Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm Özeti
Erbakan coincé entre l'année et les radicaux. turcs
Malgré fa preMion de 6Ol1 parti, le Prenûermini6tre ~te a dû céderauxmüitaire.s .surfa Laïcité.
 M  L y.s •
t.t.nbullntérim
Necmettin Erbakan,le Premier ministre turc,
alterne l'attaque frontale et l'esquive face à un adversaire
plus fort que lui: l'armée. Après avoir résisté
six jours au Conseil national de sécurité, il s'est finalement
incliné en signant hier les 22 «recommandations»
des militaires visant à lutter contre la subversion
islamiste. Comme il avait déjà dtî parapher deux
fois depuis qu'il est Premier ministre l'expulsion de
plus d'une centaine d' officiers et de sous-officiers accusés
de propagande islamiste. Il
n'en renonce pas pour autant à dénonce~
cette immixtion des mili-
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taires dans un jeu politique qu'ils
contrôlent totalement depuis neuf
mois. «Legouvernementn'estresponsable
que devant le Parlement, et n'a
pas de comptes à rendre au Conseil
national de sécurité, qui n'est qu'une
instance consultative», arguë-t-il.
C'est pourquoi il a entrepris de soumettre
les «suggestions» des généraux
à l'Assemblée, où il conserve
une majorité étroite grâce au soutien de plus en plus
fragile du parti de laJuste Voie de Tansu Ciller.
Deux lois clés. «C'estunemanœuvrepurementdilatoire»,
rétorque un député de gauche, puisqu'un vote
parlementaire n'est pas obligatoire et ne changerait
rien, quel que soit son résultat. D'autant que sur les
22 points de ce protocole de gouvernement issu de la
tlemière réunion du Conseil de sécurité, «20 sont des
mesures purement exécutives, c'est-à-dire qu'elles
consistent à appliquer des lois existantes mais tombées
en désuétude». Seules deux nécessiteraient l'examen
du Parlement pour modifier l'arsenal législatif en vigueur:
l'une condamne l'utilisation de la religion à
des fins politiques, l'autre est destinée.à renforcer l'indépendance
et l'efficacité de lajtJstio. et.un ministre,
Sevket Kazan, très critiqué.
Ma .... étroit •• Sans grande marge de manœuvre,
Erbakan joue donc le zélote de la démocratie et tente
tout ce qu'il peut pour à la fois satisfaire les militaires
et ne pas donner l'impression de céder totalement. «n
oublie qu'il a enface de lui des officiers d'état-major qui
ont leur propre programme et leur propre calendrien>,
commente encore ce parlementaire. La prochaine réunion
«mensuelle» au cours de laquelle Necmettin
Erbakan devra rendre des comptes aux cinq plus
hauts commandants en chef du pays est dans trois se
maines, et c'est, de l'avis général, le répit maximal sm
lequel peut compter le président du Parti de la prospérité
(Refah). Des craqu~ments app~~ déjàa~
sein du parti de laJuste VOlede Tansu Ciller, ou les cntiques
des vieux caciques s'accumulent contre son opportuniste
leader. Entre-~emps, ,les ~anœu~es
d'Erbakan pourraient très bien aussI déplaire à la hiérarchie
militaire.
Isolé, «le professeur» n'a en tout cas pas réussi à donner
des leçons de démocratie aux représentants de
l'opposition qu'il a successivement rencontrés en début
de semaine pour tenter de les mettre de son côté:
«Respectez la Constitution ou démissionnez!»? lui ontils
IDUS poliment répondu. De même, les troIS grands
syndicats -qui avaient appelé à éteindre les lumières
dans tous le pays tousles soirs à21 heures pendant un
mois- et la rue, qui manifeste régulièrement, envoient
le même message: défense inconditionnelle de
la laïcité, voire de l'armée chargée de la protéger
contre vents et marées ...
CrédIJIIIté. «n est clair que Erbakan agit ainsi pourgarder
la confiance de son électorat, au cas où. ..», explique
cet éditorialiste. Car le Premier ministre ne peut pas
se permettre de capituler. «S'il reste etse soumet, les radicaux
risquent de faire scission et de monter leur
propre parti, comme dans les années 70; s'il quitte le
gouvernement, c'est lafrange centriste et libérale de sa
formation, la plus importante et celle qui le soutient financièrement,
qui risque de retourner vers despartis de
centre droit.» C'est donc aussi une question de crédibilité
et de survie que de ne pas accepter le diktat de
l'armée, que personne pourtant ici ne fait mine
d'ignorer.
En attendant, les militaires ne prennent pas de gants
avec le pouvoir en place. Un second maire-député
étiqueté Refah vient d'être emprisonné et accusé
d'aide à la rébellion séparatiste du PKK (un prétexte?),
après que le maire de Sincan a déjà été traîné en
justice pour avoir proféré des appels à la Charia. Et
l'armée dévoilait il y a trois jours comment les jeunes
étudiants des écoles coraniques non agréées par le
ministère des Affaires religieuses et le ministère de
l'Education récitaient qu'ils juraient de mettre fin à la
république du «mécréant» Mustafa Kemal. Ce nettoyage
que Necmettin Erbakan ne veut se résoudre à
faire, les militaires l'ont déjà entrepris.
JtROME
BASTION
Un écrivain turc
condamné
Yilmaz Odabasi a été condamné
hier par laCour de sûreté de
l'Etat d'Ankara à 18 mois de
prison pour avoir fair de la
propagande separatiste dans
un de ses livres, le Rêve et la vie.
I.:écrivain a été de surcroît inculpé
et écroué pour avoir «insulté»
le tribunal lors de la prononciation
du verdict.
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