Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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intérêts allemands. Le ministre des Affaires étrangères, Klaus Kinkel, a déconseillé aux ressortissants
allemands de se rendre en Iran.
Le verdict de Berlin tranche dans une série de procès et d'enquêtes dans lesquels pouvoir politique et justice
avaient pris soin de ménager l'Iran. Depuis l'instauration de la République islamique, plus de deux cent
vingt attentats ont été commis dans le monde contre des opposants iraniens, selon les organisations de
défense des droits de l'homme. Seuls quatorze d'entre eux ont fait l'objet d'un procès en Europe. Dans la
plupart des cas, les terroristes ont disparu sans être identifiés, les s,:!spectsont bénéficié de l'immunité
diplomatique ou ont été. relâchés, faute de preuves.
A plusieurs reprises, les pays concernés ont cédé à la 'raison d'Etat', soit pour préserver les relations avec
l'Iran, soit par crainte d'attentats. Ce fut notamment le cas en France après l'assassinat de l'ancien premier
ministre iranien Chapour Baktiar en 1991. Dans le procès des meurtriers présumés, en 1994 à Paris, le
parquet avait bien mis en cause le terrorisme d'Etat iranien.
Ma{s le tribunal est resté muet sur ce point dans son jugement. Et Abedin Sarhadi, celui des accusés qui
entretenait les liens les plus étroits avec Téhéran, fut acquitté, 'faute de preuves' .., La France s'est également
distinguée en renvoyant dans leur pays, fin 1993, deux Iraniens recherchés par la justice suisse pour le
meurtre d'un ancien ambassadeur iranien à Genève. Mais elle ne fut pas la seule: en 1989, les meurtriers
présumés du chef kurde Gassemlou, assassiné à Vienne, ont aussi pu.quitter l'Autriche dans des conditions
controversées et rejoindre Téhéran.
FRANÇOISE
GERMAIN-ROBIN
Iran : du banc des accusés au ban des nations
L'Iran, « au plus haut somm.et de l'Etat », a été accusé hier de terrorisme par un tribunal allemand. Ce
verdict dans une affaire d'attentat, une première mondiale, a déjà causé des expulsions croisées. L'Union
européenne rappelle ses ambassadeurs et suspend le dialogue critique.
Le verdict du tribunal criminel de Berlin dans le procès pour l'assassinat de quatre opposants kurdes
iraniens en 1992 est tombé hier matin comme un couperet pour le régime islamique: « Les ramifications
du crime vont jusqu'au plus haut sommet de l'Etat iranien », « la direction politique de l'Iran est
responsable .de l'attentat ». Le gouvernement iranien avait pourtant fait pression d'abord pour empêcher le
procès, puis pour en influencer le cours pendant les trois ans et demi de délibérations.
L'attentat, perpétré le 17 septembre 1992 dans un restaurant berlinois, « Le Mykonos », avait coûté la vie à
trois membres du Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI). Il avait été décidé par un « Comité
des affaires spéciales », dans lequel siègent le chef de l'Etat iranien, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, et le
Guide spirituel, Ali Khamenei, a souligné le tribunal sans toutefois citer les noms, à la différence du
Parquet fédéral. Le ministre iranien des Renseignements, Ali Fallahian, contre lequel le Parquet fédéral
avait lancé un mandat d'arrêt pour meurtre, est en revanche nommément cité.
Le tribunal a condamné à la prison à vie l'Iranien Kassem Darabi, chef présumé de l'opération et considéré
comme un agent des services secrets de son pays, ainsi que le Libanais Abbas Rhayel, soupçonné d'avoir été
le tueur. Deux complices, les Libanais Youssef Amin et Mohamed Atris, ont été condamnés
respectivement à Il et 5 ans et trois mois de prison. Uri cinquième accusé a été acquitté.
Le « dialogue critique» suspendu
L'Allemagne a décidé de surcroît l'expulsion de quatre collaborateurs d'organismes iraniens. Aussitôt, la
télévision d'Etat iranienne a annoncé la même mesure pour quatr:e diplomates allemands. Les deux pays
ont décidé en ot,ltre de rappeler leurs ambassadeurs respectifs et Bonn a suspendu le « dialogue critique»
dont l'Allemagne était le principal avocat au sein de l'Union européenne, et qui fut décidé en 1992 au
sommet~'Edimbourg ..La lllinistère des affaires étrangères a réitéré son appel déconseillant tout voyage en
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