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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basm Öz<strong>et</strong>i<br />

-Le Mon<strong>de</strong> - samedi, 12 avril 1997 -Le Mon<strong>de</strong> - samedi, 12 avril 1997<br />

L'Europe suspend le « dialogue critique»<br />

avec le régime <strong>de</strong> Téhéran<br />

Le « somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Etat» iranien a été jugé coupable <strong>de</strong> terrorisme par un tribunal allemand<br />

l'Iran, cr au plus haut somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Etat », a été<br />

jugé, jeudi 10 avril, coupable <strong>de</strong> terrorisme par<br />

un tribunal allemand dans le procès du meurtre<br />

<strong>de</strong> quatre opposants kur<strong>de</strong>s iraniens à Berlinen<br />

1992. l'Union européenne a aussitôt invité les<br />

Etats membres à rappeler cr pour <strong>de</strong>s consultations<br />

coordonnées» leurs ambassa<strong>de</strong>urs à Téhé- ,<br />

ran <strong>et</strong> à suspen~re le ((dialogue critique» euroiranien.<br />

les Etats-Unis réclament <strong>de</strong>s sanctions.<br />

LE CAS est assez exceptionnel<br />

pour poser un problème. Quelle<br />

attitu<strong>de</strong> avoir envers un, Etat - en<br />

l'occurrence J'Iran - dont «le plus<br />

haut somm<strong>et</strong>» est accusé par la<br />

ANALYSE<br />

Un durcissement envers<br />

Téhéran renforcerait<br />

les tenants <strong>de</strong><br />

l'isolationnisme en Iran<br />

justice d'un autre Etat - <strong>de</strong> droit<br />

celui-là -, l'Allemagne, d'acte terroriste?<br />

Que faire lorsque les<br />

sanctions économiques contre Téhéran,<br />

pas davantage que le maintien<br />

d'un «dialogue critique »,<br />

n'ont donné <strong>de</strong> résultats convaincants<br />

?'<br />

Le verdict prononcé jeudi<br />

10 avril par un tribunal <strong>de</strong> Berlin,<br />

dans le procès du meurtre <strong>de</strong><br />

quatre dirigeants <strong>de</strong> l'opposition<br />

kur<strong>de</strong> iranienne dans c<strong>et</strong>te même<br />

ville, en 1992, est ciair: comme le<br />

procureur, le tribunal a suffisamment<br />

<strong>de</strong> preuves pour estimer que<br />

c'est un «comité [officiel] <strong>de</strong>s affaires<br />

spéciales » qui a commandité<br />

le meurtre, <strong>et</strong> c'est le ministre <strong>de</strong>s<br />

renseignements, Ali Fallahian, qui<br />

a donné l'ordre <strong>de</strong> l'exécuter.<br />

Dès l'annonce du verdict, Bonn<br />

a décidéd'èxpulser quatre collaborateurs<br />

d'organismes officiels iraniensen<br />

Allemagne, <strong>de</strong> rappeler<br />

son ambassa<strong>de</strong>ur à Téhéran <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

ne plus' participer, «à moyen<br />

terme », au «dialogue critique»<br />

que l'Union européenne (UE) entr<strong>et</strong>ient<br />

avec le régim:e <strong>de</strong>s mol-<br />

:lahs. L'UEayant opté, <strong>de</strong>puis 1992,<br />

pour une politique commune envers<br />

l'Iran, la prési<strong>de</strong>nce néerlandaise;4ltfrls<br />

1Mt rl~.<strong>de</strong>g-dir<strong>et</strong>-<br />

:t<strong>et</strong>irs politiques, jeudi, à' Bruxelles,<br />

a « iilVité/es pays membres à rappelerleilHs<br />

1!mlflMsâdf!.urs'pIJuP!8és<br />

'consultations coordonnées sur lefu- '<br />

tur <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> l'UE avec<br />

l'Iran ». «Dans les circonstances<br />

actuelles, indique un communiqué<br />

<strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce, il n'y a pas <strong>de</strong><br />

base pour la poursuite du dialogue<br />

critique» avec Téhéran. L'UE<br />

« condamne» l'implication du<br />

«plus haut somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Etat» iranien<br />

