Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basln Öz<strong>et</strong>i .Les chrétiens irakiens en danger En ce vendredi, jour férié, ils sont venus en nombre passer l'aprèsmidi dans la cour <strong>de</strong> ce monastère <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> Mossoul. Trouver un peu <strong>de</strong> réconfort. Ils le connént furtivement, comm(!à . regr<strong>et</strong>: pour les chrétiens d'Irak, les temps sont durs. « Le pouvoir, lui, nous protège, s'empresse <strong>de</strong> préc~ser leurs JI, ont assuré les ficiellement, rien n'a autorités. les chré- changé. Mais, pour ne tiens <strong>de</strong> Mossoul, ber- pas se voir accusés ceau du christianisme d'être <strong>de</strong>s mécréants, dans le pays, sont, les hommes du Baas eux, persuadés que la ne prennent plus le religieuse était visée risque, comme par le pour sa foi. Car ils ...,. passé, <strong>de</strong> réprimer racontent aussi ce vil- .les manifestations lage chrétien <strong>de</strong> la antichrétiennes. région, attaqué par I!instrumentalisaune ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> fana- tion <strong>de</strong> l'islam par le tiques musulmans, ou , dictateur irakien <strong>de</strong>encore ces fi<strong>de</strong>les puis la guerre du Golfe .Au monastère <strong>de</strong> Darmati.l.:exo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chrétiens pourrait s'accélérer. une sœur. Mais, dans le peuple, chez les gens peu éduqués, c'est très différent. Il Il . Ya moins d'un mois, dans la région <strong>de</strong> Mossoul, une religieuse <strong>de</strong> 72 ans a été égorgée dans son sommeil. Arrêtés, les trois agresseurs ont été condamnés à mort, <strong>et</strong> exécutés. « Des va- agressés alors qu'ils a en fait beaucoup sortaient d'une église. compliqué la vie <strong>de</strong>s En Irak, ces mani- quelque 700000 chréfestations d'intoléran- tiens d'Irak, répartis ce religieuse sont ré- entre catholiques, centes. Attaché au pour la plupart chaldogme <strong>de</strong> la laïcité <strong>de</strong> déens, <strong>et</strong> orthodoxes. l'Etat, Saddam «Avec/es menaces Hussein m<strong>et</strong>tait au américaines, nous contraire un point sommes <strong>de</strong> plus en d'honneur à se poser plus souvent pris à en protecteur <strong>de</strong>s mi- . partie par nos voisins norités religieuses. Of- musulmans qui nous accusent d'être dans le camp <strong>de</strong>s Américains, <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur 'troisa<strong>de</strong>" JI, confie un chrétien <strong>de</strong> Mossoul. Chef <strong>de</strong> l'Eglise catholique d'Irak, le patriarche Raphaëll" Bidawid qui, il y a peu, dissuadait tous les fidèles tentés par l'exil, a aujourd'hui renoncé à le faire. le mouvement semble mairitenant irréversible. Dans les premières années <strong>de</strong> l'embargo, l'exil avait d'abord <strong>de</strong>s causes économiques. Appartenànt très souvent aux professions libé-. raies <strong>et</strong> intellectuelles, les chrétiens avaient été les premiers touchés par l'effondrement économiqu(!.Us disposaient, en outre, plus que la moyenne dès Irakiens, <strong>de</strong>s moyens suffisants pour tenter l'expatriation. Ces <strong>de</strong>rnières années, leur inquiétu<strong>de</strong> a accéléré c<strong>et</strong> exo<strong>de</strong> silencieux. Et il pourrait s'accroître: plus que tous les autres Irakiens, les chrétiens craignent un éventuel après-Saddam, qui m<strong>et</strong>trait fin à la laïcité officielle <strong>de</strong> l'Etat III E.S.