Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Rev~è de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm Özeti N 0- o ,N t.IJ ",: i:C o l- U o 0... :J o annee ~ zero ~ Washington se flatte de pouvoir établir une démocratie en ~rak. 'Mais l'histoire de ce pays laisse entrevoir un après~Saddam très incertain. THE NEW YORK TIM~ coups d'Etat incessants perpétrés par les dif- New York férents groupes ethniques et politiques ras. semblés par les Britanniques à l'intérieur des uand je pense au plan du président frontières irakiennes. En juillet 1958, le roi Fay- Bush pour se débarrasser de Saddam çal II est abattu dans la cour de son palais par, Hussein et établir une démoCratie en wi,groupe dè'Oùlitaires dirigés par le général Irak, une question me vient sans cesse, Abd al-Karim Kassem et le colonel Abd al- , à l'esprit: est-ce l'Irak qui est à l'image Salem Aref. Quelques mois plus tard, Kassem de son dirigeant ou bien l'inverse'? Plus évince Aref, jugé trop proche des nationalistes précisément, l'Irak est-il une dictature tota- arabes, favorables à l'union avec l'Egypte de litaire aux mains d'un homme dur et cruel Nas~er. Vers la même époque, le jeune Saddam parce que le pays est une sorte de Yougoslavie participe à une tentative,manquée d'assassinat arabe - un Etat lu-tificielet fondamentalement contre ~ssem. En 1959, ce dernier exécute luitribal, établi par les Britanniques, et peuplé de même un grand nombre de nationalistes irakiens chiites au sud, de Kurdes au nord et de sun- à Mossoul. En 1963, Aref rentre d'exil et abat nites au centre - où les vieilles rivalités èth- Kassem. Quelque temps plus tard, avec des radiniques ne peuvent être traitées que par un per- caux du parti Baas, il fait sauvagement assassisonnage comme Saddam Hussein? ner et torturer des milliers de communistes dans Ou bien l'Irak constitue-t-il aujourd'hui tout le pays. TIgouverne jusqu'en 1966, date à une véritable nation? Une nation dont le laquelle il trouve la mort dans un accident d'hépeuple, talentueux et cultivé, formera, une Iicoptère. Son frère lui succède, mais son goudémocratie fédérale une fois le gouvernemerit vernement est renveJ;"séen 1968 par Saddam musclé de Saddam Hussein remplacé par Hussein et sOQclan du village deTikrit. C'est un régime plus éclairé. alors que Sadda~ commence 'à envoyer ses La réponse est cruciale, car une invasion opposants dans la prison Qasr al-Nahiya, le de l'Irak impliquerait que les Etats-Unis se "palais de la dernière heure". Depuis 1958, chargent de reconstruire le pays. Si nous enva- tous les régimes militaires de Bagdad dominés hissons l'Irak, nous en prenons pos'session. par les sunnites ont commencé par entrete-' Et, si nous en prenons possession, nous devons: nir de bonnes relations avec les Kurdes du nord le reconstruire; Comme la,tâche est colossale, du pays et fini par les combattre. nous devons comprendre avec quels matériaux' Le 'problème, dans le cas de l'Irak, est qu'il nous serons amenés à travailler. faut partir de zéro. Le pays est riche en res- Un rapide survol de l'histoire de l'Irak avant: sources naturelles et son peuple est relativel'arriv~e de Saddam Hussein peut être instructif ment instruit, mais il est dépourvu des bases à cet égard. La situation n'avait rien d'idyllique. de la société civile ou de l'Etat de droit qui C~tait une sag~ d'intrigues, d'assassinats et de nous ont permis, dans l'Allemagne et le Japon en ruines, de construire rapiçlement une démocratie au lendemain de la Seconde Q.u~1}"e_mondiale.Le dernie~ßirige~t i~ki~ favorable à l'Etat de droit a sans doute été Hammourabi, le roi qui a fondé l'empire de Babylone au xVIII"siècle avant notre ère. Une fois Saddam Hussein parti, on peut donc s'attendre à un vide du pouvoir et à un regain des vendettas meurtrières et des tensions ethniques entre les Kurdes, les sunnites et les chiites. Ce n'est certes pas une raison' pour né pas chasse!: Saddam Hussein. Mais c'en est une pour préparer le peuple américain à un processus de reconstruction long et coûteux et pour s'aSsurer le soutien du plus grand nombre possible' de pays alliés. On ne peut éviter l'opération d'édification, car, pour s'emparer des armes de destruction massive irakiennes, il faut démanteler le régime, puis le reconstruire. L'inquiétant, avec l'équipe Bush, c'est qu'elle semble beaucoup plus habile à détruire qu'à construire. Pour édifier une nation, il faut être doté d'un certain optimisme naïf. Je crains que le gouvernement Bush ne soit trop cynique pour cela. Un ami irakien bien informé m'a dit être convaincu que, le lendemain d'une invasion b.méricaine,nps troupes seraient bien accueillies par le peuple irakien et que le régime ne