Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka<br />
Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basm Öz<strong>et</strong>i<br />
kur<strong>de</strong>s avaient, dans un passé tout récent, connu le<br />
même sort. La Haute Cour constitutionnelle d'Ankara<br />
n'en est pas à sa première dissolution: <strong>de</strong>puis 1968, plus<br />
<strong>de</strong> vingt -trois partis politiques ont été bannis, tantôt au<br />
nom <strong>de</strong> la sécurité nationale, tantôt au nom du sacrosaint<br />
dogme <strong>de</strong> la laïcité kémaliste. Dans c<strong>et</strong>te longue<br />
liste, le Refah côtoie <strong>de</strong>s marxistes, <strong>de</strong>s nationalistes, <strong>de</strong>s<br />
kur<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong>s groupuscules d'extrême droite; ..<br />
POURQUOI TANT DE SUSPICION ET DE .<br />
violence à l'égard <strong>de</strong> la société civile qui empêche toute<br />
démocratisation du régime? L'un' <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong><br />
réponse à c<strong>et</strong>te question capitale est à chercher dans la<br />
perception <strong>de</strong> la classe dirigeante turque <strong>de</strong>s fragilités<br />
internes du pays. A l'entendre, le principal danger qui<br />
gu<strong>et</strong>te la Turquie, c'est la désintégration, l'implosion<br />
interne. Une telle perception a ceci <strong>de</strong> dangereux<br />
qu'elle pousse l'Etat, pàr un réflexe d'autodéfense<br />
contre un péril imaginaire, .à comm<strong>et</strong>tre les pire atrocités<br />
<strong>et</strong> à s'embourber dans <strong>de</strong>s alliances contre nature.<br />
Ainsi, le kémalisme, au nom <strong>de</strong> la défense <strong>de</strong> la "cita<strong>de</strong>lle<br />
turque assiégée", a systématiquement foulé aux<br />
pieds les droits <strong>de</strong>s minorités vivant en Turqllie, .les<br />
Arméniens d'abord, victimes d'une politique génocidaire;<br />
les Kur<strong>de</strong>s aujourd'hui, assimilés dans le langage<br />
officiel à <strong>de</strong>s "Turcs dè la montag.ne" ou à <strong>de</strong>s<br />
"terroristes ". Le conflit avec la Grèce, qui a connu son<br />
paroxysme avec l'occupation cie' la partie nord <strong>de</strong><br />
Chypre en 1975 ,est à .placer dans c<strong>et</strong>te même perception<br />
stratégique étriquée. I<strong>de</strong>m pour le conflit avec la<br />
Syrie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Irak sur le partage <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> l'Euphrate,<br />
qui risque <strong>de</strong> s'envenimer dans les années.à venir avec<br />
l'achèvement <strong>de</strong> vingt <strong>et</strong> un barrages géàhts dans l'Est<br />
<strong>de</strong> la Turquie. En refusant <strong>de</strong> mener une politique réaliste<br />
<strong>de</strong> coopération avec ses <strong>de</strong>ux voisins, Ankara leur<br />
a donné l'occasion d'exploiter ses contradictions<br />
internes. Le soutien multiforme <strong>de</strong> la Syrie au PKK est<br />
une réaction à la politique <strong>de</strong> la Turquie en matière <strong>de</strong><br />
partages <strong>de</strong>s eaux.<br />
_b ~::':L:Je ::all1ler le i,~uèll acœplanl Je se concerter<br />
reellement sur les enjeux hydrauliques régionaux, la<br />
Turquie <strong>de</strong>s généraux a cru bon <strong>de</strong> jouer la carte israélienne<br />
en signant une série d'accords militaires avec<br />
Tel-Aviv, quitte à entraîner une accélération <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong><br />
syrienne, <strong>et</strong> éventuellement irakienne <strong>et</strong> iranienne, au<br />
PKK <strong>et</strong> aux islamistes turcs. En voulant punir la Syrie<br />
par un rapprochement avec Israël, elle est en train <strong>de</strong><br />
monter tout le mon<strong>de</strong> arabo-islarnique contre elle. Au<br />
<strong>de</strong>rnier somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Conférence islamique à Téhéran,<br />
le prési<strong>de</strong>nt turc a dû claquer la porte <strong>et</strong> regagner son<br />
pays tant la réprobation <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la conférence<br />
à son égard était générale.<br />
Repoussée par l'Europe, malyue par les pays arabes<br />
voisins, la Turquie, membre important <strong>de</strong> l'Otan <strong>et</strong> allié<br />
stratégique <strong>de</strong>s Etats-Unis, se trouve aujourd'hui dans<br />
une position fort inconfortable. A ce titre, elle ne peut<br />
Les barrages <strong>de</strong> la discor<strong>de</strong><br />
A l'origine <strong>de</strong> la guerre souterraine qui oppose la Turquie à ses <strong>de</strong>ux voisins arabes, la Syrie<br />
<strong>et</strong> l'Irak, se trouve le gigantesque complexe hydraulique Ataturk. Ce proj<strong>et</strong>, dont les travaux<br />
ont déjà démarré il y a quelques années dans le Sud-Est anatolien, sur les sources<br />
du Tigre <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Euphrate, comprendra,<br />
à son achèvement, vingt<br />
<strong>et</strong> un barrages <strong>et</strong> dix-sept centrales<br />
