Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

t
KARBAlA
de notre errvoyt spécial
L'ordre règne à Karbala et à Nadjaf,
mais les deux villes saintes du
chiisme pleurent .toujoUrs leurs.pè,
REPORTAGE_--
Karbäla et. Nadjaf
payent le prix de
l'insurrection de 1991
et du conflit avec l'Iran
lerins. Avec difficulté, elles tentent
de surmonter leurs deux dernières
épreuves: le prix de l'insurrection
de 1991, et l'embargo qui frappe
. l'Irak depuis l'invasion du Kowett,
en 1990. Sept ans après les émeutes
qui avaient éclaté après la libération
du Koweït et la déblcle de l'armée
irakienne, les traces des
combats ont presque toutes disparu.
Insurgées au début du mois de
mars 1991, les deux villes avaient
été prises vingt jours plus tard, à
l'arme lourde, par les colonnes envoyées
par le président Saddatn
Hussein.
A Karbaia. la reconstruction mas-
NÉ PAS LEVER le pied, serrer le
président irakien de près, obtenir
qu'fi applique sans faille les résolutions
du Conseil de sécurité de
l'ONU et préparer l'étape suivante,
c'est-à-dire envisager d'ores et déjà,
et à la condition que Bagdad « joue
le jeu », la levée des sanctions qui
lui ont été imposées par la communauté
internationale en 1991: cela
s'appelle assurer un suivi et c'est en
substance lalogique de l'attitude de
la France après l'avertissement
adressé, lundi 2 mars, par le Conseil
de sécurité à l'Irak.
A la différence de la position des
Etats-Unis marquée par un profond
scepticisme, cette attitude est sous.
tendue par la volonté de croire
qu'un règlement avec l'Irak est possible,
si Bagdad comprend qu'il y va
de son propre intérêt.
Le secrétaire général du ministère
français des affaires étrangères,
Bertrand Dufourcq, est arrivé, mar-
sive du centre-ville a tout emporté,
y compris le bazar persan qui jouxtait
les mosquées où reposent Abbas
et Hussein, martyrs de la bataille
éponyme •.Les .dömcs et les
minarets dorés qui abritent les
tombeaux ont été également soigneusement.
restauRa ..A Nadjaf, fi
faut aussi s'éloigner de la mosquée
d'Ali, père de Hussein et fondateur
du chiisme, pour retrouver sur les
murs des impacts de balles. Inutile
d'espérer pouvoir visiter l'immense
cimetière qui s'allonge presque indéfiniment
aux portes de la ville et
où ont été longtemps ensevelies les
dépouilles d'Iraniens chiites.
« n y a un problème », bredouille,
gêné, le « traducteur » du ministère
de l'information qui accompagne,
comme c'est la règle, les voyageurs
étrangers en dehors de Bagdad.
«Ce n'est pas possible, décision du
gouvernement », conclut-fi. C'est ici
aussi que reposent les corps des
victimes de la répression. Le gouvernement
de Bagdad a toujours
imputé les troubles de 1991 à des
éléments iraniens infiltrés en Irak.
Bien sfu, ces lieux saints ne sont
pas vides. loin de là. Majoritaire-
PRISONNIERS DE GUERRE
Ils tardent de voir s'améliorer le
climat entre Bagdad et Téhéran,
tOUjours en froid après une impitoyable
guerre de huit ans achevée
par un armistice en 1988. Les deux
pays n'ont pomtant jamais rompu
leurs relations diplomatiques. A
Bagdad, au plus fort du conflit, les
couieurs iraniennes ont continué de
flotter imperturbablement, à deux
pas du mlnistère irakien de l'information.
Car ce sont, dans une large mesure,
les chiites iraniens présents
dans les deux villes qui ont fait leur
prospérité jusqu'au début de ce
siècle, comme l'établissent les tra-
Jacques Chirac invite .
Saddam Hussein à respecter It l1tonae
pleinement ses engagements
Tout manquementaurait
de graves conséquences
di 3 mars, à Bagdad, où il doit remettre
à Saddam Hussein un message
du président Chirac, pour qui
la crise entre l'Irak et l'ONU ne s'est
dénouée, à ce stade, que sur le papier.
lbut reste à faire dans la pratique,
à commencer par l'applica-
. tion au pied de la Iettre par l'Irak de
l'accord qu'il a conclu avec le secrétaire
général de l'ONU, Koti Annan,
le 23 février.
Dans une première missive adressée
au début de février à son homologue
irakien, M. Chirac exposait la
conjoncture internationale, prévenait
M. Hussein que les résolutions
de l'ONU étaient incontournables,
le mettait en garde contre les
risques qu'encourait son pays en refusant
de les appliquer et proposait
une voie de sortie. Il lui expliquait
que la diplomatie nétait pas inépuisable.
