Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Baszn Öz<strong>et</strong>i<br />
Il Y a dix ans, terreur chimique<br />
a ,Halabi- a<br />
~.! 6 marö 1988, ~eölrakierM bombar<strong>de</strong>nt<br />
La eLtekur<strong>de</strong>: au moLm 5000 mO'rt"ö.<br />
GO<br />
...<br />
...<br />
z<br />
Le bombar<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la<br />
ville d'Halabja a commencé<br />
à midi <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi,<br />
le 16 mars 1988, il y a<br />
tout juste dix ans. Ce n'était<br />
pas la première fois que c<strong>et</strong>te<br />
localité kur<strong>de</strong> était la cible <strong>de</strong><br />
l'aviation <strong>de</strong> Saddam Hussein.<br />
Le 26avril1974, lors <strong>de</strong> l'écra-<br />
~ement d'une précé<strong>de</strong>nte révolte<br />
kur<strong>de</strong>, une quarantaine<br />
J'habitants avaient été tués <strong>et</strong><br />
une centaine d'autres blessés<br />
par" <strong>de</strong>s raids aériens. C<strong>et</strong>te<br />
fois, le bombar<strong>de</strong>ment est plus<br />
. intense <strong>et</strong> frappe quartier après<br />
quartier. C'est ce qui amène<br />
Ali Razgar, âgé à l'époque <strong>de</strong> 25<br />
ans, à fuir avec sa famille <strong>et</strong> non<br />
pas à attendre la fin <strong>de</strong> l'attaque.<br />
Pari risqué puisqu'il lui<br />
z<br />
<<br />
faut partir sous les bombes<br />
:;:<br />
mais qui lui sauve la vie. Réfugié<br />
dans le p<strong>et</strong>it village tout<br />
Halabja, mard /988. Le bombar<strong>de</strong>ment a tait quelque 5 000 mortd <strong>et</strong> <strong>de</strong>ö dizaine6 <strong>de</strong> millierd <strong>de</strong> bleMéö.<br />
proche d'Aba Obeida, situé sur<br />
une colline qui domine la ville, il assiste à la poursuite<br />
du pilonnage d'Halabja. Des fumées grises montitut<br />
kur<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Paris</strong>.<br />
sepassen>,complète Kendal Nezan, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Instent<br />
<strong>de</strong>s incendies. Puis, d'autres, <strong>de</strong> couleur jaunâtre.<br />
"Pleins pouvoirs». La nuit du 15 au 16 mars, la population<br />
l'a vécue dans la plus gran~e inquié~d~. El-<br />
Ali Razgar ne sait pas encore que la ville est alors<br />
bombardée à l'arme chimique <strong>de</strong>puis 15 heures. Le<br />
le craint une possible attaque à I arme chImIque.<br />
gaz employé est un «cocktail» <strong>de</strong> gaz moutar<strong>de</strong> (qui<br />
L'aviation irakienne a déjà utilisé les gaz à <strong>de</strong> nom-<br />
attaque les yeux, la peau, les membranes du nez, la<br />
gorge <strong>et</strong> les poumons), <strong>de</strong> sarin <strong>et</strong> <strong>de</strong> VX (lesquels détruisent<br />
le système nerveux).<br />
Défaite majeure. Halabja est une grosse bourga<strong>de</strong><br />
située à une trentaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> la frontière<br />
iranienne. Comme l'état -major irakien a décidé <strong>de</strong><br />
vi<strong>de</strong>r les villages environnants <strong>de</strong> leur population <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> les regrouper dans <strong>de</strong>s baraquements autour <strong>de</strong> la<br />
ville, elle compte une cinquantaine <strong>de</strong> milliers d'habitants.<br />
En 1988, l'armée iranienne est passée à l'offensive<br />
sur le front du Kurdistan <strong>et</strong>, la veille, les forces<br />
irakiennes ont enregistré une défaite majeure qui les<br />
