Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm Özeti L'accord négocié à Bagdad a été considéré comme un grand succès pour l'ONU et pour son secrétaire général. Histoire d'une rencontre minutieusement préparée, où Kofi Annan a su gagner la confiance de Saddam Hussein, qu'il ne connaissait pas..• Les havanes de Kofi AnnanSa E le dites pas tions est aussi jugé Inacceptable. son invité, le président irakien stratégie est en premier Heu de aux Américains, Le secrétaire général décide alors tient à lui dire, devant ses conseillers: «Monsieur le secrétaire géné- membres du Conseil de séc:uriû. comprendre les positions des cinq mais Cuba a de poûrsuivre la discussion en tête joué un rôle à tête. M. Annan admet que soit ral,je vousfais co'lfiance. » La bataille, à Bagdad, est gagnée. Etats-Unis, de la Russie, de la Le 11février, les représentants des mémorable présent «uniquement» l'interprète irakien. Seui avec Saddam Un autre diplomate ayant parti- Chine, de la France et du dans la résolution de la dermm crise entre «poliment mais fermement », les été frappé par l'assurance du pré- son bureau au 38
'ARALL~LEMENT,M. Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Özeti frappes militaires. «Les portes mo- en poche, les conseillers du secrénumentales étaient surmontées taire général sont enfin prêts à d'aigles immenses, et nous mar- passer« la premiêre nuit tranchions solennellement sous les ailes quille ». Mais à 2 h 30 du matin, déployées des aigles.» Le vice-pre- MmeLindenmayer est réveillée par miet ministreirakiÊm commence un garde du corps qui annonce par montrer l'immense lac artift- «un coup de fil important ». «Je ciel où il pêche. «Voici notre usine ' préfère ne pas dire de qui », s'exd'armes biologiques. Les poissons cuse la diplomate française. de ce lac, je les mange, moi 1», « Sans réjléchir,j'ai dit au garde de ajoute-il. lui demander de rappeler plus Quasiment détruit par la guerre tard.» Deux minutes plus tard, le de' 1991, ce palais a été entière- garde revient à la rescousse: «Je ment reconstruit par «des archi- n'ose pas le lui dire. » La personne tectes irakiens », poursuit-il. La pe- refuse de laisser un message et , tite troupe entre dans le palais où exige de parler au secrétaire génégarder himaîtrise des opérations. P An-. «quotidiennes.» nan a des conversations avec son p~cipal lnterlocuteur.~n Irak, le vice-premier ministre Tarek Aziz. «Ce qui a p~rmis aux Irakiens de voir qu'il était attentif à leur point de vue », explique. l'Indien Shilshi Tharoor, un des proches du secrétaire général. «Personne n'avail jamais vraiment parlé aux Irakiens. , On ne leur avait adressé que des ultimatums.' » Avant même d'arriver à Bagdad, M. Arnian a réglé le problème central: l'accès aux huit sites présidcmtiels suspectés d'abriter des armes proltibées. Son «coup de génie », estime M. Brahimi, est l'envoi, malgré les réticences américaines, d'une mission technique en Irak pour «4éjinir» 'les huit sites en, question. Dirigée par le Suédois 'Staffan de Mistura oui les jugera «anodins », la mi"ssion « démystifie» ces palais qui attisent les. spéculations les plus foUes. Il ne reste alors qu'à résoudre la question centrale, à savQir.les,:v1sitesré~~des sites. 'cêtte CJ.\le~on,a PÎivenu Tarek 'Aziz, «'Stul' le' prlSidënt' peut la tnlnthf!F:'». , _ Une rencontre avec Saddam Hussein s'impos~. donc mais; après l'arrivée à Bagdad de la délégation onusienn~, le rend~zvous crucial n'est toûjours pas fixé, ni mê~e préw. SllJDedi21fé,- vrier au soir, à la villa officielle du secrétaire général, l'inquiétude est palpable.. M. Annan reste corifiant. «Ce rendez-vous,je l'aurai; ne vous inquiétez pas », confie-ton. Il a raison. Le téléphone sonne enfin: la rencontre est fixée pour midi le lendemain, dimanche 22 février. , En accueillant le secrétaire gé- ,nétal dans son palais, le président Saddam Hussein lui dit: «Nous avons une tradition chez nous, quand 'quelqU'un nous rend visite, , on attend trois jours avant de lui demander la raison de sa visite.» ,En serrant la main de son invité, le président ajoute: «Je vous ai observé etje tiens à vous dire quej'admire votre couragepour etre venu à Bagdad étant donné ta situation. » A qu~lques kjIomètres de là, les autres conseillers du secrétaire général font les cent pas sur le marbre rose de la villa officielle. «Au bout de quatre heures, je me suis dit que les choses devaient mal se passer », se rappelle la Française Elizabeth Lindemayer. Quelques minutes plus tard, en- , trée par la porte de derrière pour éviter les dizaines de