Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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ta ires elle est l'otage de leur alliances ou
de le~rs mésalliances', précisait Danielle
Mitterand.
Elle était rejointe dans son propos par
Kendal Nezan, kurde de Turquie, déchu de
sa citoyenneté turque par le régime d'Ankara
en raison de son combat pacifique
pour faire connaitre à l'opinion le sort de
son peuple.
Pourquoi ce silence autour du génocide
du peuple kurde?
"Sans doute parce que la Turquie est
une puissance importante qu'il faut mé~ager.
De là à nourrir un gouvernement qUIse
conduit de telle manière. L'économie de
marché c'est bien mais pas au détriment de
toute une population ", disait Danielle Mitterand.
Et Kendal Nezan d'ajouter: "Pendant
longtemps, on s'est entendu dire "il ny a
rien à faire vous êtes dispersés dans différents
états;'. Aujourd'hui, la Turquie fait
écran pour que le tragédie kurde ne soit pas
connue".
La Fondation France-Libertés mène une
action depuis de nombreuses années en
Irak ..Elle a peI'mis la création de 60 écoles
et la restauration de 40 autres.
Elle est à l'origine de la construction
d'un centre d'accueil pour que les enfants
sortent des prisons, un représentant de la
fondation est sur place en permanence et le
lien entre la fondation et les kurdes d'Irak
n'est jamais l'ù.mpu.
Concernant la Turquie, la fondation y est
non seulement interdite de séjour mais aussi
de passage. Elle empruntait la voie turque
pour se rendre en Irak, cela n'est plus
possible aujourd'hui.
Elle mène donc des campagnes pour faire
valoir les droits du peuple kurde auprès
de' diverses instances comme le parlement
européen, l'O.N.V ou auprès des différents
chefs d'Etats.
Bastia a accueilli, hier, non pas celle qui
fut la première dame de France pendant
14 ans, mais la citoyenne Danielle
Mitterrand qui, dès son plus jeune age, s'est
engagé dans la lutte pour les libertés et les
droits de l'homme. Nous avons "dévié" de la
question kurde pour lui poser quel~ues
questions concernant la France et la situation
corse.
• Aujourd'hui, en France, des événements
qui ne sont pas de très bon augure
s'enchainent: l'affaire de Chateauvalion à
Toulon la victoire du..FrOQtNational à ,Vitrolles,'
la loi Debré contre l'immigration ...
'Les libertés sont elles menacées?
"Elles sont menacées en France comme
ailleurs en.permanence. Quandil y a des intérêts
contraires, le plus for! a toujours tendance
à menacer le plus tiHJJf, il faut rester
très vigilant. A la Fondation, dès 1993" avec
les lois Pasqua, nous nous sommes mobilisés.
Nous avons créé le passeport européen
contre la ra~isme, on le trouve actuellement
dans les quinze pays de la cO!1lmunautéet
dans les payas d'Europe Centrale. Cepasseport
est un engagement vis à vis de soimême
et un signe de reconnaissance de
ceux qui veulent véritablement se battre
contre le racisme, il représente aussi la
création d'un véritable réseau civique européen.
Des lois iniques ne peuvent que mener à
la multiplication de mesures répressives injustifiées
et réanimer la méfiance et la violence.
Je le répète, il faut rester vigilant et
réagir, cela est le propre d'un citoyen responsable".
- La forte mobilisation contre la loi Debré
vous est-elle apparu comme un sursaut de ce
qu'on appelle "le peuple de gauche" ?
"Un sursaut du peuple de gauche surement
mais aussi de tous les Français qui
sont mécontents de l'image que donne la
France aujourd'hui et qui a des craintes
pour son avenir proche. Il y a toute une population
française et immigrée qui peut se
plaindre de ne pas jouir de la liberté et de
la protection auxquelles elle a droit".
- Quelle connaissance avez-vous de la
Corse et de sa situation politique?
"La connaissance de la Corse je l'ai par
la presse, les journaux, j'entends des témoignages
différents. Pour vous parler franchemen~
la situation me parait tellement
incompréhensible que je ne peux pas ranalyser.
Si on demandait à l'ensemble des Corses
s'ils veulent demeurer Français je sais
qu'ils repondront en grande majorité par
l'affirmative. Je ne comprend pas comment
une population qui veut rester Française
est constamment harcelée par quelques uns
de ses congénères qui mettent l'île à feu et à
sang. Mon incompréhension s'adresse aussi
bien à cette majorité silencieuse qu'à la minorité
nationaliste et activiste".
- François Mitterrand a dit, lors d'une visite
dans l'île, "le nationalisme c'est la guerre",
le rejoignez-vous dans cette affirmation?
"Je rejoins tout à fait François
Mitterrand. La montée des nationalismes,
cela nous est démontré chaque jour va à
l'encontre de l'humanité et de l'histoire. Cela
est valable en Corse comme ailleurs. Prenons
l'exemple des électeurs de Le Pen, ils
sont comme Gribouille, il se jettent dans
une rivière pour se protéger de la pluie. Les
électeurs de Le Pen se trompent de cible au
lieu de chercher des "ennemis" ils devraient
s'unir contre un système qui les
broie les uns et les autres'.
Propos recueillis par
Bernadette SPAGNOLI
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