Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Özeti
IRAN Les religieux conservateurs redressent la tête et s'attaquent à tout ce qui symboliSe
touverture voulue par le président Khatami
Le fouet et IeCoraricohtre
les réformes
Les forces de l'ordre déploient
contre ce qu'elles appellent
la « corruption sociale
» une énergie qu'on ne
leur connaissait plus depuis
l'éleCtion du président réfor~
mat.eur Mohammad Khatami
en mai 1997. Celui-ci n'a toujours
pas annoncé sa candidature
à l'électiod présidentielle
de juin.
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••• \- ;: •• , Or .;: ,~-f.(..... ,":".
Téhéran:
Serge Michel
Gare à vouS, les enragés de
parties techno dans les caves de
Téhéran, les conteurs de fleurette
sur les bancs publics, les
amateurs de vodka locale distillée
dans la baignoire: la brigade
des mœurs est de retour. Le
fouet dans une main et le Coran
dans l'autre. ,
Dans la nuitdu 31.décembre
au 1 er janvier, la police a ainsi arrêté
quelque 400 personnes. A
en croire un retard juste J:elâché
de prison, quatre « méga-retes »
étaient visées dans les quartiers
chics du nord de la, capitale. Les
forces de l'ordre c'lanient avoir
mis la main sut des « hommes et
des femmes ivres qui dansaient
ensemble dans un style occidenta~
ridiculisant les restrictions
religieuses et officielles en vigueur».
De_prison, les femmes œ.m>ataires
ont été directement
conduites chez le gynécologue
pour un test de Virginité. Pour
échapper au fouet, celles qui ont
• échoÜé à cette épreuve doivent
, présenterle coupable à lajusti.ce "
et l'épouser de suite. La plupart
essaient de s'en sortir en préten- "
dant que l'auteur du délit vient
d'émigrer à l'étranger. "
, Selon la règle, le bourreau doit
se coincer un Coran sous le bras
pour ne pas fouetter trop fort.
Mais différents témoignages indiquent
que le Coran est souvent
porté sous l'autre bras.« J'en ai
, aussi vu un mettre seulement un
CD-ROM du Coran dans sa
poche », racontà le têtard, ajoutant
qu'après le fouet, le dos de
ses infortunés camarades ressemblait
à une tranche de salami
géant
Ce durcissement est confirmé
par un discQurs de l'ayatollah '
Mesbah Yazdi, un conservateur
, qui diÏige récole religieuse Haqqani
dans la ville safute de Qom.
«Je confesse amèrement que depuis
la naissance du Prophète et
mêmedepui£ Adam, le Démon
n'ajamais eu autànt de succès:
a-t-il déclaré début janvier. Et
l'islam n'ajamais souffert de pareille
'corruption culturelle. »
Même pas sous le régime du
shah ? Pour un religieux qui doit
son pouvoir à la révolution de
1979, voilà un sacré aveu
d'échec.
Il n'empêche, après avoir
fermé les journaux que son arrivée
au pouvoir avait fait éclore,
après avoir emprisonné ses amis
et conseillers les plus proches,les
cQnservateurs semblent déterminés
à éradiquer ce qui reste du
maigre bilan du président Khatami
: la liberté sociale que manifestaient
les jeunes en se tenant
par la main dans les parcs ou en
laissant dépasser quelques
mèches du foulard.
Une unité spéciale, « Police
110 », a été mise en place en
octobre 2000 pour lutter contre
« les dangers culturels et sociaux
». Au cours des quarante
premiers jours de son existence,
cette unité est intervenue
40 000 fois dans les,rues de la ca- '
pitale et encourage la délation
pour faire mieux encore : celui
qui soupçonne ses voisins peut
, appelerle 235.19.02 .
Alors les récits d'arrestations
, se multiplient et la peur rôde en
Ville.Jeudi, la police annonçait la
fermeture_ de 291up'anars et l'arrestation
de 85 mères maque-:
,relles qui dirigeaient un résea\1
de prostitution de luxe dans l~
nord de Téhéran. Encore faut-i,!.
s'entendre sur les termes, poUf.
, les religieux conservateurs, toute'
relation sexuelle hors mariage.
, s'apparente à de la prostitution. ,
« Depuis deux semaines, jetrie
sur le volet les fêtes aux-;
quelles je me rends en fonction
de la notoriété de l'hôte. du niT- ..
veau sonore de la musique et de~
la visibilité de
son appartement
», ex:
pli que uner
convive. Les
soirées, parfoiS
extravagantes.
sont souvent la.
seule distrac~
tion pour cette:
, jeunesse
désœuvrée dans un pays inca.
pable de leur fournir un emploi.
et des perspectives d'avenir.
Pour s'être trouvée chez elle le:
5 janvier sans foulard avec dix.
filles et garçons de son âge, Fere"
shteh, 16 ans, a reçu 20 coups de.
fouet. En l'absence de di-ogue;'
d'alcool et de relations sexuelle~~
c'est le minimum. Et ses parentsont
réussi à payer le bourreau
pour qu'il frappe mou. Mais la:
jeune fille en a encore les larmes,
aux yeux. « Je n'ai maintenant
qu'une idée, dit-elle. Quitt.er ce
pays qui ne m'aime pas.»
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