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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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• 4 • <strong>Bull<strong>et</strong>in</strong> <strong>de</strong> <strong>liaison</strong> <strong>et</strong> <strong>d'information</strong> n° 156-157 • Mars-Avril 1998<br />

LE PREMIER MINISTRE TURC CRITIQUE<br />

rARMÉE PUIS RENTRE DANS LE RANG<br />

ES velléités d'autonomie<br />

du Premier ministre turc<br />

n'ont duré que quelques<br />

jours. Il a suffi aux<br />

généraux turcs une<br />

réunion à l'état-major <strong>et</strong><br />

un communiqué musclé<br />

pour que M. Yi!maz rentre dans le<br />

rang <strong>et</strong> renonce à ses velléités <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l'armée <strong>de</strong> laisser le<br />

gouvernement traiter le problème <strong>de</strong>s<br />

activités islamistes. Finalement M.<br />

Yi!maz a dû déclarer publiquement<br />

que "le gouvernement <strong>de</strong> coalition<br />

estime qu'i! n'y a pas <strong>de</strong> divergences<br />

entre le cabin<strong>et</strong> <strong>et</strong> les militaires" dans<br />

la lutte contre l'extrémisme religieux.<br />

Le 17 mars 1998, le prési<strong>de</strong>nt turc<br />

Suleyman Demirel avait été<br />

convoqué par les généraux pour un<br />

briefing ayant à son ordre du jour la<br />

lutte contre le fondamentalisme, les<br />

activités <strong>de</strong> grands conglomérats<br />

économiques d'obédience islamiste<br />

ainsi que les activités d'autres<br />

groupes islamistes dans le pays. Irrité<br />

par le rôle pésant joué par les<br />

militaires sur la scène politique<br />

turque, le Premier ministre Mesut<br />

Yilmaz avait appelé l'armée à<br />

"s'occuper <strong>de</strong> ses affaires". [animosité<br />

entre les responsables militaires <strong>et</strong> le<br />

Premier ministre a pour origine le<br />

refus <strong>de</strong> l'état major <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong><br />

m<strong>et</strong>tre un terme au Groupe <strong>de</strong><br />

Travail <strong>de</strong> l'Ouest (BÇG) <strong>et</strong> le fait que<br />

le Secrétariat général du Conseil<br />

national <strong>de</strong> sécurité donne <strong>de</strong>s<br />

briefings <strong>et</strong> <strong>de</strong>s directives aux<br />

recteurs d'universités sans aviser le<br />

Premier ministre, affichant ainsi<br />

l'indépendance <strong>de</strong> l'état-major à<br />

l'égard <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. En juill<strong>et</strong> 1997<br />

M. Yilmaz avait <strong>de</strong>mandé à l'armée<br />

<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en sourdine les activités <strong>de</strong><br />

ce Groupe <strong>de</strong> Travail <strong>de</strong> l'Ouest<br />

surveillant pour le compte <strong>de</strong> l'armée<br />

les activités islamistes, car c<strong>et</strong>te<br />

question est <strong>de</strong> la compétence du<br />

gouvernement. I.:armée n'a pas tenu<br />

compte <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

Le 13 mars le Premier ministre Mesut<br />

Yilmaz avait réagi en ces termes:<br />

" Tous les citoyens sont sensibles à la<br />

question <strong>de</strong> la lutte contre le<br />

fondamentalisme. Les mêmes<br />

sensibilités se r<strong>et</strong>rouvent au sein du<br />

gouvernement. Mais personne ne doit<br />

user du moyen <strong>de</strong> lutte contre le<br />

fondamentalisme pour s'approprier le<br />

pouvoir. Le but du gouvernement est <strong>de</strong><br />

venir au bout <strong>de</strong> cela par la démocratie<br />

à l'instar <strong>de</strong> la lutte contre le<br />

terrorisme. Nous ne m<strong>et</strong>trons pas <strong>de</strong><br />

côté les moyens démocratiques pour<br />

lutter contre cela ... Nous trouverons<br />

<strong>de</strong>s solutions dans le cadre <strong>de</strong> l'Etat <strong>de</strong><br />

