de son père : « Jusqu'à
la fin de sa vie, il avait
ces visions d'horreur devant
les yeux. » ,
Pour certains, la reconnaissance
par le Parlement rn.nçais
du génocide arménien signifie
« la fin du négationnismè»
mais aussi « le début d'un
autre combat », une première
étape, « qui prendra du
temps », vers l'obtention de
réparations par l'Etat turc.
Mais, pour la plupart, c'est
« la question morale» qui importe
en premier lieu. Dans
cette perspective, le peu d'importance
llCCordé8:u massacre
des Arméniens par les manuels
d'histoire désole les manifestants.
Mais, comme le note un
père de famille accompagné
par ses deux enfants, la mémoire
se perpétue de génération
en génération, au sein de
la famille, « sans prosélytisme
», « sans vouloir insuffler
une quelconque haine
».
Une chose paraît acquise :
« l'intransigeance turque» a
renfQrcé la communauté arménienne.
« Plus l'ennemi..est
'redoutable, plus on est obligé
de se rassembler », constatait
un membre de l'association
« Nor Seround » (