Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
La crise politique n'interdit pas
les grandes manœuvres commerciales
BAGDAD' çais, suscitant souvent, en retour, par leurs filiales
de notre envoyé spécial les foudres de la presse anglo- 'l', ,
Pendant la crise, les affaires saxoline, prompte à dénoncer le a etranger»
continuent. La dernière tension en « mercantilisme» français. La va- _
date entre l'Irak et les Nations unies riable poHtique explique d'ailleurs
n'a pas interrompu les grandes ma- l'arrivée en force de la Chine et de
nœuvres~-en.rours. U la Russie au cours de ces derniers
marché est énonne et attirant. On mois. Leurs parts de marché cumupays
tout entier: .est.à remeUre ..siJr lées (10,52 %) dépassent à présent
pied, et dl alßCefJtœ\D'deuJièmes celle des Etats-Unis.
réserves mondiales estimées de pé- Un observateur attentif du pays
, trole. Deux stratégies sont simulta- relativise cepend~nt cette
nément engagées en Irak. La pre- « prime ». «L.es Iraklens se promière
concerne les accords qui noncent au moms a~tant sur un ~-
peuvent et:re conclus dans le cadre villon que sur un cntère de qualIté,
de la résolution 986 dite «Pétrole assure-t-ß. Les Russes ont eu beaucontre
nouriiture ». Celle-ci auto- coup de difficultés à obtenir des
rise l'Irak à vendre des quantités li- contrats compte tenu de la médiocrimitées
de sa principale matière pre- té de leurs produits. On sait qu'ils
mière pour acheter, pour l'essentiel, achètent à l'extérieurpour revendre
des denrées alimentaires, des médi- en Irak, afin d'être présents. »
caments et des biens d'équipement. « L'Irak n'est pas un pays en voie de
La seconde prépare, elle, la levée à développeln6nt, poursuit.j},,~1 a été
terme des sanctions internationales riche etj'ai souvent été surpns par le
et le retour de l'Irak sur le marché degré d'exigeru:edes standards du
mondial. pays. »
Selon les tout derniers chiffres L'augmentation des volumes de
dont peut disposer le ministère de pétrole autorisés à la vente par les
l'économie et des finances à Paris, Nations unies (4 milliards de dollars
la France apparaît comme le princi- - près de 24 milliards de francspal
bénéficiaire des deux premières par semestre au lieu de la moitié)
phases de la résolution 986 enga- va diversifier la nature des contrats
gées depuis plus d'un an. Alors que négociés dans le cadre de la résolula
part de marché française dans le tion 986. Des sommes nettement
commerce mondial' est de l'ordre plus importantes que précédemde
6 % en Irak elle atteint 17,37 %. ment sont, en effet, prévues pour la
co La Fr~nce devance l'Australie remise en état des réseaux élecg:
(11,43 % de part de marché) et la trique et de la distnbution de l:eau.
:;;
~
Jordanie (8,65 %), qui est talonnée
par les Etats-Unis (7,96%). Mis à
En dépit de l'urgence de la sttua-
_
:2 part le voisin jordanien, lié à rIrak Il Les SOC'I e'te's
en par un protocole bilatéral (qui lui "
15 permet d'importer à bas prix du pé- ame'r'lca'lnesviennent
~ trole irakien pour couvrir la totalité
~ de sa consommation), la résolution, ,
co «Pétrole contre nourriture» pro- VO Ir ce qUise passe
x fite surtout aux grandes puissances 'IC'I, assure
U productrices de céréales.
~ « La France a cru, plus tôt que les b t
:2 autres, que cette résolution pouvait un 0 serva eur,
15 avoir un avenir, d'où ses bons résul-
~ tats actuels», explique un observa- Bien sûr,
~ teur. Un poste d'expansion écono- Il ' t pas
o mique a, en effet, été installé à e es ne vlennen
:2 Bagdad dès octobre 1996. Bien sOr, I
~ l'attitude adoptée par Paris au en eur nom propre,
cours des derniers accrochages
entre Bagdad et les Nations unies a elles passent
également aidé les dossiers fran-
tion, très dégradée, ces achats en
équipements lourds ne se concrétiseront
pas avant de longs mois. Le
marché laisse pourtant songeur,
puisque la somme de 16 à 18 milliards
de dollars est avancée pour la
réhabilitation intégrale de ces deux
services essentiels pour la population.
«L'Irak attire davantage aujourd'hui.
