Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

_!Revue de P ~-press Review-Berhevoka Çap2-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm Ozeti
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, • UR tous les fronts, le gouvernement turc, dominé par les islamistes,
= ~ < de
~ < poursuit depuis de longues années et qui coûte de plus en plus eher à l'Etat.
èS ~ ~ \ Un récent accident de voiture a révélé à une population stupéfaite
~ I11III connait de sérieuses difficultés : inftation persistante, tiraillements autour
la question de la laïcité, tensioœ avec la Grèce au sujet de Chypre •••Au
~ ~ Kurdistan, comme ses prédécesseurs, le premier ministre, M. Necmettin
~ ~ ~ Erbakan, se révèle incapable de trouver des solutioœ à une guerre qui se
~ ~ 'fI1I l'ampleur de la coUusion entre les forces de sécurité, l'extrême droite, la
~ ~ ~ Mafia et les milices gouvernementales qui luttent contre la guérilla.
~ ~ • _ _ Par MARTIN A. LEE*
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Chaque soir, le mois dernier, les
familles turques ont éteint lumims et
postes de télévision à 21 heures pile et
sont restées dans le noir en signe de pr0-
testation contre la connivence entre les
forces de sécurité gouvernementales et
des éléments criminels. A l'origine de
cette manifestation inhabituelle: les
révélations stupéfiantes qui ont suivi un
accident de voiture survenu le
3 novembre 1996, à quelque 150 kilomètres
au sud-ouest d'Istanbul.
De l'épave de la Mercedes on a
dégagé les corps de Huseyin Kocadag,
un haut responsable de la police qui
commandait des unités antiguérilla,
Abdullah Catli, un homme en fuite,
recherché pour trafic de drogue et
meurtre, et sa compagne. Gonca Us, une
ancienne reine de beau~ devenue femme
à tout faire de la Mafia. Le quatrième
passager a survécu: M. Sedat Bucak,. un
chef de guerre kurde, dont la milice était
financée par le gouvemement turc pour
lutter contre la guérilla du Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK).
Dans un premier temps, la police a
affirmé que, au moment de l'accident,
elle procédait au transfert de deuxma1~
frats. Mais des documents recueillis sur
réS lieux ont révélé qu'Abdullah Catli, le
gangster en fuite, était porteur de papiers
diplomatiques spéciaux, qui lui avaient
été délivrés par les autorités et qu'il avait
en sa possession plusieurs pistolets, des
permis de port d'armes, sans oublier six
cartes d'identité, chacune établie sous un
nom différent.
Quand il devint évident qu'Abdullah
Catli était de mèche avec la police, et non
traité comme un malfaiteur, le ministre
de l'intérieur dut démissionner et plusieurs
hauts responsables, dont le chef de
la police d'Istanbul, furent suspendus de
leurs fonctions. Abdullah CatH était
connu pour être une figure de premier
plan des Loups gris, une organisation terroriste
et néofasciste, née à la fin des
années 60. TIavait fait son apprentissage
dans des gangs de rue, avant de venir renforcer
les rangs des Loups gris, dont il
était devenu le numéro deux en 1978. La
même année, il dut plonger dans la clandestinité,
quand il se retrouva mêlé au
meurtre de sept militants syndicalistes.
C'est le 13 mai 1981 que les Loups gris
se firent connaître dans le monde entier.
Ce jour-là, Mehmet Ali Agça, l'un des
plus proches collaborateurs d'Abdullah
Catli, tira sur le pape Jean Paul Il. Quelques
mois plus tard, quand Catli témoigna
lors du procès de trois Bulgares et
quatre 1ùrcs inculpés dans cette affaire, il
avoua avoir donné au tueur le pistolet utilisé
contre le souverain pontife. Catli
avait auparavant aidé Ali Agça à
s'échapper d'une prison, où celui-ci purgeait
une peine d'emprisonnement pour
avoir tué le rédacteur en chef d'un grand
journal.
Abdullah Catli entretenait également
des liens étroits avec la Mafia turque de
la drogue. Plongés jusqu'au cou dans le
commerce des stupéfiants, les Loups gris
servaient d'intermédiaires au patron de la
Mafia, M. Abuzer Ugurlu.
Alors qu'il enquêtait au début des
années 80, sur un trafic d'armes et de
drogue entre l'Europe de l'Est et la
Sicile, le juge Carlo Palermo, un magistrat
italien basé à Trente, découvrit
qu'une quantité importante d'armes de
haute précision de l'OTAN passaient en
contrebande d'Europe de l'Ouest vers le
Proche-Orient. Les livraisons étaient
souvent faites en échange de cargaisons
d'héroïne qui, avec l'aide des Loups gris
et d'autres trafiquants, pénétraient
ensuite en Italie du Nord, où elles étaient
récupérées par des hommes de main de la
Mafia, puis envoyées en Amérique du
Nord. La morphine turque a ainsi alimenté
l'essentiel de la filière sicilienne,
qui inondait alors les Etats-Unis et
l'Europe avec de l'héroïne pure.
Ce vaste trafic attirait comme un
aimant les agents des services secrets des
deux bords. Kintex, une entreprise d'Etat
d'import-export, basée à Sofia et spécialisée
dans le commerce des armes, jouait
un rôle primordial. Elle était truffée
d'espions bulgares et soviétiques, ce qui
accrédita la thèse selon laquelle le KGB
et ses acolytes bulgares, ét:mt donné leurs
relations étroites avec la Mafia turque,
avaient téléguidé le complot contre le
pape (1). Mais les services de renseignement
occidentaux misaient également sur
Kintex ; la CIA utilisa cette entreprise
pour acheminer des armes aux
« contras» du Nicaragua.
Dans sa déposition devant la justice à
Rome, en septembre 1985, Abdullah
Catli affirma qu'il avait été contacté par
le service d'espionnage ouest-allemand
(BND), lequel lui aurait promis une
somme d'argent rondelette s'il impliquait
les services russes et bulgares dans
l'attentat contre le pape. Six ans plus
rl'\ * Auteur de The BeastReawakms. un livre sur la tard, l'ancien analyste de la CIA,
\If~ résurgence du fascisme, à parai'lre enjuin chez Little M. Melvin A Goodman, révéla que ses
~ \ Brown, New York,Londres. collègues, à la demande de leurs supé-
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