Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Özeti
Obstinément semblable à lui-même,
Saddam Hussein est toujours là
D
IX ans après, Saddam Hus- occupé à écraser la rébellion chiite, autre zone d'exclusion aérienne est
sein règne toujours en mai- les chefs kurdes, conduits par Jaiai imposée en aoüt 1992, au sud du
tre sur l'Irak. Affaibli, isolé, Talabani, occupent les principales 32' parallèle, puis étendue au 33' en
rescapé de deux guerres et de mille villes du nord-est de l'Irak, où vit, septembre 1996. Ce qui n'empêche'
complots, mais obstinément sembla- une population acquise à la cause pas l'armée de continuer à réprimer
ble à lui-même, brutal, roué, ni assa- de l'autonomie, ce grand rêve qu'ils les chiites. '
gi ni repentant, prêt à tout pour res- poursuivent depuis la promesse L'embargo imposé à l'Irak n'a pas
ter au pouvoir. Le monde a appris à - non tenue - d'un Etat kurde, con- entraîné la chute du régime. Mais il
vivre avec lui, au point même de tenue en 1920 dans le traité de lui a fait subir un très large désarmepresque
l'oublier. Sèvres. ment par l'entremise d'une commis-
La « Tempête du désert ,. cessait «Les Kurdes n'ont pas d'amis », sion spéciale de l'ONU, l'Unscom,
à peine de souffler sur le Golfe que proclame la devise favorite de ce créée en avril 1991 et remplacée en
le dictateur irakien reprenait le des- vieux peuple indo-européen, musul- janvier 2000 par une autre commissus
aux dépens de son peuple. Le man et farouche, dont l'ardeur au sion, l'Unmovic, que dirige le Sué-
2 mars 1991, plusieurs villes du Sud combat impressionnait déjà, il y a dois Hans Blix, et qui reste persona
- à majorité chiite - s'insurgent. plus d'un siècle, le comte de Gobi- non grata en Irak. Soucieux de conti-
La communauté chiite, la plus neau. Cette fois, pourtant, la com- nuer à châtier Saddam Hussein tout
nombreuse du pays, a toujours jus- munauté internationale vient au en allégeant les souffrances du peuqu'ici
manifesté son loyalisme' secours des populations civiles qui ple,le Conseil de sécurité a proposé,
envers le pouvoir sunnite de Bag- fuient la répression irakienne et trou- dans sa résolution 986, une entorse
dad, notamment pendant la guerre vent un «sanctuaire» de l'autre à l'embargo - acceptée seulement
Iran-Irak, faisant passer son nationa- cÔté de la frontière turque. Au nom par Bagdad en 1996 - et dite « pétrolisme
avant ses sympathies religieu- du« devoir d'ingérence humanitai- le contre nourriture », qui permet à
ses. Cette fois, l'humiliation de la re» _ une idée française -, la résolu- l'Irak d'exporter du pétrole sous condéfaite
et les encouragem4'nts de tion 688 du Conseil de sécurité, qui trôle de l'ONU pour acheter, égale-
Téhéran lui font oublier sa pruden- fera date (5 avril), autorise l'achemi- ment sous contrôle, des proQuits de
ce. Saddam Hussein écrase la révol- nement d'une assistance aux Kur- première nécessité. En réalité, cette
te dans le sang avant de retourner sa des, dans le cadre de l'opération formule permet au régime de
« garde républicaine,., noyau dur « Provide Comfort ». Les alliés gagner sur tous les tableaux: grâce
de ce qui reste de son armée, contre imposent à l'Irak une zone d'exclu- aux distributions de vivres, il con-
Ies Kurdes qui se sont soulevés à sion aérienne au nord du 36' parallè- trôle d'encore plus près sa populaleur
tour dans le Nord le 5 mars. le. Leurs troupes resteront au Kurdis- tion et l'équipe dirigeante, enrichie
Exploitant les faiblesses du régime, tan irakien jusqu'en juillet 1992. Une outrageusement des profits de la
contrebande, exploite la misère du
peuple à des fins de propagande,
tout en se posant en victime de la
vindicte internationale.
Cette situation absurde et cruelle
pour le peuple irakien ne cessera
qu'avec la levée de l'embargo,
laquelle ne peut intervenir, d'après
les textes de l'ONU, que lorsque le
Conseil de sécurité aura la preuve
du désarmement du pays. Cet objectif
est impossible à atteindre tant
que l'Irak refusera d'accueillir les
équipes d'inspecteurs de l'Unmovic.
En attendant, chaque jour ou presque,
des chasseurs américains et britanniques
continuent de bombarder
des objectifs militaires irakiens.
