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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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'ARALL~LEMENT,M.<br />

Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Baszn Öz<strong>et</strong>i<br />

frappes militaires. «Les portes mo- en poche, les conseillers du secrénumentales<br />

étaient surmontées taire général sont enfin prêts à<br />

d'aigles immenses, <strong>et</strong> nous mar- passer« la premiêre nuit tranchions<br />

solennellement sous les ailes quille ». Mais à 2 h 30 du matin,<br />

déployées <strong>de</strong>s aigles.» Le vice-pre- MmeLin<strong>de</strong>nmayer est réveillée par<br />

mi<strong>et</strong> ministreirakiÊm commence un gar<strong>de</strong> du corps qui annonce<br />

par montrer l'immense lac artift- «un coup <strong>de</strong> fil important ». «Je<br />

ciel où il pêche. «Voici notre usine ' préfère ne pas dire <strong>de</strong> qui », s'exd'armes<br />

biologiques. Les poissons cuse la diplomate française.<br />

<strong>de</strong> ce lac, je les mange, moi 1», « Sans réjléchir,j'ai dit au gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

ajoute-il. lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> rappeler plus<br />

Quasiment détruit par la guerre tard.» Deux minutes plus tard, le<br />

<strong>de</strong>' 1991, ce palais a été entière- gar<strong>de</strong> revient à la rescousse: «Je<br />

ment reconstruit par «<strong>de</strong>s archi- n'ose pas le lui dire. » La personne<br />

tectes irakiens », poursuit-il. La pe- refuse <strong>de</strong> laisser un message <strong>et</strong><br />

, tite troupe entre dans le palais où exige <strong>de</strong> parler au secrétaire génégar<strong>de</strong>r<br />

himaîtrise <strong>de</strong>s opérations.<br />

P<br />

An-.<br />

«quotidiennes.»<br />

nan a <strong>de</strong>s conversations<br />

avec son<br />

p~cipal lnterlocuteur.~n Irak, le<br />

vice-premier ministre Tarek Aziz.<br />

«Ce qui a p~rmis aux Irakiens <strong>de</strong><br />

voir qu'il était attentif à leur point<br />

<strong>de</strong> vue », explique. l'Indien Shilshi<br />

Tharoor, un <strong>de</strong>s proches du secrétaire<br />

général. «Personne n'avail<br />

jamais vraiment parlé aux Irakiens.<br />

, On ne leur avait adressé que <strong>de</strong>s ultimatums.'<br />

»<br />

Avant même d'arriver à Bagdad,<br />

M. Arnian a réglé le problème central:<br />

l'accès aux huit sites présidcmtiels<br />

suspectés d'abriter <strong>de</strong>s<br />

armes proltibées. Son «coup <strong>de</strong><br />

génie », estime M. Brahimi, est<br />

l'envoi, malgré les réticences américaines,<br />

d'une mission technique<br />

en Irak pour «4éjinir» 'les huit<br />

sites en, question. Dirigée par le<br />

Suédois 'Staffan <strong>de</strong> Mistura oui les<br />

jugera «anodins », la mi"ssion<br />

« démystifie» ces palais qui attisent<br />

les. spéculations les plus<br />

foUes. Il ne reste alors qu'à résoudre<br />

la question centrale, à savQir.les,:v1sitesré~~<strong>de</strong>s<br />

sites.<br />

'cêtte CJ.\le~on,a PÎivenu Tarek<br />

'Aziz, «'Stul' le' prlSidënt' peut la<br />

tnlnthf!F:'». , _<br />

Une rencontre avec Saddam<br />

Hussein s'impos~. donc mais;<br />

après l'arrivée à Bagdad <strong>de</strong> la délégation<br />

onusienn~, le rend~zvous<br />

crucial n'est toûjours pas<br />

fixé, ni mê~e préw. SllJDedi21fé,-<br />

vrier au soir, à la villa officielle du<br />

secrétaire général, l'inquiétu<strong>de</strong> est<br />

palpable.. M. Annan reste<br />

corifiant. «Ce ren<strong>de</strong>z-vous,je l'aurai;<br />

ne vous inquiétez pas »,<br />

confie-ton. Il a raison. Le téléphone<br />

sonne enfin: la rencontre<br />

est fixée pour midi le len<strong>de</strong>main,<br />

dimanche 22 février.<br />

, En accueillant le secrétaire gé-<br />

,nétal dans son palais, le prési<strong>de</strong>nt<br />

Saddam Hussein lui dit: «Nous<br />

avons une tradition chez nous,<br />

quand 'quelqU'un nous rend visite, ,<br />

on attend trois jours avant <strong>de</strong> lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la raison <strong>de</strong> sa visite.»<br />

