Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Le rôle politique de l'armée turque de plus en
plus ouvertement contesté
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12 janvier 2001
ANKARA, 12 jan (AFP) - Une grinçante polémique entre l'armée turque et
des responsables civils a déclenché une rare salve de dénonciations du poids politique exagéré
des militaires dans un pays candidat à l'Union européenne.
Le détonateur a été le lancement d'une campagne anti-corruption au sein du ministère de
l'Energie, dont un responsable militaire anonyme a revendiqué la'paternité en début de
semaine, sous-entendant que l'armée était l'institution qui luttait sérieusement contre la
corruption bien connue des civils.
Le Premier ministre Bulent Ecevit a ouvert la voie au flot de critiques en exprimant son
agacement, trouvant cette intervention "surprenante et dérangeante",
TIa été suivi, en des termes plus directs, par son ministre d'Etat aux Affaires européennes Mesut
Yilmaz, qui a accusé mardi des "milieux anti-démocratiques" de vouloir "pousser le pays vers
un régime militaire" comme les trois qu'a connus la Turquie depuis sa création.
L'état-major, furieux, a répliqué jeudi par un communiqué en faisant part de son "fort malaise",
De nombreux éditorialistes libéraux en ont profité pour souligner à l'unisSon, ces jours derniers,
que l'influence de l'armée sur la vie politique était incompatible avec le bon fonctionnement
d'une démocratie,
L'éditorialiste du quotidien libéral Milliyet, Taha Akyol, soulignait vendredi que "les frontières
entre les soldats et leur rôle en politique sont ambiguës", L'intervention de l'armée en 1998, qui
avait obligé le Premier ministre islamiste de l'époque Necmettin Erbakan à démissionner, "a
rendu cette frontière encore moins claire et accru la partie militaire de l'Etat", selon lui.
"En démocratie, les soldats ne fonctionnent pas coIiune un parti, comme un +Etat au sein de
l'Etat+", dénonçait son collègue Hasan Cemal. "Dans des régimes démocratiques, le soldat fait
son devoir, est assujetti à l'autorité civile élue, il exprime ses vues dans les plate-formes- ad hoc,
pas en face de l''i>pinion publique",
Pour Huseyin Bagci, professeur en relations internationales, "c'est un fait que les militaires,
depuis la guerre du Golfe (en 1991), ont progressivement augmenté leur rôle sur les questions de
politique étrangère",
Au plan intérieur, "l'armée a été le fer de lance de la lutte contre le PKK (parti des Travailleurs
du Kurdistan, rébellion kurde) et les groupes islamistes radicaux, et elle continuera à l'être dans
le futur, ce qui signifie qu'elle gardera son influence et son statut", prédit-il dans le quotidien de
langue anglaise Turkish Daily News,
La réduction de ce rôle est l'une des demandes de l'Union européenne pour une adhésion à
terme de la Turquie, déclarée candidate en 1999.
Ce rôle est officialisé par la domination de l'armée sur le Conseil national de Sécurité (MGK),
qui réunit chaque mois les plus hauts responsables civils et militaires, et trace les grandes lignes
sur les questions de fond,
Le débat précède de peu la publication, attendue ce mois-ci, du "programme national" dans
lequel la Turquie va définir les mesures qu'elle entend prendre pour adhérer à rUE.
La suppression du MGK n'est certainement pas à l'agenda. Mais selon le journaliste Mehmet Ali
Birand, le programme devrait déclarer le MGK un "organe de consultation", et interdire que ses
réunions soient photographiées pour rendre moins manifeste la _présence des militaires en
politique.
''Une phrase et une interdiction de photos peuvent-elles vraiment réduire le poids des
militaires en démocratie? Nous nous trompons-nous-mêmes!", s'exclamait-il dans les colonnes
du Turkish Daily News,
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