Dans l'indifférence générale.
DIMANCHE 14 - lUNDI 15
JANVIER 2001
'.-P. L.
Un nouveau Bush face
à Saddam
défendre le principe coriune l'applica-
Washington: tion. Le dossier sera débattu dès le
Jean-Jacques Mével mois prochain à New York. aux Na-
.;................................................................ tions W1Ïes.
Durant sa campagne, le fils du « Ii-
Aux petites heures du 17 janvier bérateur» du Koweït est resté plutôt
1991,les sirènes déchirèrent la nuit de .Bousur le sujet Les conseillers du pré-
Bagdad et beaucoup entendirent dans IilIent-élu insistent : il fera tout pour
cette plainte le signal de la tin pour le Isoler l'Irak et pour l'empêcher de remai'tre
de l'Irak. La libération du Ko- constituer son arsenal de mort Mais la
weït et le succès militaire de George nOÙYeIleèquipè doit aussi 'reccinrialtre
Bush semor furent assez faciles. Mais qu'il était plus facile de critiquer l'addix
ans plus tard, Saddam Hussein est ministration Clinton que de mettre au
toujours là, comme un défi lancé à "\Ble stratégie alternative.
George W. Bush, le fils. A roo hetqt d6 la passation de
Pour faire de l'Irak le premier test de pouvoid,1a Mktsôn-Blanche, lé seul à
politique étrangère du nouveau prési- s'être e.qr._~ la question est le gédent,
il n'y a pas que le télescopage néral Colin Powell. choisi comme chef
entre l'anniversaire de la guerre du dtoe~~lomrèsatie ~éricaine dix, l~al- ' d
Golfe et la relève politique A la Maison- . ut J~~. ~p . avo~ cornman e
Blanche. Le dilemme est ancien, lian~ ~taire anti-Sad~ : « Les
même s'il se pose avec une urgence re- lraJczens n o~ ~ rempli leurs eT1fJO--
nouvelée : les sanctions internatio- ge~nts et Je croIS que de~ ~ns
nales contre Bagdad sont une vraie do~~en~re~ter en.place Jusqu;a .ce
passoire et les Etats-Unis reste t l qu Us s y plient », dit le futur secretaire
seuls- avecIaGrande-Bretagne~à es d'~tat Les 4( fau~ns ».veulent discer-
. - el! ner dans ces declarations l'annonce
LEnGARO
MARDI 16 JANVIER 2001
d'un vrai tour de vis. Surtout au sécurité, un franc soutien de la France
Congrès, où la double majorité républicaine
et de la Russie à ce qui fonctionne.
n'a jamais renoncé à renver-
Côté américain, plusieurs indices
ser Saddam, par « opposition » irakienne
poussent à cette lecture. Colin Powell
interposée.
Dans les derniers jours de sa présidence,
Bill Clinton a paradoxalement
rallumé ce feu-là, en proposant au Capitole
une aide fédérale de 12 millions
espère bien sûr la chute de Saddam
Hussein, Mais il ne tient pas le CNI en
haute estime, ni militaire ni politique.
Le cerveau de « Tempête du désert »
doit aussi se méfier comme de la peste
de dollars en faveur des opposants du du scénario des« zones libérées». Incidemment,
Washington et Londres
Congrès national irakien. Donald
Rurnsfeld, prochain patron du Pentagone,
restait il y a peu le partisan le rumeur d'un prochain arrêt des bom-
ont dû démentir ces derniers jours la
plus enthousiaste de ces « zones libérées
», au nord et au sud de l'Irak, précains)bardements
« alliés» (anglo-amérilude
peut-être à un gouvernement rival
de celui de Bagdad.
Dick Cheney, hostile à des sanctions
Un awe élément. de réquation est
Une interprétation diplomatique des économiques qu'il juge inefficaces. Le
paroles du général Powell est tout prochain vice-président est tellement
aussi possible. Maintenir « des» sanctions,
ce n'est pas maintenir « les » silence obstiné. Mais personne n'est
marqué sur la question qu'il garde un
sanctions. Et s'il faut obtenir l'accord dupe : les compagnies américaines
des alliés, nul doute que les États-Unis veulent leur part au redressement pétrolier
doivent se préparer à un assouplisse-.
de l'Irak. Avec George W. Bush
ment plutôt qu'à un renforcement. Le et Dick Cheney à la Maison-Blanche,
projet serait alors d'abandonner ce qui elles sont déjà en terrain conquis à Washington.
ne marche pas dans l'embargo et
d'obtenir en échange, au Conseil de
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