,En serrant la main <strong>de</strong> son invité, le<br />

prési<strong>de</strong>nt ajoute: «Je vous ai observé<br />

<strong>et</strong>je tiens à vous dire quej'admire<br />

votre couragepour <strong>et</strong>re venu à<br />

Bagdad étant donné ta situation. »<br />

A qu~lques kjIomètres <strong>de</strong> là, les<br />

autres conseillers du secrétaire général<br />

font les cent pas sur le<br />

marbre rose <strong>de</strong> la villa officielle.<br />

«Au bout <strong>de</strong> quatre heures, je me<br />

suis dit que les choses <strong>de</strong>vaient mal<br />

se passer », se rappelle la Française<br />

Elizab<strong>et</strong>h Lin<strong>de</strong>mayer.<br />

Quelques minutes plus tard, en- ,<br />

trée par la porte <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière pour<br />

éviter les dizaines <strong>de</strong> journalistes.<br />

massés <strong>de</strong>vant l'entrée principale; ,<br />

MmeLin<strong>de</strong>nmayer se trouve face à<br />

face avec son patron. '«Je crois<br />

Tarek Aziz allume encore un havane<br />

«avant le déjeuner ». M. An- ,<br />

nan préfère attendre le repas.<br />

«J'étais étonné <strong>de</strong> la maniêre dont<br />

les chaises étaient ordonnées, raconte<br />

Ahmed Fawzi. Chaque rqngée<br />

était disposée dans urié direction<br />

différente, comme si on se<br />

préparait àjouer aux «chaises musicales»<br />

1» En smoking noir <strong>et</strong><br />

gants blancs, un serveur est affecté<br />

à chaque invité. «La table du<br />

banqu<strong>et</strong> était impressionnante, ex-<br />

« On attaque le secrétaire général<br />

,pour avoir établi une relation humaine'<br />

avec Saddam Hussein. C'était la seule<br />

manière <strong>de</strong> se faire entendre»<br />

avoir obtenu quelque chose », dit<br />

M. Annan avec un grand sourire.<br />

«J'ai da sortir <strong>de</strong> la piêce pour<br />

éclater en sanglots », se souvient<br />

John Isaac, le photographe officiel<br />

<strong>de</strong> l'ONU. «Nous sommes fiers <strong>de</strong><br />

vous », répond MmeLin<strong>de</strong>nmayer,<br />

elle aussi extrêmement émue.<br />

«On attaque le secrétaire gé,néral<br />

pour avoir établi une relation humaine<br />

avec Saddam Hussein, iri-,<br />

dique-t-elle aujourd'hui. C'était la<br />

seule maniêre <strong>de</strong> se faire entendre.»<br />

~ Les Irakiens ne <strong>de</strong>man-<br />

plique le diplomate égyptien, qui<br />

daient qu'une chose », explique<br />

dirige le bureau <strong>de</strong> l'ONU à<br />

encore la diplomate française:<br />

Londres.<br />

«que l'on respecte leur dignité, <strong>et</strong><br />

Deux cents personnes, au<br />

moins, auraient pu se nourrir ».<br />

cela, Kofi l'avait bien compris ».<br />

« Le mouton entier au centre <strong>de</strong> la<br />

M. Aziz aussi a apprécié les<br />

«qualités humaines ~<br />

t~ble me regardait <strong>de</strong> travers, n a<br />

<strong>de</strong> Kofi Annan.<br />

«Vous. savez pourqupiKofi<br />

eu sa revanche.j'avais à peine avalé<br />

Annan<br />

la première bouchée que Tarek<br />

Q réussi là où son prédéëes-<br />

Aziz se levait. JI) Pas la peine d'attendre<br />

que les assi<strong>et</strong>tes soient dé-<br />

$eur a échout i',~;e8l'llqu~t::fl, havane<br />

à la bouche, peu après l'accord,<br />

en référence à la mission<br />

barrassées. Le <strong>de</strong>ssert est servi<br />

désastreuse <strong>de</strong> Javier Perez <strong>de</strong> dans une autre salle, aussi monumentale.<br />