qu'elle juge «inacceptable »,<br />

<strong>de</strong> la même manière qu'elle juge<br />

qu'« aucun progrès ne peut être accompli»<br />

grâce au «dialogue critique»<br />

aussi longtemps que l'Iran<br />

foulera aux pieds les règles internationales<br />

<strong>et</strong> soutiendra le terrorisme.<br />

CON5UL1'ATION5<br />

Bien que les termes soient nuancés,<br />

les représentants <strong>de</strong> la Grèce<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Italie ont souhaité consulter<br />

leurs gouvernements. La prési~<br />

<strong>de</strong>nce elle-même, tout en faisant<br />

preuve <strong>de</strong> ferm<strong>et</strong>é, ménage l'avenir,<br />

en attendant que les gouvernements<br />

<strong>de</strong>s quinze Etats membres<br />

se prononcent lors du conseil <strong>de</strong>s<br />

ministres <strong>de</strong>s affairF.S~tra..T}gères<br />

du 29 avril sur les « mesures appropriées<br />

qu'il convient <strong>de</strong> prendre ».<br />

Les Quinze ont le choix. Ils<br />

peuvent déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> rompre définitivement<br />

le «dialogue critique » <strong>et</strong><br />

leurs relations diplomatiques. lis<br />

peuvent aussi, à l'instar <strong>de</strong>s Etats-<br />

Unis, opter pour <strong>de</strong>s sanctions<br />

économiques contre Téhéran.<br />

Washington les a encore invités<br />

jeudi soir, après le verdict, à<br />

« suivre son exemple» <strong>et</strong> à «endiguer»<br />

conjointement un régime<br />

qui, comme l'Irak, constitue aux '<br />

y~ux <strong>de</strong> Washington une «menace<br />

» pour la région. Les Britanniques,<br />

exaspérés par l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l'Iran sur l'affaire Salman Rushdie,<br />