journalistes. massés devant l'entrée principale; , MmeLindenmayer se trouve face à face avec son patron. '«Je crois Tarek Aziz allume encore un havane «avant le déjeuner ». M. An- , nan préfère attendre le repas. «J'étais étonné de la maniêre dont les chaises étaient ordonnées, raconte Ahmed Fawzi. Chaque rqngée était disposée dans urié direction différente, comme si on se préparait àjouer aux «chaises musicales» 1» En smoking noir et gants blancs, un serveur est affecté à chaque invité. «La table du banquet était impressionnante, ex- « On attaque le secrétaire général ,pour avoir établi une relation humaine' avec Saddam Hussein. C'était la seule manière de se faire entendre» avoir obtenu quelque chose », dit M. Annan avec un grand sourire. «J'ai da sortir de la piêce pour éclater en sanglots », se souvient John Isaac, le photographe officiel de l'ONU. «Nous sommes fiers de vous », répond MmeLindenmayer, elle aussi extrêmement émue. «On attaque le secrétaire gé,néral pour avoir établi une relation humaine avec Saddam Hussein, iri-, dique-t-elle aujourd'hui. C'était la seule maniêre de se faire entendre.» ~ Les Irakiens ne deman- plique le diplomate égyptien, qui daient qu'une chose », explique dirige le bureau de l'ONU à encore la diplomate française: Londres. «que l'on respecte leur dignité, et Deux cents personnes, au moins, auraient pu se nourrir ». cela, Kofi l'avait bien compris ». « Le mouton entier au centre de la M. Aziz aussi a apprécié les «qualités humaines ~ t~ble me regardait de travers, n a de Kofi Annan. «Vous. savez pourqupiKofi eu sa revanche.j'avais à peine avalé Annan la première bouchée que Tarek Q réussi là où son prédéëes- Aziz se levait. JI) Pas la peine d'attendre que les assiettes soient dé- $eur a échout i',~;e8l'llqu~t::fl, havane à la bouche, peu après l'accord, en référence à la mission barrassées. Le dessert est servi désastreuse de Javier Perez de dans une autre salle, aussi monumentale. Le café dans une troi- Cuellar à la veille de la guerre du Golfe. «11 était venu pour nous sième, darts le bungalow al-Rayya, adresser un ultimatum, et nous ne sur le lac. Ceux qui préfèrent le les aimons pas », explique-t-il. thé au café turc doivent attendre «Notre président a admis que les pourêtre,~rvill, s~,le toitA~.pa- ' portes de ses palais présidentiels lais. 13p.lQséparSon maathon disoient ouvertes parce que Kofi Annan a accepté defrapper à la porte cette ~lltise\pbutla1re.tiD., petit , plontàtique. M. Annan profitè de avant de rentrer.» somme. Le secrétaire 'général Après quelques douzaines de cigares partàgés avec Tarek Aziz, terdits. vient de « visiter» l'un des sites in- l'accord est signé. Le lundi 23 février, l'heure est à la fête. Son der- MmeLINDENMAYERa fait nier déjeuner à Bagdad, M. Annan le compte. Le voyage alle prend avec son entourage et en , 1er-retour de New York compagnie de M. Aziz dans le plus à Bagdad via, Paris a duré cent grand des palais présidentiels, à quarante-quatre heures. «Nous Radwaneya. L'Egyptien Ahme.d avons dormi huit heures en tout.» Fawzi est impressionné par la Après plusieurs nuits blanches, à somptuosité des lieux: «Nos pas New York et à Paris, les entretiens sonnaient lugubrement dans les avec Tarek Aziz ne se sont jamais halls de marbre.» Les meubles terminés avant 3 heures du matin. avaient été retirés par peur des Le dimanche 22 février, ,l'accord rai en personne. Une heure- plus tard, c'est d'une autre capitale que ' provient un nouvel appel. Retourné au lit à 5 heures du matin, le secrétaire général est réveillé à 6 heures par BillClinton. A 10h 30, lundi 23 février à New York, le personnel de l'ONU attend depuis une heure et demie l'arrivée du secrétaire général. n tient d'emblée à rendre hommage au président américain pour avoir été «le meilleur gardien de la paix ». Le président Clinton a «déployé laforce pour ne pas être obligé d'y avoir recours», explique M. Annan. Il monte dans son bureau, dépose son sac et se précipite dans la salle du Conseil de sécurité. Les formalités sans fin l'exaspèrent. Un membre de son cabinet raconte: «On avait l'impression que les quinze ambassadeurs autour de la table étaient tout àfait passés à clJtéde l'évênement. Il n'arrivait pas à établir le contact. » Pour se tenir éveillé, le secrétaire général se lève et marche dans les couloirs. KofiAnnan allume son dernier Cohiba et revient dans la salle, prêt à défendre son accord. Afsané Bassir Pour Dessin: Pancho GO ,Q'l Q'l .... lit a:: c( :E .... o w a:: u a:: w :E, 22
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