Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevolaz Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Basm Özeti
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Fin février 1991. Les Kowel'tiens (ci-dessus)
accueillent avec enthousiasme les alliés,
leurs libérateurs. Un hélicoptère Gazelle
(ci-contre) de l'armée saoudienne surveille
la reddition de soldats irakiens.
mettant la main sur Î'émirat, contrôle
désonnais 20 % du pétrole mondial
? Non, répond-on en Occident,
mais aussi à Jérusalem et à Riyad,
au Caire"et à Damas. Même réponse
àMO~ou.
L'INVASION du Koweït - autre
coincidence - surprend le secrétaire
d'Etat américain James
Baker et son homologue soviétique
Edouard Chevardnadze, en train de
pêcher ensemble sur le lac Baikal. Ils
appellent aussitôt à «des mesures
pratiques» contre Bagdad. L'URSS
suspend toute livraison d'armes à
l'Irak. Pour la première fois, Américains
et Soviétiques décident de s'atteler
ensemble au règlement d'un
conflit régional. C'est une métamorphose
des relations internationales.
L'URSS de Gorbatchev, soucieuse
de voir l'ONU jouer à nouveau pleinement
son rôle, maintiendra son
soutien aux Etats-Unis jusqu'au
bout de la crise. Là réside la faute initiale
et majeure, de Saddam Hussein
': avoir dressé un mauvais diagnostic
de l'état du monde; avoir
oublié que le monde arabe, désormais
privé du soutien inconditionnel
de Moscou, ne pouvait plus espérer
exploiter la vieille rivalité russo-américaine.
.
Le 7 aollt, à la demande de l'Arabie
saoudite, les Etats-Unis lancent
« Bouclier du désert lO, la plus vaste
opération militaire depuis la guerre
du Vietnam. Entre aollt et novembre
le Conseil de sécurité adoptera
do~ze résolutions, dont la dernière
autorisera le recours à la force en
marquant l'échec de la stratégie
patiente de l'embargo. Face à
l'ONU Saddam Hussein choisit la
suren~hère. Il annexe le Koweït,
devenu la « dix-neuvième province»
de l'Irak. Il retient en otage des dizaines
de milliers de civils étrangers, en
transfonne plusieurs centaines en
« boucliers humains .. et met en scène
des libérations collectives sans
parvenir à aifàcher à la coalition
liguée contre lui un engagement de
non-agression.
Dans le monde arabe, Saddam
Le syndrome
des vétérans
Quelque 133 000 vétérans du
conflit avec l'Irak, soit près d'un
soidat américain sur dnq engagés
entre aoQt 1990 et avril 1991,
souffrent d'un mai aux manifestations
multipies et aux origines
mystérieuses, baptisé «syndrome
de la guerre du Golfe lO. La Uste
de ses prindpaux symptômes,
par ordre de fréquence décroissante,
est longue: fatigue chronique,
migraines, éruptions cutanées,
douleurs muscuiaires et
articulaires, pertes de mémoire,
vertiges, troubles du sommeU,
douleurs thoradques, toux, diarrhées
et autres maux gastrointestinaux.
Parfois ces symptômes
s'aggravent: dépressions,
iymphomes, cancers.
D'où vient ce syndrome? On
suspecte trente-trois causes possibles,
à commencer par: l'inhalation
de poussières d'uranium
appauvri contenu dans certaines
munitions, l'absorption de toxiques
atmosphériques émanant
des puits de pétrole en feu ou de
la destruction des stocks d'armes
chimiques, ia prise de comprimés
de pyridostigmine, un
antidote contre les gaz innervants
à ia dangerosité aujourd'hui
avérée et pour iequel les
GI's ont servi de cobayes à leur
insu. Ont aussi absorbé ce médicament
9 000 mUltaires français
dont 55 souffrent du « syndrome
du Golfe ...
Hussein suscite le plus souvent l'enthousiasme
de l'homme de la rue, en
emourchant trois chevaux de
bataille: l'antiaméricanisme, l'islamisme
belliqueux, le panarabisme
anti-israélien. Nouvel Ali Baba dévalisant
la « caverne des voleurs» du
Golfe, il prétend récupérer une partie
de la rente pétrolière dont le mon-.
de arabe est, selon lui, injustement
dépossédé. Mais au fil des semaines,
sa diplomatie et ses discours s'usent.