Dans ces conditions, les
positions françaises vont certainement
s'effriter, l'e'1ieu est à présent
de les consolider», ajoute un expert.
Les contrats en cours ne sont pourtant
qu'un avant-goQt de ce qui sui- .
vra après la levée de l'embargo,laquelle
sera décrétée dès lors que la
Commission 'spéciale des Nations
unies (Unscom), chargée du désarmement
irakien, aura donné son
feu vert. Naturellement, ce sont les
gisements pétrOliers qui suscitent le
plus de convoitises. Lors d'une
conférence de presse fin février, le
ministre irakien du pétrole, Amr
Mohamad Rachid, a indiqué que les
alliés de l'Irak dans les moments
difficiles ne seraient pas oubliés lors
du partage des réserves ... La Chine,
la France et la Russie ont été nommément
citées.
Cette promesse est pourtant loin
de convaincre )eecspécialistn -du"
secteur. «La Russie et la Chine ont
déjà obtenu de. bons contrats. n ~n
reste encore au mains dewc autres
très importants à conclure. n serait
bien étonnant que tout soit refusé awc
sociétés américaines », estime-t-on.
Si le blé américain est consotnmé
quotidiennement en Irak et si tous
les jours ies automobiles roulent
aux Etats-Unis avec du pétrole irakien
acheté par les Russes qui le revendent
aussitôt, c'est que la politique
n'interdit pas les affaIres.
« Les sociétés américaines
viennent voir ce qui se passe ici, assure
un observateur. Bien sQr elles
ne viennent pas en leur nom propre,
elles passent par leurs filiales à
l'étranger, mais elles sont là, c'est
de la Prensa-Basm ()zeti
bien l'esSentieL» En matière de pétrole,
les groupes américains
restent marqués par le précéd~nt
vietnamien. Les compagmes
avalent, en effet, quitté le pays à la
suite de la dS*le militaire de 1975,
après avoir pourtfl11t découvert des
gisements offshore ~ès intére~sants.
EUes n'ont jaméUSpu revernr
sur ce marché. Déjà des voix s'élèveraient
aux Etats-Unis pour souhaiter
que l'histoire ne se répète
p~ pétrole se mariant décidément
très bien avec les affaires étrangères
certains experts n'hésitent
pas à'voir dans la modestie des demandes
Iraldennes à propos de la
résolution 986 (4 milliards alors que
l'ONU en proposait 5,2 milliards) la
volonti de ne pas déstabiliser un
marché déjà très perturbé. «Les
Irakiens ont peut-être des problèmes
d'exportation compte tenu de l'état
de l'oltoduc versla 1ùrquie et du terminai
qui débouche sur le Golfe,
mais ils n'ont pas de problèmes de
production. 1but ceci peut être une
bonne manière faite aux Saoudiens
», premiers producteurs régionaux.
Ce souci serait ainsi le prix à
payer pour une réintégration politique
comme une réponse à l'oppOSition
de l'Arabie saoudite à
d'éventuelles frappes américaines.
La ~ note envoyée au ministère
français de l'économie et des
finances enregistre d'ailleurs la percée
de nombreux pays arabes dans
le cadre de « Fftrole contre nourriture
». L'Egypte, la Syrie, la 1\1nisie
et les Emirats arabes unis sont
maintenant bien présents sur le
marché irakien. Pendant les affaires,
la diplomatie, elle aussi,
continue.
Gilles Paris
I Escalade verbale
entre l'Allemagne et la Turquie
BONN. Le gouvernement allemand a réagi avec indign:,-tion, vendredi
6 mars, aux propos du premier ministre turc, Mesut Y~az, qui a accusé
Bonn de rechercher la défense de son « espace V/tal» en favorisant
l'entrée dans l'Union européenne des pays d'Europe centrale et
orientale, mais pas de la 1\1rquie. Le porte-parole du ministère des affaires
étrangères a rejeté « une diffamation inexcusable» et «une insuite»
à la politique allemande, jugeant «sans précédent» les critiques
de M. Yilmaz, qui faisaient dirc!ctement allusion à la politique
européenne de Hitler et du m. Reich. Dans un entretien publié par le
Financial TImes le jour même, le premier ministre turc a déclaré que
l'Allemagne était la principale responsable de la «discrimination»
imposée à son pays par l'Europe, qui a refusé de l'inclure dans les négociations
d'adhésion lors du sommet de Luxembourg en décembre
1997. - (AFP.)
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