Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka
Çapê':'Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Özeti
co
en
Le Conseil de s~curité a tr~uvé un compromis
sur la formulatIon de sa mIse en garde a l'Irak
Jacques Chirac dépêche un émissaire à Bagdad
~
VI
cc: Le président Jacques Chiracdevait adresser, mar- . soit réintégré dans la communauté intematiodi
3 mars, un message au président irakien pour nale. Le numéro deux du Quai d'Orsay, Bertrand
~..,. l'inviter à Cf jouer le jeu» s'il veut que son pays Dufourcq, devait quitter Paris mardi à midi pour
Cl:
Ci
~ NEW YORK (Nations unies)
~ de notre correspondante
W En mettant l'Irak en garde,lundi
~ 2 mars, contre « les conséquences les
~ plus graves» que pourrait avoir une
z 'éventuelle violation de ses engageo
:ments envers les Nations unies, le
~conseil de sécurité a rejeté toute
...J idée d'automaticité entre une ine
fraction et le recours à la force .
. Mais la résolution 1154 adoptée à
l'unanimité par lé Conseil est SU"
jette à des interprétations contradictoires,
car la communauté internationale
reste profondément
divisée à propos de l'Irak.
Mettant l'accent sur l'avertissement,
les Etats-Unis et la Grande-
Bretagne font valoir que la résolution
est « le triomphe de la diplomatie
soutenue par la force ». Pour la
France et la Russie notamment, « la
victoire» réside dans le fait d'avoir
évité la notion d'un recours automatique
à la force et d'avoir introduit
implicitement la notion de
« lumière au bout du tunnel », c'està-dire
seul membre arabe du Conseil. le ricaine ». Pour que Washington
la levée des sanctions écono-
texte est bien différent du projet «puisse affirmer à son opinion pu-
miques imposées à l'Irak depuis d'inspiration américaine proposé blique »que la résolution est ferme,
1991. Cette levée. est tributaire du par Londres et Tokyo. Sous la pression
les «pacifistes» au sein du Conseil
désarmement de Bagdad.
des Républicains, l'administra-
- c'est ainsi que les nomment les
tion du président Bill Clinton voulait
Américains - ont accepté l'expres-
EXCLUSION DE L'AUTOMATICI-œ
pratiquement «réécrire le sion «conséquences les plus
le texte est en réalité le fruit d'un . mémorandum d'accord» signé par graves », au lieu de «conséquences
compromis entre les quinze pays Bagdad et le secrétaire général de graves ». En échange, ils ont obtenu
membres du Conseil de sécurité. l'ONU, Kofi Annan, à propos de qu'il soit expressément dit que le
Malgré leur position a priori dure, l'inspection des sites dits «présidentiels»
Conseil « reste activement saisi de la
les Britanniques, qui avec les Japonais
en Irak. Washington sou-
question de façon à assurer l'appli-
avaient coparrainé la résolution,
haitait aussi introduire l'expression cation de la présente résolution et à
en ont bien résumé le 'sens. «violationj1agrante »des termes du préserver la paix et la sécurité dans la
« Cette résolution adresse deux messages
cessez-le-feu, qui aurait impliqué région », ce qui est interprété
tr~s clairs à l'Irak », a dit l'am-
aux yeux des Américains un feu comme une exclusion de l'automa-
bassadeur britannique, Sir John vert pour le recours à la force. ticité.
Weston. le premier ,s'adresse «à la « Conscients de la position difficile les Etats-Unis ont rejeté une
population pour dire qu'il existe bien de l'administration vis-à-vis des républicains
proposition brésilienne visant à
une lumière au bout du tunnel, que
», explique un ambassa-
préciser que la violation devait être
les sanctions économiques peuvent deur occidental, «notre stratégie a «déterminée par le Conseil de sécu.,rité,».lls
être levées. L'autre av.ertit le gouver~. consisté q.,grianQter la posiffpr amé-
ontéga)ement refusé lie
.nement irakien des conséquences
"graves» d'une éventuèlle violation
4
.de ses « engagements.», .La .résoh.l~
tion «n'estpâs une menace, malS
trace le chemin pour l'avenir ».