droit démocratique au problème <strong>de</strong> la<br />

terreur tout autant qu'au<br />

fondamentalisme... Celui qui<br />

soutiendra <strong>de</strong>s options hors <strong>de</strong> l'Etat <strong>de</strong><br />

droit, pour lutter contre le terrorisme<br />

ou le fondamentalisme, ne sera qu'une<br />

troisième menace pour la République<br />

au même titre que les <strong>de</strong>ux<br />

précé<strong>de</strong>ntes ... On ne peut lutter par<br />

<strong>de</strong>s moyens arbitraires. j'invite tout le<br />

mon<strong>de</strong> à lutter dans le cadre <strong>de</strong> l'Etat<br />

<strong>de</strong> droit". Mesut Yilmaz a également<br />

rappelé que "tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vait<br />

tenir son rang <strong>et</strong> <strong>de</strong>vait àgir dans le<br />

cadre <strong>de</strong> ses fonctions".<br />

A l'issue d'une réunion <strong>de</strong>s cinq plus<br />

hauts commandants <strong>de</strong>s armées,<br />

l'état-major a visé directement M.<br />

Yilmaz en déclarant dans un<br />

communiqué du 20 mars 1998 que<br />

"personne ne peut, pour ses intérêts<br />

personnels <strong>et</strong> ses ambitions<br />

politiques, faire <strong>de</strong>s déclarations<br />

visant à affaiblir la détermination <strong>de</strong>s<br />

forces armées à lutter contre le<br />

séparatisme <strong>et</strong> le fondamentalisme,<br />

qui constituent un danger pour la<br />

sécurité du pays ... La lutte contre le<br />

fondamentalisme <strong>et</strong> le séparatisme<br />

(. .. ) est une mission donnée à<br />

l'armée par la constitution".<br />

Ce communiqué a été interprété<br />

comme un ultime avertissement au<br />

gouvernement d'autant plus que la<br />

plupart <strong>de</strong>s quotidiens l'ont comparé<br />

au mémorandum <strong>de</strong> 1971, par lequel<br />

les militaires avaient obtenu la<br />

démission du gouvernement <strong>et</strong><br />

réalisé un coup d'État. Comprenant<br />

le message, Mesut Yilmaz a fait<br />

machine arrière en déclarant samedi<br />

21 mars que "les militaires se sont<br />

réunis pour exprimer leur malaise. Je<br />

ne contesterai pas cela ... Ma tâche<br />

n'est pas <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> nouvelles<br />

tensions".<br />

Cédant à la pression, le Premier<br />

ministre a annoncé lundi 23 mars<br />

une série <strong>de</strong> mesures, dont un proj<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> nouvelle législation pour<br />

contrôler les activités <strong>de</strong>s institutions<br />

sou pçon nées <strong>de</strong> sou tenir les<br />

islamistes <strong>et</strong> une surveillance plus<br />

étroite <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> radios <strong>et</strong><br />

télévisions privées. Selon le proj<strong>et</strong>,<br />

un organisme gouvernemental, le<br />

Département <strong>de</strong>s affaires religieuses<br />

détiendra le pouvoir exclusif<br />

d'autoriser la construction <strong>de</strong>s<br />

nouvelles mosquées; les peines <strong>de</strong><br />

contravention aux lois sur les tenues<br />

dans la fonction publique <strong>de</strong>vriüent<br />

être alourdies <strong>et</strong> la loi sur les<br />

manifestations serait modifiée.<br />

Jeudi 26 mars, le général Ismail<br />

Hakki Karadayi, chef d'état-major<br />

<strong>de</strong>s armées a rencontré le Premier<br />

ministre turc, après s'être entr<strong>et</strong>enu<br />

avec les quatre plus hauts

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