-M. ~ ancestrales, qui r<strong>et</strong>rouvent leur rôle en Irak. C'est l'autre carte que joue <strong>de</strong> distribution sociale. «Chez notre cheikh, Sadd am <strong>de</strong>puis la guerre du Golfe. il Y a une gran<strong>de</strong> boÎte où chacun «Il veut éviter que les chiites <strong>et</strong> les isla. m<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'argent selon ses moyens, pour ai<strong>de</strong>r mistes puissent l'affaiblir en l'accusant les pauvres ", explique Abou Nour. d'être un mécréant ", observe un diplo- Mais l'argent ne va pas aux seuls mate occi<strong>de</strong>ntal. Dès 1993,illançait une pauvres. Avec quelques amis, Abou Cl gran<strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> piété n. Depuis, Nour vient justement <strong>de</strong> réunir 5 mil- . les mosquées nouvelles ont surgi <strong>de</strong> lions <strong>de</strong> dinars (environ 2 500 euros), afin <strong>de</strong> répondre à une souscription lan- . partout. Fruit <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te « conversion n brutale cée par son chef <strong>de</strong> tribu pour la <strong>de</strong> Saddam, <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> l'effondrement construction d'une mosquée. L'emprise d'un système éducatif qui fut le plus <strong>de</strong> la religion ne cesse <strong>de</strong> s'accroître performant <strong>de</strong> la région, la crispation I 18 octobre 2002 I LE POINT religieuse est sensible partout, singulièrement en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> Bagdad. Les minorités chrétiennes en sont les pre- .rnières victimes.(lire encadré), mais elle concerne toute la société. A Mossoul, par exemple, on ne voit guère <strong>de</strong> femme sans le hijab. Dans ce pays qui faisait jadis figure d'îlot <strong>de</strong> laïcité, où le régi. me baasiste revendiquait l'émancipation <strong>de</strong>s femmes, la régression est spectaculaire. Pour la première fOis,pendant le <strong>de</strong>rnier ramadan, on a vu à Bagdad <strong>de</strong>s policiers armés <strong>de</strong> bâtons poursuivre les fumeurs. le mamon faible chiite Geste symbolique parmi une multitu<strong>de</strong> d'autres, Saddam Hussein a, voilà quelques jours, annoncé le don <strong>de</strong> 1milliard <strong>de</strong> dinars irakiens (500 000 euros) pour la réfection du mausolée <strong>de</strong> l'imam Hussein à Kerbala, une <strong>de</strong>s villes saintes du chiisme. C'est que les manifestations <strong>de</strong> piété du lea<strong>de</strong>r irakien s'adressent d'abord aux chiites, considérés comme le point faible du régime. Leur soulèvement, en 1991,n'avait été maté que par une sanglante répression. C'est d'ailleurs au cours <strong>de</strong> celle-ci que le mausolée <strong>de</strong> Hussein avait été endommagé, alors qu'au moins 30000 personnes étaient tuées dans la ville. Saddam est persuadé qu'avec lesoutien <strong>de</strong> l'Iran, protecteur <strong>de</strong>s chiites, les Etats-Unisvont à nouveau tenter <strong>de</strong> sou- . lever les tribus chiites du Sud. Et, visiblement, il ne fait pas confiance à la seule religion pour s'assurer leur loyauté. Tout en ménageant les chefs <strong>de</strong> tribu, le régime renforce comme jamais son contrôle <strong>de</strong> la région. A Kerbala, dans chaque mosquée, les hommes du Mukhabarat, les services secr<strong>et</strong>s, seraient omniprésents, prêts. à faire taire promptement tout prêche véhément. A Bassora, un nouveau gouverneur vient d'être nommé. Ilest le plus proche collaborateur <strong>de</strong> Qousaï, fils <strong>et</strong> dauphin désigné <strong>de</strong> Saddam. Une main sur le Coran, l'autre sur le fusil, un œil sur les tribus, le prési<strong>de</strong>nt irakien tente <strong>de</strong> prévenir tout risque d'éclatement. Reste que, le jour <strong>de</strong> la guerre venu, ce sont les armes qui trancheront. Là, la supériorité américaine ne fait aucun doute. Mais, en réveillant les tribus <strong>et</strong> en remeHant la religion au centre <strong>de</strong> la vie politique, le raïs pourrait avoir amorcé <strong>de</strong>s bombes à r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>ment. De quoi faire <strong>de</strong> l'après-Saddam un véritable champ <strong>de</strong> mines .' 1. " La question irakienne ", <strong>de</strong> Pierre-Jean Luizard (Fayard). 'J 76
Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Baszn Oz<strong>et</strong>i 2002~ (~~14~) lOM17B (*1118) I • j: fi . $1~~~~~)~~'I n