souhaitent vivement aller dans<br />

c<strong>et</strong>te voie.<br />

MlMW~t\t1f1è}'If\fi~ sont régulièrement<br />

consultés en prévision<br />

du verdict, ont pour le moment<br />

opté polli"ùW'ffldYl:!n'tèrffi.e. Lesintérêts<br />

économiques <strong>et</strong> commerciaux<br />

ne seint sans doute pas<br />

étranger~ à leur décision - l'Iran<br />

est après tout un marché <strong>de</strong><br />

60 millions d'habitants, les infrastructures<br />

iraniennes ont besoin<br />

d'importants travaux <strong>de</strong> réfection<br />

<strong>et</strong> les réserves pétrolières <strong>et</strong> gazières<br />

sont loin d'être négligeables.<br />

Mais le profit n'est pas la<br />

seule motivation.<br />

L'UE 'est d'autant moins<br />

convaincue <strong>de</strong> l'efficacité <strong>de</strong> sanctions<br />

que Ma<strong>de</strong>leine Albright, le<br />

secrétaire d'Etat américain, a ellemême<br />

récemment admis que la<br />

mise en quarantaine éconOmique<br />

<strong>et</strong> commerciale <strong>de</strong> l'Iran n'avait<br />

pas donné davantage <strong>de</strong> résultats<br />

que le «dialogue critique ». Au<br />

, reste, les conséquences pour l'Iran<br />

<strong>de</strong> la suspension dudit « dialogue »<br />

<strong>et</strong> les distances prises par rUE avec<br />

lui ne sont pas négligeables: les<br />

Quinze étaient la soupape dé sécurité<br />

occi<strong>de</strong>ntale à laquelle s'accrochait<br />

Téhéran face à l'ostracisme<br />

<strong>de</strong>s Etats-Unis. C<strong>et</strong>te<br />

soupape a sauté désormais, mt-ce<br />

pour un certain temps, <strong>et</strong> on voit<br />

mal comment Téhéran peut faire<br />

amen<strong>de</strong> honorable<br />

les ponts.<br />

pour rétablir<br />

DILEMME<br />

Le dialogue <strong>de</strong> rUE avec l'Iran<br />

était supposé <strong>de</strong>meurer «critique<br />

» aussi longtemps que Téhéran<br />

n'aurait pas donné satisfaction<br />

sur quatre points: renoncer au terrorisme,<br />

respecter les droits <strong>de</strong><br />

l'homme, cesser <strong>de</strong> s'opposer au<br />

processus <strong>de</strong> paix au Proche-<br />

Orient <strong>et</strong> s'engager à ne pas m<strong>et</strong>tre<br />

. en application lafatwa (décr<strong>et</strong> religieux)<br />

<strong>de</strong> l'imam Khomeiny,<br />

condamnant à mort, en 1989, pour<br />

« blasphème », Salman Rushdie,<br />

l'écrivain britannique auteur <strong>de</strong>s<br />

Vers<strong>et</strong>s sataniques. Sur l'eM~ble<strong>de</strong><br />

ces questions, on est loin du<br />

compte,.<br />

'<br />

"rättttli<strong>de</strong>.à: adopter envers'1'1ran<br />

est d'autant plus un dile~e qu'il<br />

s'agit, tant pour les Etats-Unis ql\e<br />

pour l'UE,<strong>de</strong> favoriser les modérés<br />

au sein du régime <strong>et</strong> non d'en entrainer<br />

la chute. Paradoxalement,<br />

un durcissement envers Téhéran<br />

favorise les tenants <strong>de</strong> l'isolationnisme<br />

pour qui l'Occi<strong>de</strong>nt est, par<br />

définition, un «ennemi ». Et puis,<br />

comme le dit l'ancien prési<strong>de</strong>nt<br />

iranien Abolhassan Banisadr, «la<br />

politique <strong>de</strong>s sanctions punit en définitive<br />

le peuple iranien ».<br />

Dans <strong>de</strong>s déclarations au<br />

Mon<strong>de</strong>, M. Banisadr, qui fut le premier<br />

témoin appelé à la barre du<br />

procès à révéler la chaîne <strong>de</strong><br />

conynan<strong>de</strong>ment qui mène au<br />

«plus haut somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Etat iranien<br />

», estime que «la rupture <strong>de</strong>s<br />

relations diplomatiques ne donnerait<br />

pas non plus les résultats escomptés,<br />

parce que, une fois <strong>de</strong><br />

plus, ce seraient les Iraniens qui en<br />

paieraient le prix; <strong>et</strong> parce que,<br />

comme en Irak, le régime s'en servirait<br />

pour rej<strong>et</strong>er Ici responsabilité<br />

<strong>de</strong>s problèmes sur l'Occi<strong>de</strong>nt ».<br />

« Les Etats européens <strong>et</strong> occi<strong>de</strong>ntaux,<br />

souligne-t-il, doivent réduire<br />

au minimum leurs relations avec un<br />

régime illégitime. » li faut, précis<strong>et</strong>oil,<br />

limiter les relations économiques<br />

à leur niveau commercial<br />

le plus élémentaire, « ne pas accor<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong>s prêts au régime iranien, ne<br />

pas investi; dans <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s dont il<br />

serait partenaire» <strong>et</strong> opter pour la<br />

transparence en «n'entr<strong>et</strong>enant<br />

pas <strong>de</strong> relations secrètes avec lui ».<br />

Selon M. Banisadr, tant Hans<br />

Di<strong>et</strong>rich Gensher que KlausKinkel,<br />

l'ancien <strong>et</strong> l'actuel ministre allemand<br />

<strong>de</strong>s affaires étrangères, ont<br />

ent~<strong>et</strong>enu <strong>de</strong> telles relations. Il<br />

pense aussi« à M. Pasqua », l'ane<br />

cien ministre français <strong>de</strong> l'intérieur,<br />

dont nul n'a jamais compris<br />

pourquoi, en janvier 1994, il avait<br />

fait renvoyer <strong>et</strong>! 1t'al1, eninvoqtrant<br />

la raison d'Etat, <strong>de</strong>ux Iraniens réclamés<br />

par la justice suisse pour le<br />

'm~e d'un opposant iranien.<br />

MounaNaïm<br />

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