Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Basm Özeti
La lutte contre la rébellion kurde passe sur le terrain des
mots par Tom SEIBERT
ISTANBUL, 28 avr (AFP) - Dans la guerre que livre la Turquie aux rebelles kurdes du PKK, les mots ont
pris le relais des fusils, avec la publication depuis plusieurs jours dans la presse d'affirmations selon
lesquelles certains activistes des droits de l'Homme, journalistes et politiciens sont à la solde de cette
organisation illégale.
Et mardi, le quotidien Sabah a affirmé que le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan, séparatiste) était
également responsable de l'assassinat de l'ancien Premier ministre suédois Olof Palme en 1986.
Toutes ces affirmations sont basées sur ce que les journaux présentent comme des extraits des
interrogatoires de Semdin Sakik, ancien commandant du PKK capturé par les troupes turques dans le nord
de l'Irak le 13 avril, et interrogé depuis par les services de sécurité turcs.
Les déclarations de Sakik n'ont pas été publiées officiellement et sont impossibles à vérifier de manière
indépendante.
Mais les observateurs notent que l'essentiel des informations parues dans la presse tombe à pic pour la
stratégie turque.
Ankara tente depuis des années de convaincre l'Occident que le PKK est une organisation terroriste sans
scrupules et non un mouvement politique légitime.
Plus de 29.000 personnes ont été tuées depuis que le PKK lancé sa rébellion armée contre Ankara en août
1984 pour la création d'un Etat kurde indépendant dans le sud-est du pays.
Le PKK a subi une série de revers militaires récemment et la capture de Sakik est considérée comme un
nouveau coup dur pour lui.
De source diplomatique à Ankara, on relève le gros coup publicitaire que constitue pour la Turquie
l'information de Sabah, tout en n'excluant pas que le PKK ait pu effectivement assassiner Olof Palme.
"Vraie ou fausse, cette information va donner de quoi réfléchir aux Occidentaux qui appellent la Turquie à
ouvrir un dialogue politique avec le PKK", selon cette source.
Hakan Yilmaz, expert en sciences politiques de l'université du Bosphore, a estimé que si elles sont
confirmées, les déclarations de Semdin Sakik donneront une bonne occasion à la Turquie de dénoncer le
PKK comme organisation terroriste.
"Si c'est vrai, c'est tout bon politiquement",
a-t-il dit.
Mais M. Yilmaz a mis en garde contre la tentation de prendre ces déclarations au pied de la lettre.
"On ne sait pas ce qu'il a dit et même s'il l'a dit, on ne sait pas sous quelles contraintes il était", a souligné
M. Yilmaz. "Pour tout le monde, l'important sera ce qu'il dira au tribunal quand il passera en jugement".
Quelques jours avant celle concernant Olof Palme, d'autres informations présentées comme des
témoignages de Sakik avaient créé une polémique, des militants des droits de l'Homme et des politiciens
rejetant avec indignation l'affirmation qu'ils s'étaient faits les instruments du PKK.
Selon ces informations, Sakik aurait déclaré qué le président de l'Association des droits de l'Homme de
Turquie, Akin Birdal, était "davantage un combattant du PKK" que lui-même.
M. Birdal a rejeté cette information, affirmant qu'il considérait le PKK comme une "organisation de guérilla
armée". "C'est un stratagème très primaire", a-t-il dit.
Selon d'autres informations parues dans la presse, Sakik aurait dit à ses interrogateurs que des pays comme
123