Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Basm Ozeti
les avoir imposé4ts sans limitation
de temps. Au grand dam
des Etats-Unis, les sanctions
sont aujourd'hui en train de s'effriter
sans la contrepa.rtië exigée
par l'ONU : le contrôle du désarmement
irakien. Le programme
pétrole contre nourriture, mais
aussi et surtout la contrebande
en plein développement (près de
2 milliards de dollars par an, selon
des estimations), permettent
de faire fonctionner l'Etat et son
appareil répressif: Grâce à une
détente avec les pays arabes,
l'Irak est en passe de réintégrer
la communauté internationale,
au moins sur le plan réwonal ..
Le dossier est devenu une
pomme de discorde entre la
France et les Etats-Unis. Madeleine
Albright, disait qu'il s'agissait
d'un « cauchemar entre
nous ». Premier partenaire commercial
de l'Irak, la France souhaite
poursuivre un « dialogue
politique » avec Bagdad dans
l'espoir de l'inciter à coopérer
avec l'ONU. Parallèlement une
coopération culturelle, universitaire
et archéologique se met en
place. Le président JacQ!1e5 Çhirac
a résumé en début d'année
la politique française: «En Irak.
la reprise des inspectiDnset la
mise en place cW contrôleà long
tenne des annements doivent
être engagées sans plus attendre
pour pennettre la suspension
puis la levée des sanctions.
Leur maintien. pour la
CÜ%ième année. en frappant cWrement
des populations innocentes
et déjà trop éprouvées.
pose un problème politique mais
aussi moral. »
Paris estime qu'une réussite
de sa politique de dialogue est la
résolution onusienne de 1995
instituant le programme « pétrole
contre nourriture ». Les
Etats-Unis en revanche ont subordonné
depuis 19% la levée
des sanctions au renversement
de SaddalD Hûssein. Ils financent
un programme secret
d'aide à l'opposition irakienne,
sans effet apparent
Comme le dit un historien britannique
spécialiste de J'Irak,
Charles Tripp :« Les sanctions
n'ont pas permis de faire sortir
Saddam du Koweït. Elles ne
l'ont pas fait désanner. Elles ne
l'ont pas rerwersé. La situation
actuelle mine la crédibüité de
l'ONU comme celle des Etats-
Unis. La question est de saoou
si les sanctions peuvent être réorientées
defaçon plus e.flù;ace
sans faire appâraÎtre l'Occident
comme le perdant. »
IRAN Dix personnes condamnées
à de lourdes peines de prison pour avoir participé à
une conférence en Allemagne
COUpdur pour
~ les réformateurs
I~'hénm,s..ge-
Ln
.....
is
:z: Pour qui le rencontre à Téhé-
::> ran, Kha1il Khostamkhani est un
....< homme doux et affable, père
Jfun garçon de Il ans. Retiré de
Ja politique en 1992 après avoir
~ t:myé ses convictions commut:
~s par plusieurs séjours en
W prison, il s'occupe d'un bureau
..:I :d.e traducteurs.
. Mais pour lajustice iraDienne,
Xhostamkhani a déclenché une
~ guerre contreDieu». Elle vient
de lui infliger neuf ans de prison.
dont huit doivent être purgée
dans la ville portuaire de Bandar
Abbas. Son crime: avoir, en janvier
2000, servi d'interprète à
un 'certain Thomas Hartmann,
responsable culturel de la fondation
allemande Heinrich-Böll,
venu .recruter à Téhéran une
vingtaine d.~ora~urs pour une
conférence sur l'avenir de l'Iran.
Saïd Sadr. le traducteur officiel
de l'ambassade d'Allemagne,
qui a arrangé quelques
rendez-vous avec des réformateurs
connuS. passera pour sa
part dix ans dans la prison de
Birjand (en plein désert, face à .
l'Afghanistan) ...Soit uri verdict
équivalent à célui du journaliste
Akbar Gandji, qui, lui, s'est
La justice considère que
la réunion de Berlin visait
à « renverser le régime
islamique»
rendu à Berlin pour cette conférence
les 7 et 8 avril2000. Dans
son disèours, il a insisté sur la
nécessité des réformes pour
rendre démocratiques les ré.
gimes révolutionnairEis. Gandji,
bête noire des Conservateurs
pour ses révélations dans l'affaire
des meurtres
d'opposants par
les services secrets
iraniens; devra
passer en plus cinq
ans d'exil intérieur
à Bashargad, région
quasi désertique,
connue pour
être la plus pauvre d'Iran, à
1513kmdelacapitaJe.
La justice consid~re que cette
conférence avait pour but de
« renverser le régime
islamique». Faisantl'amalgame
entre les réformateurs qui s'y
soot exprimés et l'opposition en
exil qui a troublé les débats, elle
condamne quatre autres participants
à de lourdes peines. Cinq
ans de réclusion pour le leader
estudiantin Ali Afshari et quatre
ans et demi pour l'opposant progressiste
Ezzatollah Sahabi, âgé
de 75 ans. On est d'ailleurs sans
nouvelle de ces deux personnes,
transférées le 3 janvier par la
justice dans un lieu secret.
Quatre ans pour l'éditrice féministe
Sharla ~dji ainsi que
pour l'avocate Merhangiz Kar,
qui se bat inJassablement pour
les droits des femmes iraniennes.
Très atTaiblie par son
arrestation, Merhangiz Kar
souffre d'un cancer. Tous les
condamnés vont déposer un recours.
Quant aux onze autres
orateurs de Berlin, ils ont été soit
acquittés, soit punis avec sursis.
Le verdict int1igé au religieux
réformateur Hassan Yusseli Eskevari,
lui. n'a toujours pas été
révélé, au motif que c'est le redoutable
« tribunal spécial du
clergé» qui s'en occupe. Des
sources proches de sa famille indiquent
qu'il a été condamné à
mort, mais des tractations auraient
actuellement lieu en coulisses
pour sauver sa vie.
Ces peines. beaucoup plus
lourdes que prévu, participent
de l'assaut que mènent sans répit
la justice et les conservateurs
iraniens contre le président
Khatami, à six mois de l'élection
présidentielle. DaÔs l'immédiat,
cela risque de troubler le fameux
« dialogue critique» entre Téhéran
et l'Union européenne. Le
chancelier allemand, Gerhard
Schröder, vient d'ailleurs de renoncer
à un déplacement en
Iran prévu pour ce printemps.
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