Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê~Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basm Öz<strong>et</strong>i<br />
LE DÉBAT sur l'Irak à l'As- '<br />
semblée nationale, mardi<br />
8 octobre, a confirmé plusieurs<br />
vérités. La première est qu'il est<br />
fondamental que les représentants<br />
du peuple aient leur mot à<br />
dire en politique étrangère.<br />
C'est essentiel quand il en va <strong>de</strong><br />
la paix <strong>et</strong> <strong>de</strong> la guerre dans une<br />
région proche <strong>de</strong> l'Europe, le<br />
Moyen-Orient. Et c'est Impératif<br />
quand la France pourrait y<br />
être associée à' <strong>de</strong>s opéJ:ations<br />
,militaires: La qualité du débat,<br />
mardi, a, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue,<br />
réconforté tous ceux qui jugent,<br />
à raison, que le gouvernement<br />
'doit rendre compte à l'Assemblée<br />
<strong>de</strong> la politique extérieure<br />
<strong>de</strong> la France.<br />
La <strong>de</strong>uxième vérité est que<br />
l'ensemble <strong>de</strong>s interventions,<br />
,<strong>de</strong> la droite à la gauche, a manifesté<br />
sur l'Irak une sensibilité<br />
comm,une. Elle exprime ,un<br />
feMon<strong>de</strong><br />
ÉDITORIAL<br />
JEUDll0 OCTOBRE 2002<br />
La France <strong>et</strong> l'Irak<br />
rej<strong>et</strong> d'une certaine approche<br />
américaine, ceUe qui consiste à<br />
voit le, mon<strong>de</strong> « en noir <strong>et</strong><br />
blanc », en « Bien <strong>et</strong> Mal », celle,'<br />
qui, au nom <strong>de</strong> l'action préventive,<br />
envisage la guerre comme:<br />
un premier recours, celle qui<br />
estime que les Etats-Unis ne<br />
sont pas liés par le droit commun<br />
international. Le premier<br />
ministre, Jean-Pierre Raffarin,<br />
a parfaitement exprimé c<strong>et</strong>te<br />
sensibilité'.<br />
Il a repris à son compte le<br />
,mot d'Hubert Védrine sur la '<br />
« vision simpliste» <strong>de</strong> Washing- '<br />
ton; il a jugé qu'il fallait toujours<br />
donner une chance aux<br />
alternatives à la guerre; il a estimé<br />
que la seule légalité Interna-<br />
,tionale procédait du Conseil <strong>de</strong><br />
sécurité <strong>de</strong> l'ONU, <strong>et</strong> que les<br />
résolutions <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>vaient<br />
s'appliquer à l'Irak mais aus"<br />
si au conflit israélo-palestinien.<br />
C'est d'autant plus not~~le que,<br />
M. Raffarin vientd'une'famille<br />
politique «atlantiste », où l'on'<br />
a toujours attaché du prix à la<br />
solidarité avec les Etats-Unis.<br />
Appuyé par Alain Juppé <strong>et</strong><br />
Edouard Balladur, <strong>de</strong>ux anciens<br />
premiers ministres, M. Raffarin<br />
a 'refusé l'automaticité <strong>de</strong> la<br />
guerre contre Saddam Hussein.<br />
. La France veut <strong>de</strong>ux résolutions<br />
ou une résolution à double<br />
détente: d'abord laisser leur<br />
chance aux inspecteurs du<br />
désarmement <strong>de</strong> l'Irak; ensuite,<br />
déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'action à' entre- ,<br />
prendre au cas où l'Irak ferait<br />
,obstruction aux inspections.<br />
Etant entendu que la France<br />
conçoit les inspections comme<br />
un exercice réel <strong>et</strong> non comme<br />
l'habillage diplomatique précédant<br />
une guerre décidée à<br />
.l'avance.<br />
Mais là paraît s'arrêter l'unanimité.<br />
La gauche a semblé laisser<br />
entendre que la France<br />
<strong>de</strong>vrait s'opposer à toute opération<br />
militaire contre l'Irak.<br />
M. Raffarin s'y refuse. Il ne veut<br />
« exclure aucune option» face à,<br />
un Saddam Hussein récalcitrant,<br />
dès lors qu'eUe aurait l'appui<br />
du Conseil. M.Juppé a rappelé<br />
la position du prési<strong>de</strong>nt<br />
Jacques Chirac, «prêt à examiner<br />
toutes lesoptions ». Le ministre<br />
<strong>de</strong>s affaires étrangères,<br />
Dominique <strong>de</strong> Villepln, explique<br />
que le mécanisme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
résolutions perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> faire<br />
, «la pédagogie» <strong>de</strong> l'opinion,<br />
dans l'hypothèse d'une Intervention<br />
militaire. M. Balladur,.<br />
qui, prési<strong>de</strong> la commission <strong>de</strong>s<br />
affaires étrangères, <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
qu'une «éventuelle intervention<br />
soit bien préparée <strong>et</strong> justifiée ».<br />
Sur fond sonore commu", à<br />