La démarche française n'avait
pas laissé l'Irak indifférent.
Si, dans son nouveau message, le
chef de l'Etat français se félicite de
. En Irak l les deux villes saintes du chiisme pleurent ~~~.d~li~::S~~~~~x
L~~
1 'l' hommes d affaires, les Iraniens ont
ouJOurs eurs pe enns ment chilte, l'Irak vénère Ali et ~ chassés par v.agues successives.
Hussein. Sunnites et «partisans La dqradation ~ échanges entre
d'Ali» tournent ensemble dans le les deux pays a tari la source de resens
inverse des aiguill~s d'une venus que constituaient les nommontre,
autour .des grilles d'argent breux pèlerins. Les chiites pakistaqui
enferrent les reliques qui sont nais ou indiens ne les ont jamais
tour à tour embrassées et caressées rémplacés. Ils sont d'ailleurs bien
pm:- .Ies. iklèlti_ .Mais il manque,..à rares autour des mausolées.
Karbala et à Nadjaf l'activité tiouil- Pour sortir de son isolement ditonnante
des bouti~ et des ho.. plomatique, l'Irak a fait quelques
tels que l'on trouve, par exemple, pas en direction de deux de ses voidans
un autre lieu de culte chilte la sins: la Syrie et l'Iran, alliés de
mosquée de Sayyida zeynab, ~ ~ngue date. Si une animosité anla
banlieue de Damas, en Syrie. Les Clenne entre Saddam Hussein et
lieux saints irakiens attendent des Hafez El Assad interdit pour l'insjours
meilleurs. tant de plus amples progrès, Bag-
____ JEUDI 5 MARS 1998 ----
.lOir que la voix de la raison l'a em-
?lOfté eQlrak - comme en témoigne
. éKXOtd coDdu .avec. M. Annan -, il
n'en laPptIle pas mOfits-à M. Hus-
3dnqûiherait vain de miser sur
une QUtlkorique division au Conseil
de sél:t1rité, ou sur un éventuel
laxisme dé l'un ou l'autre de ses
membres.
VOLONΠDE TWANsPARINCE
Cette insistance de M. Chirac à
clarifier sa position publiquement
et dans ses messages à M. Hussein
est à double détente: eUevise d'une
part à explquer à ce dernier que la
France est'intraitable sur l'application
à la lettre des exigetlces légitimes
'de la communauté IDternatio- .
nale et d'autre part à dissiper les
soupçons de mercantilisme, de partialité
pro-arabe, voire pro-irakienne
qui sont portés sur Paris, aux
Etats-Unis notamment, dès lors que
la France ne s'aligne pas purement
et simplement sur la position amé-
dad et Téhéran continuent par ailleurs
d'~e divisés par un sujet
sensible, celui' des prisonniers de
guerre.
Plusieurs milliers d'Irakiens ont
été officiellement recensés en Iran
par le Comité international de la
Croix-Rouge (CICR). Par petites
vagues successives, des soldats
rentre~t au pays. «Après quatorze
ou qUinze ans de captivité ils se
trouvent dans l'état PsyChoÎogique
que vous pouvez imaginer », murmure
un ~ cannt français, qui a
récemment assisté au retour dans
sa ~.de l'un.de ses fidèles. Les
Iraniens ont établi, œ leur côté, de
longues listes de soldats disparus
qui diffèrent très largement des ef~
fectifs réduits des prisonniers en
Irak estimés par les observateurs
internationaux. Tant que ce doulourèux
contentieux n'aura pas été
apuré, on continuera de se retourner
sur I~ sillage d~ très rares pèlerins
iramens autonsés, ici, à venir
honorer leurs saints.
Gilles Paris
ricaine. Cette volonté de transparen~e
a réussi à la France jusqu'à
mamtenant.
En des termes plus explicites que
la résolution 1154du Conseil de sécurité,
M. Chirac rappelle dans son
nouveau message au président irakien
qu'en acceptant de coopérer
avec l'ONU, fi peut voir levé l'embargo
pétrolier, premier pas vers la
réintégration de son pays dans la
communauté internationale. Paris
estime en effet 'que s'ß faut afficher
une fermeté voire une certaine dureté
avec Bagdad, fi est non moins
indispensable de lui expliquer que
sa coopération sera payante.
A cet effet, la résolution 687 du
Conseil de sécurité dispose à son
paragraphe 22 que l'embargo pétrolier
sera levé, dès lors que ses
armes de destruction massives auront
été éliminées.
MounaNaïm
Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Baszn Özeti
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