Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Özeti
L UND I 8 JAN V 1ER 20 0 1
Ct(Unier. LechantettrkurdeexiLé6'8Sttu, La France L'aignoré ..
Ahmet Kaya, mort d'une idole dissidente
. I:idole des banlieues populaires de . étrangère l'un de leurs plus illustres
Thrquie,Ahmet Kaya. est mort à PariS. n' combattants' de lahberté.'
n'avait que 43 ans: ~. Sa voix rebelle et' . . nest vrai qu'fthmet Kaya n'était ni
bouleversante qui fdiSait trembler les Chinois, ni Cubain, s'opposant à des
puissants et dans laquelle se
régimes communistes. ilavait eu le
reconnaissaient des millions de Kurdes et mauvais goilt d'entrer en dissidence dans
. de Turcs déshérités, broyés, marginalisés un pays ami et allié de l'Otan, que
. par un système implacable s'est tue en wi l'Europe mercantile ne cesse d'amadouer,
matin plUvieux.
allant jusqùà lui entrouvrir ses portes.
En France, la disparition de ce grand Ladissidence d'Ahmet Kaya était plus
artiste dissident est passée inaperçue. éthique qu'idéologique. Au sommet de
Tout comtne ses obsèques rassemblant sa gloire, alors qu'il vendait des millions
au Pèrè-LaclWse près de 15000 Kùrdes de CD et de cassettes, que les télévisions
et Thrcs accourus d'une dizaine de pays se l'arrachaient, ilavait, en février 1.999,
d'Europe, partagés entre l'émotion et la lors de la cérémonie télévisée de temise
douleur d'enterrer encore en terre du Prix du meilleur musicien de l'année
qui lui était décerné, rappelé ses origines
kurdes et déclaré son intention de faire
un clip en kurde pour «nos millions de
frères kurdes qui ont aussi le droit d'éaJuter
des chansons dans leur langue».
Cette déclaration d'intention lui a valu
un lynchage en direct, suivi d'une
haineuse campagne de dénigrement
orchestrée par les services turcs, relayés
par les grands médias, puis par les
implacables cours de sûreté de l'Etat.
Menacé de treize ans de prison pour délit.
d' opinion, il a dü à son tour s'expatrier et
faire l'apprentissage de ce que le grand
poète turc Nazim Hikmet appelait le dur
métierdel'exi1. Kendel Nazen
ftmondt .MERCREDI10 JANVIER 2001
L'immigration illégale de la Turquie vers l'Europe
Lapresse turque s'émeut du naufrage, le 1 er ,janvier,d'un navire transportant des passagers clandestins
. .. indiens, pakistanais et bangladeshis. Ce trafic estauxmains d'organisations criminelles ..
. ~:~~s:~~~~~~:ee:~ dtaiuki,:l .....-.n;;.-e~.l~ s ~.~.,
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CONFRONTÉE au flux croissant. ~"'dil~il0?ßK%.('lttlj le XX! siècle », écrit Mustafa Balbay
•.auteurdel'article.
'VVl \il' MAiN-D'ŒUVREBONMARCHt
péeime à 40000.ei11993, 500000 llY
en 2000), la Turquie s'est récem- ;r,; -- "." _.~..;. ••. -.'"-".;;;;.;;; i.lfl « Cette traite est le résultat de la
ment émue du naufrage, au large Cum'''I111~~ globalisation, explique-t-il. Celle-ci
de ses cÔtes, d'un bateautranspor~ . • Nf' IV'lV apour mot d'ordre que le'inonde est
tant des passagers clandestins. . un Village, que lesfrontières ont dis-
Une soixantaine' de ces « candidats ,logue déplore que ces gangs soient paru; et que les 'murs entre les pays
à une vie meilleure », comme les .« bien plus puissants que les gouver- se sont écroulés.' Pourquoi alors le
. ont décrits les journaux turcs, ont nements» et en appelle'aux trafic des êtres humains est-il devetrouvé
la mort au matin du 1"jan- Nations unies pour «faire.cesseT ce nu si:important 7 Ces gens franchisvier
après que le navire qui les véritable trafic d'esclaves au XX! siè- sent les frontières, sautent par-destransportait
se fut brisé en q.eux cie ». « Le problème de la traite sus les murs qui se sont écroulés,
sur des récifs, à la suite d'une ava- d'êtres humains ne peut être considé- sont censés aller où ils veulent. Mais;
rie de machine en pleine tempête. ré conime du seul ressort» de la Tur~ .en fait, c'est. le contraire qui se pro-
S'il ne se passe pas un jour en quie, affirme-t-il. duit. Les murs entre les pays sont de
Turquie sans que le problème de « Le premier jour de l'année plus eriplus hauts. En réaliié, te mot
l'immigration clandestine soit abor- 2001, à 6 heures du matin,. un d'ordre ne s'adresse pas aUx êtres'
dé, cet épisode tragique. a renforcé bateau s'est brisé en deux sur des humains, mais ~uxproduits de consur
place l'impression que le pays . récifs en Méditerranée. A première sommation.»
est au centre d'un gigantesque vue, il s'agissait d'un bateau de mar- « Que comptaientfaire ces ressor-
« trafic d'êtres humains» vers l'Eu- . chan dises. En fait, de pauvres gens' tissants indiens, pakis,tanais, ou banrope,
explique le quotidien ~glo- . s'ytrouvaiènt. Plusieurs dizaines de glaCteshi, pour la plupart, après
phone Turkish DailY News, dans • pedonnes ont perdu la vie dans le /ivoir rejoint l'Europe via la Tur-.
son édition du 5 janvier. Ce trafic, naufrage. Or celui-ci a révélé' une quie? », .interroge 'le .jourrialiste.
« entièrement contr{jlé par le crime traite d'êtres humains », explique le' Ayant opté pour « lU' solution la.
Organisé », représente « des béniji- quotidien Cumhuriyet (La Républi- plus extrême '»,soit la voie mariti-.
ces considérables pour les gangs cri- . que) dans son édition du 4 janvier. me':' bien moins chère que la Voie
.minels », rappelle Ercan Tatlidil, un « Ce n'est pas par hasard que nous terrestre et inoins .cQntrÔlée'-:, les
professeur de' sociologie à Izmir, avons été réveillés par un événement . candidats à l'immigi'ation clandestiinterrogé
par le quotidien. Le socio-' pareil.alors que nous entrions dans ne. comptaient.:« se proposer com-.
me main-d'œuvre bon marchéjustement
dans les.pays qui professent la
globalisation ». Et, poursuit. Cumhuriyet,
«s'il n'y avait pas, .dans les
pays développés, un marche de la
main-d'œuvre à bas prix, ils ne chercheraient
pas à y aller, Wa la Tur;-
quie ». . . . ." ..'
Compatissant au sort des.« Pakistanais
ou des Sri-Lankais qui vivent
dans des conditions dramatiques en
Turquie », l'auteur de l'article
reconnaît que nonibre de.« Turcs"
eux aussi immigrants clandestins,
mais dans les Balkans, ne sont pas
logés à meilleure enseigne ». Il
raconte: « En 1997,j'étais à Skopje,
la capitale .de la..Macédoine. Des
gens, des Turcs entre autres, attendaient
leurs passeurs, Nous .avons
bu le thé. Un des immigrants in'expliqua'
vouloir aller à lïrana,' d'où' il
comptait gagner l'Italie en :traversant
l'Adriatique. n me dit alors:,
"Habi [grand, frère], cette Adriati-'
que, c'est quoi exactement?
mer ou u/'tfleuve 7". »
Une
.
Marl~Jégo