La coalition reste fenne. Sur le
champ de bataille, eUe regroupe les
forces de vingt-huit nations rassemblant
plus de 700 000 hommes. Les
Etats-Unis disposent d'environ
430 000 hommes, 1000 chars,
1500 hélicoptères et 1300 avions.
La France, vite convaincue de l'inéluctabilité
de la « logique de
guerre lO, a mobilisé plus de
4000 hommes dans le cadre de l'opération
« Daguet lO, la plus importante
depuis la guerre d'Algérie. La
guerre aérienne va durer trente-huit
jours. L'Irak et le Koweït sont écrasés
sous un tapis de bombes. Les
F-ll1 A, baptisés avions « furtifs»,
lartllent, à chaque raid, deux bombes
à gWtIélje laser de 900 kilos. Les
Jaguar fr~Ç'ais participent à ce pilonnage.
Il s'agit de détruire l'infrastructure
militaro-économique de l'Irak,
d'anéantir sa capacité de nuire et de
ruiner son projet d'hégémonie régionale.
Dès le 18 janvier, l'Irak tire ses
premiers missiles Scud sur Tel-Aviv
pour tenter d'impliquer Israël dans
le conflit. A la demande de Washington,
l'Etat juif accepte de ne pas
riposter. En échange, le Pentagone
lui fournit, pour se ~éfendre, des
antimissiles Patriot avec leurs techniciens.
L'Irak lancera 86 Scud, qui tueront
quatre Israéliens.
C
HAQUE jour ou presque, Saddam
Hussein multiplie les
rodomontades et les promesses
de victoire. Il appelle ses soldats
à «libérer La Mecque et Médine »,
menace de recourir à l'anne chimique,
donne l'ordre d'enflammer des
dizaines de puits pétroliers au
Koweït. Début février, les cuirassés
américains Missouri et Wisconsitr
entrent en action. Le 13, l'aviation
américaine bombarde un bunkerabri
à Bagdad. Le 24 février, à 4 heures
(heure de Paris), les alliés déclenchent
leur offensive terrestre par
une gigantesque manœuvre de contoumement
dans les plaines désertiques
du sud de l'Irak: 250 000 hommes
y participent. Des dizames de
véhicules franchissent la frontière
saoudienne et progressent, tous
feux éteints, en (onnant une colonne
de 80 kilomètres.
.'En quarante-huit heures, l'année
irakienne, « quatrième» du monde,
s'effondre. La «Mère de toutes les
batailles» promise par Saddam Hussein
n'a pas lieu, faute de combattants.
Démoralisés, ses soldats reculent
le plus souvent sans riposter, et
se rendent. Plus de 50 000 sont faits
prisonniers. Au troisième jour, le
Koweït est libéré. L'Irak accepte toutes
les résolutions du Conseil de
sécurité. Dans la nuit du 27 au 28,
après cent heures d'offensive terrestre,
la coalition suspend ses opérations.
Sa victoire est totale. Elle
déplore 466 tués dont 389 Américains.
On ne connai'tra jamais le nombre
des victimes irakiennes, entre
30000 et 100 000 selon les estimations.
Le cessez-le-feu fonnel n'interviendra
que le 3 avril 1991, en vertu
de la résolution 687 de l'ONU, qui
place l'Irak sous tutelle et exige l'élimination
de toutes ses armes de
destruction massive, condition sine
qua non de la levée de l'embargo
pétrolier.
Au-delà du désastre militaire, économique,
écologique et humain en
Irak, et du triomphe militaire de
l'Amérique, ce conflit aura, sur un
registre moins grave, marqu~ le
sacre de CNN,la chaine télévisée de"
« la guerre en direct lO, seule présente
à Bagdad. La mise sous tutelle des
médias et le passage de l'infonnation
au fin tamis des censeurs militaires
ont eu pour effet de « protéger»
les opinions des « horreurs de la
guerre ... Ainsi, dans le Golfe, un
nouveau mythe est né : la « guerre
propre lO.
Jean-Pierre Langellier
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