Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista StampcFDentro <strong>de</strong> la Prensa-Baszn Öz<strong>et</strong>i<br />
mais. d'autres formes primitives' <strong>de</strong> .<br />
.contrôle économique seront inventée!!.<br />
.Eçhec au .Koweït<br />
ALORS que l'environnement régional<br />
<strong>et</strong> global, qui avait permis l'afflf-<br />
.mation duiiàtionalisme<br />
arabe, se transforme<br />
- notaniIDent après la défaite <strong>de</strong><br />
. l'Egypte, <strong>de</strong> la Syrie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Jordanie <strong>de</strong><br />
juin 1967 -, le nationalisme irakien est<br />
appelé à combler le vi<strong>de</strong>. Des heurts vont<br />
se produire lorsque ces forces sociales <strong>et</strong><br />
ces discours contradictoires seront<br />
. mariés <strong>de</strong> force, mais une forme '<strong>de</strong> cohabitation<br />
s'installe. Et chaque fois qu'une<br />
crise éclate, <strong>de</strong>s réformes sont introduites<br />
pour rétablir l'éq.uilibre détruit. Le prési<strong>de</strong>nt<br />
Saddam Hussein sera le grand<br />
maître <strong>de</strong> ces réadaptations flexibles.<br />
La guerre entre l'Irak <strong>et</strong> l'Iran, puis la<br />
guerre du Golfe imposeront <strong>de</strong>s restructurations<br />
. constantes. Pendant les huit<br />
~es <strong>de</strong> so.u~ce <strong>de</strong>..~;jlffrontemen~<br />
avec la « révolution islamique », la religion<br />
<strong>de</strong>viendra un enjeu politique: l'insoumission<br />
<strong>de</strong> la partie chiite <strong>de</strong> la<br />
popwation arabe irakienne <strong>et</strong> son attitu<strong>de</strong><br />
à l'égard <strong>de</strong> la République isla-<br />
, mique '<strong>de</strong> l'ayatollah Khomeyni sont au<br />
centre <strong>de</strong>s préoccupations <strong>de</strong> ~agdad.<br />
VEtat, affaibli par ce long conflit, perd<br />
le contrôle sur <strong>de</strong> nombreuses tribus <strong>et</strong><br />
l'on assiste à un renforcement du tribalisme.<br />
La guerre engloutit les 38 milliards<br />
<strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> réserves <strong>et</strong> laisse le<br />
pays en<strong>de</strong>tté à hauteur <strong>de</strong> quelque<br />
50 milliards. Varmée, qui compte désormais<br />
un million <strong>de</strong> combattants, donne<br />
<strong>de</strong>s signes d'agitation. La génération <strong>de</strong><br />
la guerre pense reprendre la vie civile <strong>et</strong><br />
prospère qu'elle a connue auparavant, <strong>et</strong><br />
les soldats semblent dangereusement<br />
. hors <strong>de</strong> contrôle. Les structures <strong>de</strong> pou- .<br />
voir <strong>et</strong> "les mécanismes d'ajustement<br />
sociaux sont grippés. C'est dans ce<br />
contexte -que survienÇle 2'août 1990;<br />
l'invasion 'du Koweït, qui vjse notamment<br />
à rétablir la stabilité interne.<br />
. La défaite <strong>de</strong> 199La; entraîné .une<br />
crise structurelle e~chronique, qui comporte<br />
au moins cinq dimensions. En tant<br />
qu'instrument <strong>de</strong> gouvernance, l'Etat<br />
s'est r<strong>et</strong>rouvé sérieusement affaibli.<br />
eappareil militaire a été ramené à environ<br />
un tiers <strong>de</strong> sa taille d'avant la guerre<br />
<strong>et</strong> il est handicapé par les mutineries<br />
'locales qui affectent avant toutle Kurdistan<br />
au nord <strong>et</strong> le Sud à majorité<br />
chiite, d'autant que les Etats-Unis y instaurent<br />
<strong>de</strong>ux zones d'exclusion aérienne.<br />
Les services <strong>de</strong> sécurité ont gravement<br />
souffert lors <strong>de</strong> l'Intifada du printemps<br />
1991 ; ils ont perdu beaucoup <strong>de</strong> don-'<br />
nées <strong>et</strong> <strong>de</strong> personnel qualifié.<br />
. En second lieu, le système <strong>de</strong> contrôle'<br />
idéologique - à savoir le~ structures du<br />
Baas - a connu un affaiblissement parallèle.<br />
Les effectifs du parti, après avoir.<br />
culminé à 1 800 000 en 1990, avaient<br />
chuté <strong>de</strong> 40 % à la veille du loe congrès.<br />
<strong>de</strong> 1991. La baisse se poursuivra lors <strong>de</strong>s'<br />
Il' <strong>et</strong> 12' congrès (en 1996 <strong>et</strong> 2001). Les.<br />