Le café dans une troi-<br />

Cuellar à la veille <strong>de</strong> la guerre du<br />

Golfe. «11 était venu pour nous sième, darts le bungalow al-Rayya,<br />

adresser un ultimatum, <strong>et</strong> nous ne sur le lac. Ceux qui préfèrent le<br />

les aimons pas », explique-t-il. thé au café turc doivent attendre<br />

«Notre prési<strong>de</strong>nt a admis que les pourêtre,~rvill, s~,le toitA~.pa- '<br />

portes <strong>de</strong> ses palais prési<strong>de</strong>ntiels lais. 13p.lQséparSon maathon disoient<br />

ouvertes parce que Kofi Annan<br />

a accepté <strong>de</strong>frapper à la porte c<strong>et</strong>te ~lltise\pbutla1re.tiD., p<strong>et</strong>it<br />

, plontàtique. M. Annan profitè <strong>de</strong><br />

avant <strong>de</strong> rentrer.»<br />

somme. Le secrétaire 'général<br />

Après quelques douzaines <strong>de</strong> cigares<br />

partàgés avec Tarek Aziz, terdits.<br />

vient <strong>de</strong> « visiter» l'un <strong>de</strong>s sites in-<br />

l'accord est signé. Le lundi 23 février,<br />

l'heure est à la fête. Son <strong>de</strong>r- MmeLINDENMAYERa fait<br />

nier déjeuner à Bagdad, M. Annan<br />

le compte. Le voyage alle<br />

prend avec son entourage <strong>et</strong> en , 1er-r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> New York<br />

compagnie <strong>de</strong> M. Aziz dans le plus à Bagdad via, <strong>Paris</strong> a duré cent<br />

grand <strong>de</strong>s palais prési<strong>de</strong>ntiels, à quarante-quatre heures. «Nous<br />

Radwaneya. L'Egyptien Ahme.d avons dormi huit heures en tout.»<br />

Fawzi est impressionné par la Après plusieurs nuits blanches, à<br />

somptuosité <strong>de</strong>s lieux: «Nos pas New York <strong>et</strong> à <strong>Paris</strong>, les entr<strong>et</strong>iens<br />

sonnaient lugubrement dans les avec Tarek Aziz ne se sont jamais<br />

halls <strong>de</strong> marbre.» Les meubles terminés avant 3 heures du matin.<br />

avaient été r<strong>et</strong>irés par peur <strong>de</strong>s Le dimanche 22 février, ,l'accord<br />

rai en personne. Une heure- plus<br />

tard, c'est d'une autre capitale que '<br />

provient un nouvel appel. R<strong>et</strong>ourné<br />

au lit à 5 heures du matin, le<br />

secrétaire général est réveillé à<br />

6 heures par BillClinton.<br />

A 10h 30, lundi 23 février à New<br />

York, le personnel <strong>de</strong> l'ONU attend<br />

<strong>de</strong>puis une heure <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie<br />

l'arrivée du secrétaire général. n<br />

tient d'emblée à rendre hommage<br />

au prési<strong>de</strong>nt américain pour avoir<br />

été «le meilleur gardien <strong>de</strong> la<br />

paix ». Le prési<strong>de</strong>nt Clinton a<br />

«déployé laforce pour ne pas être<br />

obligé d'y avoir recours», explique<br />

M. Annan. Il monte dans son bureau,<br />

dépose son sac <strong>et</strong> se précipite<br />

dans la salle du Conseil <strong>de</strong> sécurité.<br />

Les formalités sans fin<br />

l'exaspèrent. Un membre <strong>de</strong> son<br />

cabin<strong>et</strong> raconte: «On avait l'impression<br />

que les quinze ambassa<strong>de</strong>urs<br />

autour <strong>de</strong> la table étaient tout<br />

àfait passés à clJté<strong>de</strong> l'évênement.<br />

Il n'arrivait pas à établir le<br />

contact. » Pour se tenir éveillé, le<br />

secrétaire général se lève <strong>et</strong><br />

marche dans les couloirs. KofiAnnan<br />

allume son <strong>de</strong>rnier Cohiba <strong>et</strong><br />

revient dans la salle, prêt à défendre<br />

son accord.<br />

Afsané Bassir Pour<br />

Dessin: Pancho<br />

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