tar- .derait pas à tomber. Mais c'est le surlendemain que nous devons préparer. Dans le meilleur des cas, un homme fort "sympathique" sortira des rangs de l'armée irakienne pour présider la transition vers un régime démocratique, tandis que les Etats-Unis se contenteront de lui apporter leur soutien. Dans la pire éventualité, l'Irak sera entièrement détruit et se désintégrera entre nos mains, avec toutes les tensions internes qui le minent, en particulier celles qui opposent de longue date la minorité sunnite au pouvoir et la majorité éhiite mécontente. Dans ce cas, George Bush devra devenir l'homme fort de l'Irak -la main de fer qui préservera l'unité du pays, redistribuera progressivem~nt les richesses pétrolières et supervisera une transition beaucoup plus longue vers la démocratie. Selon mon ami irakien, celui qui se targue de connaître le scénario qui va se produire ne connaît pas l'Irak. Thomas Friedman . .' DansIe Sud, le scénario du chaos Vengeance des chiites contre les représentants de Saddam Hussein, montée en puissance de l'Iran: d'une intervention les conséquences seront difficilement 50 américaine contrôlables. THE NEW YORK TIMES New,York tent 60 % de la population du pays mais n'ont jamais été au pouvoir, déferieront dans les DE NAJAF (IAAK), nielles étroites de la ville; Gardant en mémoire ès que les soldats américains défileront les rumeurs qui couraient sur le marché et qui dans les palàis de Saddam Hussein, il. racontaient comment les séides de Saddam eS,tfort probable que la cité sainte .chiite Hussein avaient brûlé la barbe d'une personde Najaf, à quelque 150 kilomètres au nalité importante du chiisme local, Mohamsud de Bagdad, sombre dans une orgie med Bakr al-Qadr, puis comment ils avaient de violencès. Les chiites, qui représen- violé et tué sa sœur sous ses yeux avant de l'eX~ .
Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm ()zeti cuter en lui enfonçant des clous dans le crâne, les rebelles furent pendus aux réverbères,ou traÎ-' conservateurs iraniens doivent 'saliver à l'idée, les rebelles mettront en pièces quiconque sera nés derrière les chars. NassimJawad, un joaillier, que les Etats-Unis engendrent en toute naïveté soupçonné d'être lié au parti Baas. de 40 ans, se souvient: "Ils [la rebeJJes) ont brûlé un Irak chiite, ce qui permettrait aux deux Dans chaque ville chiite, il faudra s'attendre les supermarchés, détruit les laIxm:uoires, les écoles, , pays de mettre en commun leurs ressources à des affrontements entre les insurgés et l'armée, les Mpit,aux." TIdéfend prudemment la thèse offi-' nucléaires et de fabriquer la bombe ensemble. à des appels répétés à l'établissement d'une théo- cielle qui veut que la rébellion ait été déclenchée Certes, on peut aussi envisager des' scécratie à l'iranienne et peut-être à une véritable par des provocateurs iraniens et qu'elle ne pUÏ$se narios moins sombres. L'Irak s'enorgueillit d'lin guerre civile.Ces derniers jours, je me suis rendu plus se reprodui~e aujourd'hui, mais je ~uis taux d'alphabétisation de 95 % et abrite une danS ces villes chiites, Karbala, Najaf, Bassorah. convaincu du contraire. classe moyenne laique qui pourrait éventuel- Sur les marchés, la tension est palpable. A Bassorah, j'ai demandé à un haut res- lement servir de terreau à une démocratie qui, Alors quoi, après Saddam le déluge*? C'est ponsable du parti s'il ~e craignait pas que sa à son tour, jouerait un rôle de modèle pour précisément ce qui s'est passé à la fin de la guerre famille et lui soient pris à partie par la foule en le monde arabe. Donc, c'est très bien de croire, du Golfe, e'n 1991. Le pouvoir centràl com- colère. TIm'a opposé des protestations si véhé-- en la démocratie, mais il faut aussi se préparer , mençant à vaciller, les chiites se révoltèrent à mentes que je n'ai pu m'empêcher de me dire au risque d'une guerre civile. Si nous envahis- Bassorah et le soulèvement s'étendit rapidement. que cette seule idée devait souvent le priver de soris l'Irak, faisons-le en toute connaissance de Ici, à Najaf, les rebelles jetèrent par les fenêtres sommeil. Si les Etats-Unis imposent la démo- cause. Le défi le plus épineux auquel nous ,les représentants du parti Baas qui fmirent cratie en Irak, cela reviendra à arracher le pou- sommes confrontés n'est pas de renverser déchiquetés par la foule. Les émeutiers violèrent voir aux 17 % de sunnites qui contrôlent l'ar- Saddam Hussein, mais de gérer pendant les 'et assassinèrent des enfants devant leurSparents. mée et l'administration pour le confier aux 60 % dix ans qui suivront le b6u1eversementqu'a~ Deux semaines plus tard, tandis que les forces' de chiites-avec comme résultat une inßue~ce déclenché sa