désaffections sont surtout importantes'<br />
dans le Sud, à Bassorah, à Nasiriya <strong>et</strong><br />
dans le centre, à Hilla; à Najaf, à Karbala,<br />
en plus <strong>de</strong> Bagdad. Ces pertes ont<br />
diminué la capacité du Baas à diriger<br />
l'Etat <strong>et</strong> à contrôler la société.<br />
Troisièmement, les sanctions privent<br />
le gouvernement <strong>de</strong>s'immenses revenus<br />
pétroliers d'antan. Avec pour conséquence<br />
une baisse du PNB <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
75 % par rapport à 1982. Le revenu<br />
annuel par habitant, 'qui était <strong>de</strong><br />
4219 dollars, tombe à 485 en 1993. On<br />
l'estime aujo~d'hui à un peu plus <strong>de</strong><br />
300. A court d'argent, l'Etat augmente<br />
les impôts <strong>et</strong> fait marcher la planche' à<br />
bill<strong>et</strong>s. Le régime a perdu dans une large<br />
mesure sa capacité à s'assurer le soutien<br />
<strong>de</strong> larges couches <strong>de</strong> la société grâce aux<br />
services sociaux <strong>et</strong> au financement <strong>de</strong><br />
l'économie.<br />
Une nouvelle relation entre l'Etat <strong>et</strong> la<br />
société est en train <strong>de</strong> se forger, dans<br />
laquelle l'Etat n'a plus le monopole du<br />
pouvoir <strong>de</strong> l'argent. Véconomie planifiée,<br />
portée par la rente du pétrole, se<br />
fissure. Les forces du marché, encore<br />
embryonnaires, commencent néanmoins<br />
à ~ro<strong>de</strong>r le pouvoir <strong>de</strong> l'Etat.<br />
Ellquatrième lieu, on assiste au déclin<br />
<strong>de</strong>s couches moyennes salariées, jusqu'ici<br />
une base importante pour le Baas.<br />
Vhyperinflation les a privées <strong>de</strong> leur<br />
gagne-pain ~t ell~s vivoten~ av~c ~es<br />
allocations tres maIgres. Le dmar IrakIen<br />
valait 3,10 dollars avant la guerre; il en<br />
faut 3 000 en 1996 pour ach<strong>et</strong>er un seul<br />
dollar. Le taux d'échange, <strong>de</strong>puis, a<br />
oscillé entre 2000 <strong>et</strong> 12000 avant <strong>de</strong> se<br />
stabiliser autour <strong>de</strong> 2 000 dinars. Les<br />
gens en sont réduits à vendre. leurs vêtements<br />
leurs meubles, leurs livres, leurs<br />
bijo~ <strong>et</strong> même <strong>de</strong>s ustensiles <strong>de</strong> la vie<br />
quotidienne pour survivre. Ces couches<br />
moyennes ont perdu toutes leurs illusions,<br />
au point que l'idéologue <strong>et</strong> propagandiste<br />
officiel du Baas, le général<br />
Jabar MoUhsin, a pu verser publiquement<br />
une larme sur « les couches moyennes<br />
que nous avons perdues (3) ». Des. millions<br />
d'Irakiens émigrent en Jordanie, en<br />
Eurpeou aux Etats-Unis. '<br />
Enfin, la ~(légitimité révolutionnaire»<br />
- qui justifiait l' existe~ce, d~ ,partis .<br />
uniques <strong>et</strong> d'une économIe <strong>et</strong>atlsee - a<br />
subi <strong>de</strong>s coups sévères <strong>de</strong>puis la mort <strong>de</strong><br />
l'Union soviétique <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres modèles<br />
<strong>de</strong> parti unique est-européens, sans parler<br />
<strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>ste libéralisation<br />
en cours au Proche-Orient.<br />
Les conséquences désastreuses <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux guerres parfaitement inutiles ~nt<br />
ainsi provoqué un divorce entre le patnotisme<br />
populaire <strong>et</strong> le nationalisme officiel,<br />
<strong>et</strong> déclenché une dissi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />
masse <strong>de</strong>puis les soulèvements du printemps<br />
1991 écrasés dans le sang. Vhéritage<br />
du cessez-le-feu <strong>et</strong> <strong>de</strong>s résolutions .<br />
du Conseil <strong>de</strong> sécurité a imposé au<br />
régime <strong>de</strong>s contraintes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s handicaps<br />
sans précé<strong>de</strong>nt. Tout cela a contribué à<br />
<strong>de</strong>sserrer l'emprise <strong>de</strong> l'élite dirigeante<br />
sur les structures du pouvoir, tandis que<br />
l'Etat lui-même est trop fragilisé pour<br />
administrer les turbulentes masses<br />
urbaines, si divisées soient-elles. Des<br />