l'Assemblée, les partitions<br />
, n'étaient pas tout à fait semblables<br />
..<br />
LE nOARO JEUDI 10 OCTOBRE 2002<br />
Éditorial<br />
i •••••.••••••••••••••••••••.••.••.••••: ••••••••••••.•••••.<br />
Irak,<br />
,la France<br />
confortée<br />
tive »-ni <strong>de</strong> « changement <strong>de</strong><br />
regime » à Bagdad. Dans son<br />
discours <strong>de</strong> Cincinnati, il<br />
n'était plus question que du<br />
vrai problème : les armes <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>struction massive irakiennes<br />
<strong>et</strong> la nécessité d'obtenir<br />
<strong>de</strong> Saddam Hussein qu'il<br />
désarme. La guerre ne serait<br />
plus, à entendre' George<br />
W. Bush, « ni imminente, ni<br />
inévitàble ».<br />
Depuis les rodomonta<strong>de</strong>s<br />
belliqueuses <strong>de</strong> l'été, le chemin<br />
parcouru est considérable.<br />
nreflète les hésitations<br />
LABATAD..LEquelaFrance d'une opinion américaine<br />
, ,mène pour sauver les moins va-t-en-guerre que la<br />
, NatioD;sul!ies est ep- classe politique. Mais les<br />
core lomd'<strong>et</strong>re gagnee. Etats-Unis ont aussi fmi par<br />
Mais, grâce à elle, une conver- ~omprendre qu'ils ne sauront<br />
gence paraît enfin possible .'être efficaces s'il" s'entêtent<br />
entre les membres du Conseil à agir seuls. Sans doute se<br />
<strong>de</strong> sécùrité à propos <strong>de</strong> l'Irak.' sont-ils rendu compte q~e<br />
Les Etats-Unis ont - au l'entreprise risquait <strong>de</strong> déstamoins<br />
pour le moment - re-, biliser tout le Proche-Orient<br />
,noncé à imposer la loi du plus:, , si nn maximum <strong>de</strong> précau~<br />
.fort. Depuis que l'on a pu l'en-' tions n'était pas pris avant <strong>de</strong><br />
traîner sur le terrain <strong>de</strong> la lancer.<br />
l'ONU, le prési<strong>de</strong>nt Bush ne ' Dès le début, la France a<br />
parle plus <strong>de</strong> «guerre preven- én(lncé une position <strong>de</strong> lion<br />
sens à laquèlle chacun est en,<br />
train <strong>de</strong> se rallier: aucune faiblesse,<br />
aucune complaisance à<br />
l'égard <strong>de</strong> Saddam Hussein ;<br />
mais, en r<strong>et</strong>our, une défense<br />
..tout aussi intransigeante <strong>de</strong> la<br />
.légalité internationale. En<br />
conséquence, le recours à la.<br />
force, s'il a lieu, <strong>de</strong>vra être décidé<br />
par le Conseil<strong>de</strong> sécurité<br />
<strong>de</strong> l'ONU,<strong>et</strong> lui seul. '<br />
. Tandis que la Chine reste<br />
un observateur distant, la<br />
Russie a fait sa part du chernin.<br />
Elle accepte maintenant<br />
qu'il y ait une nouvelle résolution<br />
précisant les conditions<br />
<strong>de</strong> l'envoi en Irak <strong>de</strong>s observateurs<br />
en désarmement; La '<br />
• Gran<strong>de</strong>"Br<strong>et</strong>agne, elle-même,<br />
a cessé <strong>de</strong> Justifier les exagérations<br />
americaines, <strong>et</strong> insiste<br />
. sur le passage obligé par<br />
l'ONU.Enfin, l'Allemagne a dû<br />
s'appuyer sur la France pour<br />
sortir <strong>de</strong> l'isolement dans lequel<br />
ses positions pacifistes à<br />
tous crins l'avaient conduite<br />
pendant la campagrie électo-<br />
. raie récente.<br />
En raison <strong>de</strong>s excès <strong>de</strong> cha-<br />
CUD,Palis est <strong>de</strong>venu l'interlocuteur<br />
privilégié. Les convergences<br />
confortent l'idée<br />
trançaise d'une démarche en<br />
<strong>de</strong>ux temps: d'abord, muscler<br />
les inspections <strong>de</strong> l'ONU, <strong>et</strong>,<br />
ensuite seulement, prevoir un<br />
recours. aux armes; unique-<br />
~ent dans l'hypothèse où Saddam<br />
Hussein tenterait <strong>de</strong> s'y<br />
soustraire.<br />
L'épreuve <strong>de</strong> force continue<br />
avec les Etats-Unis. Les Américains<br />
veulent une clause qui<br />
les autoriserait, eux, à agir en<br />
cas <strong>de</strong> manquement irakien.<br />
<strong>Paris</strong> résiste. Illui faut rallier à<br />
sa cause les indécis, tout en<br />
mamtenant Washington dans<br />
lejeu <strong>de</strong> l'ONU.<br />
L'exercice est périlleux. Il a<br />
été mené jusqu'ici avec<br />
adresse. Mais l'enjeu est tel<br />
qu'on ne lui donne encore<br />
qu'une chance sur <strong>de</strong>ux <strong>de</strong><br />
succès. Ilen va <strong>de</strong> la crédibilité .<br />
du Conseil <strong>de</strong> sécurité <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l'ensemble du système <strong>de</strong>s Nations<br />
unies..<br />
Pierre Rousselin<br />
58