Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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-Le Monde - venredi, 7 mars 1997 -Le Monde - venredi, 7 mars 1997
Lepremier ministre turc accepte
d'enrayer l'islamisme militant
M. Erbakan cède à l'armée et sauve son gouvernement
Après avoir résisté durant trente-six heures, le
premier ministre turc, l'islamiste Necmettin Erbakan,
a cédé à la pression de l'armée et accep-
té de signer une liste de mesures destinées à
combattre le fondamentalisme dans le pays.
S'il sauve son gouvernement et la coalition
parlementaire qui l'appuie, il sort fragilisé de
cette épreuve de force avec une armée qui se
veut la gardienne de la laicité du pays.
ISTANBUL
denouecorrespondanre
Le premier ministre, Necmettin
Erbakan, cédant finalement à la
pression des militaires, de l'opposition
et du Parti de la juste voie, le
partenaire minoritaire au sein de la
coalition, a signé mercredi 5 mars
une liste de mesures «conseillées»
par le tout puissant Conseil national
de sécurité (MGK), qui réunit
les dirigeants militaires et civils du
pays, pour enrayer la montée des
radicaux isÜlmistes. «La crise
[entre l'armée et le premier ministre]
a été complètement surmontée
», a déclaré le secrétaire général
du MGK, le général Ilhan Kiliç. Il a
précisé que le document avait été
entériné sans que le premier ministre
obtienne les modifications
qu'il souhaitait.
Necmettin Erbakan avait approuvé
le communiqué général publié
par le Conseil national de sécurité
à l'issue d'une
réunion-marathon de neuf heures,
le 28 février, qui réaffirmait l'engagement
de la 1\1rquie à l'égard de la
laïcité et envisageait des sanctions
contre ceux qui la menacent (Le
Monde daté du 4 mars). Mais le dirigeant
du Parti de la prospérité,
craignant de perdre le soutien de
ses électeurs islamistes, s'était, en
revanche, opposé aux mesures précises
préconisées par le MGK, qu'il
jugeait trop strictes. Le Conseil prévoit
la fermeture de certaines
écoles religieuses, une application
plus rigoureuse des lois existantes,
notamment celle qui interdit le
port de vêtements religieux, et l'introduction
de législation supplé-
I
avait, pour sa part, demandé la démission
du premier ministre. La
grande presse, qui s'était élevée
contre le gouvernement de M. Erbakan
dès sa formation en juillet
1996, les syndicats et les autres partis
politiques ont également pris
parti pour les généraux, laissant
M. Erbakan de plus en plus isolé.
Son refus initial de céder avait
également causé de sérieuses tensions
au sein de la coalition. Tout
en affirmant que le gouvernement
resterait en fonction, le vice-premier
ministre et ministre des af 7
faires étrangères Tansu Ciller, sous
la pression de députés qui exprimaient
ouvertement leur appui
pour l'armée, avait laissé entendre
que son parti pourrait se retirer si
« les conditions le nécessitaient ».
L'obstacle de la signature désormais
surmonté, la prochaine bataille
politique se jouera lors de la
réunion du cabinet des ministres,
qui devrait avoir lieu jeudi. Le gouvernement
mentaire contre les fondamentalistes.
lérer l'attitude défiante du premier
devait examiner la liste
«En Turquie, les ministre.
des mesures proposées par le
gouvernements sont formés au Parlement,
Le chef du gouvernement avait Conseil national de sécurité,
pas au Conseil national de sé-
entrepris, au cours des derniers l'adopter formellement et mettre
curité. Les lois sont faites au Parlement
jours, une tournée de consultation en place le dispositif pour sa mise
», avait déclaré M. Erbakan à auprès des dirigeants de l'opposi-
en application. Les militaires insis-
ses collègues du Parti de la prospérité.
tion pour tenter de les convaincre teront sur une application stricte,
de soutenir sa position contre l'ar-
ne serait-ce que pour décourager à
mée qui, à trois reprises depuis l'avenir les responsables politiques
ISOLEMENT
1960, est intervenue dans le processus
de défier leurs ordres. Ce volet, qui
Techniquement, la signature du
démocratique. «Je lui ai dit que vise en grande partie des électeurs
chef du gouvernement n'était pas je n'étais pas d'accord. Je lui ai dit du Parti de la prospérité, constituera
indispensable, puisque les autres que c'était à lui de résoudre le problème
le véritable test pour M. Erba-
membres du Conseil avaient tous
», a indiqué Mesut Yilmaz, le kan, dont le gouvernement semble
voté en faveur des mesures. Mais dirigeant du Parti de lamère patrie, avoir obtenu un sursis mais demeure
les militaires, qui ne cachent pas après sa rencontre avec le premier
sous surveillance.
leur manque de confiance à l'égard ministre mercredi. Bülent Ecevit,
de M. Erbakan, ne peuvent pas to- du Parti démocratique de gauche,
Nicole Pope
The New York Times, 8 mars 1997
Delicate Relations With Turkey
A top Turkish official passing through NeW'
~ork recently studiously hinted that hiS Governm~t.
a member of NATO, might block the alliatice's
planned eastward expansion unless Turkey
_ admitted to the European Union. The threat is
probably a bluff. but it was a reminder that Turkey,
no)\' led by an Islamic Prime Minister, has its own.
inalernational genda and intends to demonstrate its
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