a contraints à abandonner la ville. Des centaines <strong>de</strong><br />
soldats irakiens se sont rendus. L'après-midi du 15<br />
mars, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> pasdaran (Gardiens <strong>de</strong> la révolution<br />
iraniens) entrent dans Halabja, accompagnés<br />
"<strong>de</strong>s peshmergas kur<strong>de</strong>s, principaIe~ent <strong>de</strong>s guérilleros<br />
<strong>de</strong> l'Union patriotique du KurdIstan (UPK <strong>de</strong> Jalal<br />
Talabani). Les habitants se félicitent <strong>de</strong> la «libération»<br />
<strong>de</strong> leur cité.<br />
«On était contents», se souvient Ali Razgar. Ils vont vite<br />
déchanter en voyant la ville passer sous contrôle<br />
iranien, les combattants kur<strong>de</strong>s n'ayant guère qu'un<br />
rôle <strong>de</strong> supplétifs. Les pasdaran arrêtent les principaux<br />
responsables <strong>de</strong> l'administration ir~en~e.<br />
«Mais beaucoup d'autres cadres se sont enfuIS la.velll~<br />
<strong>de</strong>s bombar<strong>de</strong>ments, avertis par Bagdad <strong>de</strong> ce qUI allaIt<br />
breuses reprises contre d'autres localités aux mains<br />
<strong>de</strong> la résistance kur<strong>de</strong>, faisant <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> morts.<br />
Le Kurdistan est la propriété privée d'un cousin <strong>de</strong><br />
Saddam Hussein, Ali Hassan el-Majid, l'un <strong>de</strong>s responsables<br />
<strong>de</strong>s programmes irakiens d'armements <strong>de</strong><br />
. <strong>de</strong>struction massive. Il a reçu du raïs<br />
«Beaucoup «lespleins pouvoirs» pour régler la réd'autresœ~<br />
volte kur<strong>de</strong>. Et n'a jamais fait mystèseson.tenfuis<br />
re <strong>de</strong> son goût pour les métho<strong>de</strong>s les<br />
la bombar<strong>de</strong>- vei1le<strong>de</strong>s PIus ra dicales afin d' en vemr. a. bou.<br />
t<br />
ments, avertis Lorsque le soir tombe, Ali Razgar <strong>et</strong><br />
par Bagdad <strong>de</strong> son frère déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> revenir en ville<br />
œquiallaitse pour chercher <strong>de</strong>s vivres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s coupasser.»<br />
vertures. C'est l'o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> pourritu-<br />
Ken~ Nezan, re qui d'abord les m<strong>et</strong> en alerte. Puis,<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> I 'il' I . t<br />
l'<strong>Institut</strong> es gens qu s cro.isent s~ p atgn~n<br />
lcur<strong>de</strong><strong>de</strong><strong>Paris</strong> <strong>de</strong> ne plus pOUVOIrrespuer, <strong>de</strong> VIOlentes<br />
quintes <strong>de</strong> toux <strong>et</strong> <strong>de</strong> brûlures<br />
aux yeux. Les <strong>de</strong>ux frères ne s'attar<strong>de</strong>nt pas. Euxmêmes<br />
ont mal à la gorge <strong>et</strong> les yeux rouges. C'est sur<br />
le chemin <strong>de</strong> l'Iran qu'ils découvrent l'ampleur <strong>de</strong> la<br />
tragédie. Un peu partout, dans une ,Pagaille. effroyable,<br />
<strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> civils, dont certatnS ne VOlent<br />
plus <strong>et</strong> d'autres ne peuvent plus marcher, cherchent à<br />
gagner la frontière. Dans la foule, Ali Razgar reconnaît<br />
un ami, Ibrahim, âgé <strong>de</strong> 32 ans. Il est <strong>de</strong>:venu<br />
aveugle. Ille prend par la main mais le blessé n'ira pas<br />
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