chute. ,- américaines restaiend'arme au pied, la répres'" accrue de l'Iran. C'est ici, à Najaf, que l'aya- NIcholas D. KrIstof sion de Saddam .Hu~ein fut tout aussi brutale, tollah Khomeyni a vécu treize ans en exil. Les .. En françaisdans le texte. N o N J.Ll p::: al o I- U ,0 0- ::> Dans quelques mois, le régime de Saddam Hussein entrera vraisemblablement dans l'Histoire. Il appartient dès lors aux Arabes et aux Américains de décider à quoi devra ressembler le nouvel Irak. Crucial, son f.lvenirne peut être laissé aux seuls aléas de la guerre, quel qu'en soit le coût humain. Il ne s'agit pas ici dU,seulavenir de l'irak, mais aussi dè celui des autres régimes totalitaires du Moyen-Orient. Une démocratie irakienne devrait idéalement servir de modèle à toute'la région. Le régime irakien est connu pour être particulièrement barbare, une barbarie qui repose entre autres sur la structure démographiquedu pays. Les Britanniquesavaient, au début du XX" siècle, décidé de confier à la minorité arabe sunnite le contrôle et la répression des deux grandes communautés qui constituent la majorité du pays: les A~abes chii~~~"e:tles Kurdes. Dans cette logique, les sunnites se débarrassèrent ensuite rapidement de deux minorités confessionnelles : les chrétiens assyriens, ' massacrés en masse dans les années 30: et les juifs, contraints à l'exode au début des années 50. A,cejour, sunnites, chiites et Kurdes n'ont jamais fait l'expérience concrète d'un projet politique commun, et il est,dès lors difficile de parler d'une identité vu D'ISRAEL Un Irak fédéral et démocratique ? , ' Dans une tonalité Inhabituelle,' " le grand Journalpopulaire Israélien nationale irakienne. Ce n'est pas une ralsein envisage un avenir démocratique pour que les Etats-Unis ne tentent pas "expour l'Irak et recommande périence inédite d'un régime irakien fondé d'y parvenir par la concertation. sur la démocratie. Cette expérience devrait être concertée avec de nouveauxdirigeants irakiens, et surtout pas imposée sous la forme d'un diktat néocolonial. Il faut certes tenir compte de l'environnement géographique de l'Irak et des inquiétudes qu'ont l,esEtats ~oisins. Toutefois,i1 serait impensable de maintenir un système fondé sur le pouvoir exclusif de la minorité sunnite. Prônerla restauration de la monarchie sunnite hachémite (renverséeen 1958), est hors de propos. Il faut donc envisager sérieusementle scénariod'un système fédé. , rai fondé sur la reconnaissancede trois communautés' ethno-confesslonnelles constitu- ,tives. Ce dont ,l'Irak a besoin, c'est d'un régime parlementaire et d'un gouvernement représentatifs, et non plus d'une dictature monarchique ou républicaine. Les deux dirigeants kurdes d'Irak, Massoud Barzaniet Jalal Talabani, ont déjà fait savoir qu'ils accueilleraient favorablement une réforme de l'Irak sur le mode fédéral, g8ra~ , tissant ainsi la sauvegarde des frQntières politiques du pays. Si les intentions d'une direction chiite décapitée sont moins claires: - il Y a toutefois lieu de supposer que les Arabes chiites préféreront se consolider un statut en Irak plutôt qu'envisager une annexion de facto à l'Iran voisin, certes chiite, mais pas arabe. Les sunnites seront évidemment les perdants politiques de cette redistribution des cartes, mais peut-être comprendront-ilsqu'ils ne peuvent plus s'imposer par la seule force du glaive. Il est permis de douter de la capacité de l'opposition irakienne en exil à imprimer un tel changement. Elle est trop divisée! vit depuis trop longtemps en exil et est considérée par beaucoup comme un instrument: au service d'Intérêts étrangers. L'expérience et la logique indiquent plutôt que, en cas , d'attaque américaine, nombre d'officiers irakiens rendront les armes ou se soumettront aUxchefs de la guérilla kurde, ta~ dis que les dirigeants chiites sortiront du bois lorsqu'ils sentiront vaciller lerégime tyrannique de Saddam Hussein. Dans une région qui n'a jamais conn,u la démocratie, une réforme de cette ampleur ne s'instituera peut-être pas du jour au le~ demain, mais il faut tenter d'en jeter les bases. Un nouvel Irak, démocratisé et réconcilié avec l'Occident, pourrait servir de modèle à tous les Etats arabes. Il ne faudrait même pas exclure que ce nouvel Irak noue des relations normales avec Israël, tant le trinôme jordano-iràko-israélien semble constituer un ensemble géopolitique naturel. De l'Empire babylonien à nos jours, cette région a toujours été un pôle mondial, régional et arabe. Il n'y a donc aucune raison pour qu'une nouvelle civilisation ne puisse pas renaître et fournir un nouvel espoir aux peuples arabes. , Guy BeIdIor, AharaIIot, Tel Aviv -< 51
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