L'adoption de la résolution a été
rendue possible par l'intervention
très active et inhabituelle de pays
non alignés, membres du Conseil
- tels le Brésil, le Costa Rica, la
Suède et la Slovénie -, qui, bien que
. divisés, ont tenu à faire respecter
l'autorité du Conseil, rejetant ainsi
toute automaticité entre une violation
et le recours à la force. Outre le
Royaume-Uni, les Etats-Unis bénéficiaient
du soutien du Japon, de la
Gambie, du Portugal et de Bahrein,
cc L'Irak a,retardé»
la levée des s~nctions
En vertu de la résolution 1154 qu'Il a adoptée lundi 2 mars à propos
de l'Irak, le Conseil de sécurité de l'ONU souscrit «au mémorandum
d'accord» signé par l'Irak et par le secrétaire général de l'ONU. Il
souligne que le respect par l'Irak «de l'obligation d'accorder immédiatement,
inconditionnellement et sans restrictions» aux lnspecteUJ,'S.
qualifiés «les facilités d'accès prévues dans les résolutions pertinentes.
(•••) est nécessaire pour assurer l'application de la résolution 687 (1991),
et que toute violation aurait les conséquences les plus graves pour
l'Irak ». Le ConseIl «réaffirme son intention de se conformer aux dispositions
de la résoiution 687( ...) et note qu'en rejusantjusqu'à présent
de s'acquitter des obligations qui lui incombent en l'espèce, l'Irak a retardé
le moment où le Conseil pourra prendre une décision ». Le
ConseIl décide enfin «de demeurer activement saisi de la question, de
façon à assurer l'application de la présente résoiution It.
Bagdad. Auparavant, le Conseil de sécurité avait
adopté une résolution avertissant l'Irak contre
Cf les conséquences les plus graves »•
prendre des engagements même
verbaux et à huis clos sur l'exclusion
de l'automaticité. Mais lors des
réunions informelles, auxquelles les
Américains n'ont pas participé, itfftrment
des diplomates, Londres et
Tokyo, les deux co-auteurs du texte,
«se sont solennellement engagés
à exclure la notion d'automaticité ».
A l'ouverture de la réunion,
M. Annan, tout en rappelant «la
nature, les exigences et les promesses»
du mémorandum d'accord
qu'il a signé avec l'Irak, a tenu à
adresser son propre avertissement
à Bagdad: «L'Irak comprend pleinement
que si l'accord fait l'objet
d'obstruction, defraude ou defalsification,
il ny aura pas une deuxième
chance pour la diplomatie », a-t-il
dit. Rappelant que pour Paris une
résolution n'était pas «juridiquement
et pOlitiquement» nécessaire,
l'ambassadeur français, Alain
Dejammet, n'en a pas moins estimé
.que le texte était justifié parce qu'il
« dissipe toute ambiguïté sur la durée
des sanctions» et qu'il confirme
«les prérogatives du Conseil de sécurité
d'une manière qui exclut toute
idée d'automaticité ».
Enfonçant le clou, le représentant
russe, Sergey Lavrov, s'est félicité
du fait que «toute idée d'automaticité
pour ce qui concerne
l'action militaire a été exclue ». Un
rôle «déterminant a été joué par les
co-auteurs du texte, qui lors des
consultations à huis clos ont pris des
engagements dans ce sens », a affirmé
M. Lavrov. «Personne, a-t-il insisté,
ne peut désormais outrepasser
le Conseil de sécurité. »
Un certain scepticisme demeure
toutefois de rigueur aux Nations
unies. Interrogé sur la stratégie du
Conseil de sécurité en cas de violation,
par l'Irak de ~s ~ngagl:Ill,~nts,.
un 'ambassadeur pourtant «pacifiste»
répond: «On se déchirera
une fois de plus. » les Etats-Unis
«n'attendront personne pour déclencher
le feu ». En attendant, les
Américains ont une guerre à mener
avec leurs propres médias. Interrogé
sur sa réaction à la nouvelle résolution
sur l'Irak, un responsable
de haut ranK du département
d'Etat, joint par téléphone à Washington,
a répondu: «Tout dépend
de ce que l'on va lire dans lesjournaux
du matin, ilfaut voir comment
vos COllèguesanglo-saxons ont décidé
d'interpréter la résolution I »
Afsané Bassir Pour