électriques produisant 8 000<br />
mégawatts. Les eaux inon<strong>de</strong>ront<br />
une superficie <strong>de</strong> 73 000 km 2 sur<br />
une hauteur <strong>de</strong> 179 mètres. 4 100<br />
villages <strong>et</strong> 5 150 p<strong>et</strong>ites localités,<br />
pour la plupart kur<strong>de</strong>s, seront<br />
rayés <strong>de</strong> la carte. La première<br />
phase, qui a commencé en 1992, a<br />
couvert 8 000 km 2 <strong>et</strong> noyé 250 villages.<br />
Pour remplir le premier barrage<br />
construit, les autorités<br />
turques ont réduit drastiquement<br />
les quantités d'eau allouées à la<br />
Syrie <strong>et</strong> l'Irak, provoquant une<br />
15grave pénurie dans ces <strong>de</strong>ux pays.<br />
Dépendant <strong>de</strong> l'étranger pour sa<br />
rien refuser à Washington. Son rôle dans une éventuelle consommation énergétique, la<br />
frappeaméricaine contre l'Irak serait capital. Les Etats- Turquie, avec ce proj<strong>et</strong> gigantesque,<br />
compte réduire c<strong>et</strong>te<br />
Unis pourraient même se servir d'elle comme tête <strong>de</strong><br />
pont pour désintégrer \'Irak. Désintégration, suivie dépendance, grâce notamment à<br />
d'une guerre civile annoncée qui m<strong>et</strong>trait sur les roules l'électricité générée par les dixsept<br />
centrales prévues. Mais les<br />
<strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> réfugiés. Au nom du principe <strong>de</strong> l'ingérence<br />
humanitaire, les Etats-Unis saisiront c<strong>et</strong>te tragédie<br />
pour imposer, dans le Nord irakien, un mini-Etat . sont pas suffisantes. Ankara envi-<br />
considérations économiques ne<br />
kur<strong>de</strong> qui leur soit totalement inféodè. Les généraux sage aussi d'exporter une partie<br />
turcs pourront m<strong>et</strong>tre à profit le chaos programmé <strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te électricité <strong>et</strong> <strong>de</strong> ces eaux<br />
annoncé pour rem<strong>et</strong>tre à l'ordre du jour leurs revendications<br />
territoriales sur la riche province irakienne <strong>de</strong> dépens <strong>de</strong> la Syrie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Irak qui<br />
vers les pays arabes <strong>et</strong> Israël, aux<br />
Mossoul, où vivent plusieurs centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> crient au hold-up hydraulique. Les<br />
Turkmènes <strong>et</strong> dont le sous-sol recèle <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays font valoir que ces <strong>de</strong>ux<br />
réserves <strong>de</strong> pétrole. Ce scénario simpliste risque <strong>de</strong><br />
fleuves sont internationaux <strong>et</strong> il<br />
n'est pas admis qu'un seul pays,<br />
m<strong>et</strong>tre tout le Moyen-Orient à feu <strong>et</strong> à sang. La Turquie<br />
en l'occurrence la Turquie, en dispose<br />
à sa guise <strong>et</strong> en fasse un ins-<br />
elle-même ne pourra pas être épargnée. C<strong>et</strong> Etat kur<strong>de</strong><br />
sera, à n'en pas douter, un facteur <strong>de</strong> désintégration <strong>de</strong><br />
trument <strong>de</strong> chantage.<br />
toute la région.<br />
Mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s calculs politiques,<br />
le proj<strong>et</strong> aura <strong>de</strong>s consé-<br />
Il y a cependant une autre voie que le régime turc<br />
rechigne encore à suivre, c'est celle <strong>de</strong> la démocratisation<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la réconciliation avec la.société civile. Le l'environnement, la faune <strong>et</strong> la<br />
quences néfastes sur le climat,<br />
courant islamique, qui représente près <strong>de</strong> 25 % <strong>de</strong> flore. Il risque surtout d'engloutir<br />
l'électorat, ne peut plus être éradiqué <strong>de</strong> la scène politique.<br />
Les élections générales qui doivent se dérouler archéologiques prestigieux, en<br />
une région qui comporte <strong>de</strong>s sites<br />
c<strong>et</strong>te année seront un test décisif. Interdits <strong>de</strong> tribune, quelque sorte une partie <strong>de</strong> la<br />
les électeurs du Refah, comme ceux <strong>de</strong>s partis kur<strong>de</strong>s, mémoire <strong>de</strong> l'humanité. Plus grave<br />
n'auront d'autre choix que <strong>de</strong> porter les armes. Le syndrome<br />
algérien pointe à l'horizon. Mais à la différence secouée par <strong>de</strong>s éruptions sis-<br />
encore, la région est régulièrement<br />
<strong>de</strong> l'Algérie, entourée <strong>de</strong> voisins qui veulent à tout prix miques qui risquent, en cas <strong>de</strong> rupture<br />
<strong>de</strong>s barrages, <strong>de</strong> provoquer<br />
circonscrire l'incendie, la Turquie, mal aimée <strong>de</strong> tous<br />
les pays qui l'encerclent, ne peut attendre d'eux qu'une <strong>de</strong>s inondations indomptables<br />
chose: qu'ils j<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> l'huile sur le feu. 0<br />
dans les pays voisins. Cl<br />
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