Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Il Avril 97 - INTERNATIONAL
Procès du Mykonos à Berlin
Les autorités iraniennes
accusées du crime
LE tribunal criminel de Berlin a rendu hier un jugement qui fera date et qui a déjà provoqué une tempête
diplomatique entre Bonn et Téhéran: il met directement en cause les plus hautes autorités iraniennes dans
l'assassinat, en septembre 1992, dans un restaurant de la ville, le Mykonos, de trois dirigeants du Parti
démocratique du Kurdistan d'Iran et de leur interprète.
L'Iranien Kassem Darabi, aujourd'hui âgé de trente-huit ans, chef présumé de l'opération et considéré
comme un agent des services secrets de son pays, et l'exécuteur du crime, le Libanais Abbas Rhayel,
vingt-neuf ans, ancien militant du Hezbollah libanais, ont été condamnés à la prison à perpétuité assortie
d'une peine de sûreté de quinze ans. Deux de leurs complices, les Libanais Youssef Amin et Mohamed
Atris, ont été condamnés respectivement à onze et cinq ans et trois mois de prison. Un cinquième accusé,
le Libanais Atallah Ayad, a été acquitté.
Mais le plus intéressant réside dans les attendus du jugement, qui accusent directement du crime les plus
hautes autorités iraniennes. 'Les ramifications du crime vont jusqu'au plus haut sommet de l'Etat iranien.
La direction. politique de l'Iran est responsable de l'attentat', déclare le tribunal. Il précise que l'assassinat a
été décidé par un 'comité des affaires spéciales', dans lequel siègent le président Ali Akbar Hachemi
Rafsandjani et le 'guide' de l'Iran, Ali Khamenei. Le ministre iranien des Renseignements, Ali Fallahian,
contre lequel le parquet fédéral avait lancé un mandat d'arrêt international pour meurtre en 1996, est
nommément cité comme le donneur d'ordre de l'attentat.
Le président du tribunal, Frithjof Kubsch, a mis les points sur les 'i' en caractérisant ce crime comme
purement politique. Il a estimé que les victimes ont assassinées en tant que 'porte-parole d'une minorité
politiquement gênante'. Ils 'représentaient un danger pour le maintien du pouvoir' à Téhéran, a-t-il dit.
Crise entre.
Téhéran
et Bonn
....~.~ .•.•~
La réaction de l'Iran ne s'est pas fait attendre. Sitôt le verdict connu, le président du Parlement, Ali Akbar
Nateq Nouri, représentant de l'aile la plus dure du régime, a affirmé, depuis Moscou où il est en visite, que
ces accusations 'ne correspondaient pas à la réalité'. 'Nous avons demandé plusieurs fois aux autorités
allemandes de nous transmettre les pièces et les preuves si elles en avaient. Cela n'a pas été fait jusqu'ici',
a-t-il ajouté.
Peu après, l'Iran annonçait le rappel 'pour consultations' de son ambassadeur à Bonn. L'Allemagne réagissait
aussitôt en rappelant son ambassadeur à Téhéran et annonçait l'expulsion de quatre collahorateurs
d'organismes officiels iraniens en Allemagne.
Selon l'hebdomadaire allemand 'Der Spiegel', les services de renseignements allemands s'attendent à des
manifestations devant les locaux diplomatiques allemands en Iran, voire à des actions terroristes contre des
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