schismes au somm<strong>et</strong> étaient" inévitables<br />
<strong>et</strong> ils ont frappé au cœur <strong>de</strong> la maison<br />
principale, celle <strong>de</strong>s AI-Majid. Varmée <strong>et</strong><br />
le parti ont souffert <strong>de</strong> dissi<strong>de</strong>nces endémiques.<br />
Plus <strong>de</strong> I 500 officiers supérieurs<br />
<strong>et</strong> moyens se sont enfuis en Occi<strong>de</strong>nte<br />
Un grand.nombre <strong>de</strong> commissaires<br />
du parti ont <strong>de</strong>mandé l'asile à l'étranger.<br />
Les tribus ressuscitées<br />
POUR faire face à ces défis.sans précé<strong>de</strong>nt,<br />
le régime va m<strong>et</strong>tre en place, .<br />
sur une décennie, une stratégie <strong>de</strong> survie<br />
qui se résume en cinq points : m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong><br />
l'ordre dans la principale maison<br />
tribale; restructurer l'armée; ressusciter<br />
les .tribus à travers tout le pays pour<br />
qu'elles remplacent les organisations du<br />
parti; rajeunir l'arsenal. idéologique;<br />
déployer <strong>de</strong> nouveaux<br />
contrôle économique.<br />
instruments <strong>de</strong><br />
C'est la remise en ordre du clan au<br />
pouvoir, ainsi que la solution du<br />
dilemme <strong>de</strong> la succession, qui constituent<br />
le défi le plus redoutable. Le tribalisme<br />
à la tête <strong>de</strong> l'Etat reposait sur <strong>de</strong><br />
larges alliances <strong>de</strong>s clans sunnites autour<br />
du clan Beijat; ce <strong>de</strong>rnier se compose<br />
<strong>de</strong> dix branches, ou .sous-clans (ajkhad).<br />
Avant . .<br />
1968, les rivalités entre ces<br />
.<br />
branches avaient pour enjeu le pouvoir<br />
local traditionnel; <strong>de</strong>puis 1978, elles ont<br />
pour enjeu le pouvoir national. Malgré<br />
<strong>de</strong>s sentiments affichés <strong>de</strong> solidarité, le<br />
centre <strong>de</strong> pouvoir est passé brutalement<br />
<strong>de</strong> branche en branche, perturbant les<br />
rapports <strong>de</strong>s clans au parti <strong>et</strong> à l'Etat.<br />
Sept <strong>de</strong>s dix sous-clans seront durement<br />
frappés, avec <strong>de</strong>s réactions en chaîne.<br />
Vaccession à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> M. Saddam<br />
Hussein en 1979 - il remplace alors<br />
Hassan Al-Bakr, mais exerce déjà <strong>de</strong>puis<br />
longtemps l'essentiel du pouvoir - a<br />
pour conséquence <strong>de</strong> reléguer aux<br />
oubli<strong>et</strong>tes l'Albou Bakr (sous-clan dont<br />
était issu Hassan Al-Bakr) <strong>et</strong> d'installer<br />
aux leviers <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> l'Albou-Ghafour<br />
(sous-clan <strong>de</strong> M. Saddam Hussein).<br />
Les Takriti connaîtront le même sort.<br />
Dans les années 1980, M. Saddam Hussein<br />
s'appuie polir l'essentiel sur les<br />
trois principaux groupes <strong>de</strong> ses parents :<br />
ses trois <strong>de</strong>mi-frères (Albou Khattab),<br />
son cousin maternel, beau-frère <strong>et</strong><br />
ancien ministre <strong>de</strong> la défense, M. Adnan<br />
Khairoullah Tilfah (Albou Moussallat),<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>s éléments issus <strong>de</strong> la maison Al-<br />
Majid, branche du sous-clan Ghafoor.<br />
D'autres sous-clans, comme l'Albou<br />
Hazza (du général Omar Hazza) ou l'Albou<br />
Najam (du général Fadhil Barrak)<br />
ou encore l' Albou Mounim (du maréchal<br />
Mahir Rasheed) occupent alors une<br />
place importante, mais sans détenir <strong>de</strong>s<br />
postes-clés. Ces trois <strong>de</strong>rniers tomberont<br />
en disgrâce pendant <strong>et</strong> après la guerre<br />
avec 1'fran : leurs chefs seront exécutés<br />
<strong>et</strong> ils seront marginalisés.<br />
C'est l'ascension d'Al-Majid dans les<br />
années 1990 qui causera les plus gros<br />
problèmes. Elle va à l'encontre <strong>de</strong>s<br />
règles essentielles en vigueur dans le<br />
parti <strong>et</strong> dans l'armée: efficacité, états <strong>de</strong><br />
service, avancement à l'ancienn<strong>et</strong>é.<br />
Hussein Kamel, Saddam Kamel (tous<br />
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