Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

• 2 • 11111lt'lÏlI (Ie liaison ('I (l'in./i""IIIalion nO 1./.1-1./.5. Mars-AtTil llJ97
accusé nommément l'ayatollah Sayed Ali
Khamenei, Guide Spirituel de l'Iran
et le
président Hashemi Rafsandjani d'avoir
personnellement donné l'ordre pour ce
crime. De son côté le juge Kubsch a
déclaré: " le leadership politique iranien
est responsnble. Il n été prouvé qu'il y
aveût un ordre officiel de liqlLidation.
Nous ne cherchons pas ii incriminer le
gouvernement iranien mnis, après des
mois d'enquête et de vérifications des
pièces, naILsavons nbouti ii w conclusion
incontolLrnnble qlte l'nssnssinat de ces
Kurdes étnit une pnrt de w campagne de
terreur visemt ci. éliminer les dissidents ii
l'étranger qui ne peut être orchestrée que
par Téhéran". La cour a été frappée par
les fanfaronades des leaders de l'Iran se
vantant de " pouvoir rédlLire au silence
Itne voix dérangeante " quand ils
vonlaient. [J a cité à ce propos une
interview donnée à la télévision iranienne
pal' le ministre des Renseignements Ali
Fallahiyan
en août 1992, un mois avant
la tnerie de Berlin, dans laquelle il se
vantait de la capacité de l'Iran
de lancer
des" frappes décisives" contre ses
opposants
à l'étranger.
Selon les attendus du jugements, M.
Fallahiy'an a reçu du Comité
d'opérations spéciales la mission
d'exécuter le projet d'assassinat des
opposants kurdes. Il a alors contacté
Kazem Darabi, un épicier iranien de
B(~r1in, eonnu par la police allemande
eomme un agent iranien. Darabi a
rcel'l1té ses complices libanais et monté
nn piège ponr attirer dans le restaurant
Mykonos les dirigeants du PD KI qui se
trouvaient à Berlin pour participer au
Congrès de l'Internationale
socialiste. Au
!:OIlI'S du dîner avec des" groupes
d'opposition iraniens" deux hommes.
masllués ont fait irruption, mitraillé et
tué les Kurdes et pris la fuite. La police
allemande a inullédiatement suspecté K.
Darabi qui avait déjà suscité des
suspicions dans des affaires d'attaques
eontre d'autres dissidents iraniens.
Quelques semaines plus tard la police
allemande a pu l'arrêter ainsi que ses
complices et saisir les armes du crime
qu'elle a pu identifier comme venant de
l'arsenal
de l'armée iranienne.
Au cours de ce procès exemplaire,
qui a
duré près de cinq ans, de nombreux
iraniens sont venus témoigner pour
éclairer la cour sur le fonctionnement
les méthodes du régime iranien. Les
témoignages de l'ancien président iranien
Aboi-Hassan Banisadr et d'un ancien
haut dirigeant des ser'vices de
renseignement iraniens, Abol-Hassem
Mesbahi, ont été particulièrement
précieux. M. Mesbahi a été jusqu'en
1995 un proche collaborateur du
président iranien et il a, à ce titre,
supervisé les réseaux de rcnseif,'Ilements
iraniens en Europe. Il a fait à la justice
allemande des révélations qualifiées
d'explosives et qui ont pu être vérifiées
par les services allemandes. Les deux
défecteurs de la République islamique
ont décrit en détaill' appareil
de terreur
de Téhéran et certifié que l'assassinat des
opposants ne pourrait être décidé que
par les plus hautes autorités de l'État, à
savoir le Guide spirituel Khamenei et le
président Rafsandjani. Ils ont également
indiqué que depuis 1979 environ deux
cents opposants iraniens avaient été
assassinés à l'étranger, dont au moins
vinf,rten Europe, sur ordre des dirigeants
suprêmes de l'Iran.
Le verdict du Tribunal de Bedin a,
comme on pouvait s'y attendre, suscité
une vive crise dans les relations germanoiraniennes.
Bonn a expulsé quatre
collaborateurs d'organismes officiels
iraniens en Allemagne, rappelé son
an1bassadeur à Téhéran et " suspendu"
sa participation
avec l'Iran.
au " dialof,'Uecritique"
Dans un geste de solidarité
tous les États de l'Union européemle ont
également rappelé leurs ambassadeurs
et
en
poste en Iran et suspendu toute
rencontre au niveau ministériel avec
l'Iran. Les États-Unis ont apporté leur
soutien à leurs alliés européens, leur
rappelant" l'inanité du dialogue critique
avec ltlt État terroriste qui doit être
isolé". Washinl,rton a saiué " le courage
du procurelLr allelUnnd, des juges
allemands et des témoins ". Le verdict dn
Tribunal de Berlin" corrobore la
conviction que nous avons de longue date
que le parrainnge du terrorisme par
l'Iran a reçu l'assentùnent des nivenux
supérieurs dit gouvernement iranien. Les
nutorités allemnmles doivent I1!nintenant
tirer leurs conclusions qltltnd ii la
/lumière dont elles souhaitent traiter
avec l'/ran après ce verdict wns
al1!biglli'té.Les États-Unis l1!aintiendront
leu.rs propres sanctions cOlltre l'Iran et
nous encourageons 'vivement nos
partenaires européell$ Ùfiâre de m(~lIle"
a déclaré le porte-parole tlu Départemcnt
d'État Nicholas Burns.
De son eôté l'A ustralie a également
l'appelé son ambassadeur à Téhéran
tandis qn'à Genève, la Conunission des
droits de l'homme a, le 15 avril,
condamné les attentats contre des
opposants iraniens à l'étranger. CeUe
résolution présentée par les Pays-Bas au
nom de l'Union européenne a été adoptée
pal' 26 des 53 États membres de la
Conunission réunie en session annuelle à
Genève. Il y a eu 7 voix contrc et 19
abstentions. (Cf. pp. 240-241).
Le verdict de Berlin a suseité un vif débat
en Autriche où le 13 jlli!Jet 1989 le leader
kurde iranien, Dr. Abdul Rahman
Ghassemloll ~tdeux de ses eolJaborateurs
a vaient été assassinés en plein
" pourparlers de paix " pal' des
émissaires du président iranien. La
police, alertée par l'épouse de l'une des
victimes, s'était rendue sur place mais
n'avait pas procédé à l'arrestation de
trois tueurs porteurs de passeports
iraniens rencontrés sur les litlUx. Selon
M. Erich Maximilian Schmid, à l'époque
directeur de la Section politillue au
ministère autrichien des Affaires
étrangères, "l'wnbasslUlelLr iranien ci.
Viellne avait dellumdé altx responsables
du gouvernement autrichien de ne pas
arrêter les suspects iraniens car 'cela
poltrmit être dangerelLx poltr les
J