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Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm Özeti Lechangement de gouvernement éveille des espoirs de réformes en Syrie l~présiden~Ha~ezElAssad,dont I:état de santé susci~e des interrogations a Damas,a nomme un nouveau premier .ministre, Mohammad Miro, dont la mission devrait être de moderniser l'économie. Dansce contexte, le fils dù chef 9.el'Etat pourrait conforter son statut de dauphin présumé o N DAMAS gouverneur d'Alep, deuxième ville la volonté de M. ElÂssad d'ouvrir de notre envayé spécial de Syrie et métropole écono- son pays vers un peu plus de mo- La Syrie va-t-elle sortir de l'im- mique, arrive au pouvoir précédé dernité. mobilisme? En chargeant Mo- d'une bonne réputation. Il est en Presque annoncé, le même jour, hammad Mustapha Miro, gouver- effet tenu pour un «homme de dans un entretien donné par le fils ne ur d'Alep, de former un terrain, doublé d'un réformateur» du président, Bachar ElAssad, à nouveau gouvernement, le 7 mars, par des diplomates occidentaux en l'écrivain et journaliste britanle président Hafez EIAssad a pris poste à Damas. Au cours de son nique Patrick Seale, familier du une ~écision attendue depuis sa exercice, M. Miro a notamment pouvoir syrien, et publié par le reconduction à la tête de l'Etat favorisé le jumelage d'Alep avec quotidien arabe édité à Londres, pour un nouveau septennat à la Lyon. Cette réputation ne lui sera AI Hayat, le remaniement ne sera suite d'un référendum de pure pas de trop. Le nouveau premier certainement pas l'occasion d'une fonne, en f~vrier 1999.Ce faisant, ministre va être confronté à une table rase parmi les responsables le président a choisi de déconnec- tâche très rude, compte tenu de la du pays. Le nouveau premier miter ce sujet de la question de situation économique délicate nistre, âgé de cinquante-neuf ans, . l'éventuelle reprise des pourpar- dans laquelle se trouve un régime était d'ailleurs le doyen des goulers de paix avec Israël, suspendus usé, recroquevillé sur lui-même, et verneurs, en poste à Alep (jepuis depuis le 10janvier. en panne de réfonnes depuis une 1993. Dans son entretien, Bachar M. Miro, sunnite, remplace bonne décennie. La composition ElAssad évoquait l'entrée d'« élé- Mahmoud ElZohbi, au tenne de de son équipe, décidée par la pré- ments jeunes» dans le futur goutreize ans d'exercice. L'ancien sidence, sera un nouvel indice de vernement, avant d'insister aussi- Une économie en récession depuis au moins deux ans :Q DAMAS ~ de notre envoyé spécial o Depuis un mois, les belles Syriennes peuvent faire ~ leur entrée dans les restaurants chics de Damas ou 8 d'Alep, sßres d'elles-mêmes, téléphone mobile en ~ main. La profusion soudaine de publicités pour les ~ portables sur les murs de la capitale syrienne ne doit > cependant pas abuser: les 60000lignesmises à l'essai, :; à des coßts prohibitifs pour l'écrasante majorité de la Cl population, resteront un privilègede happy few. La si- ~ tuation de l'économie n'est pas reluisante. La presse ~ officielle,contrÔléeétroitement, dénonce d'une façon ':l quasi masochiste ses carences. Lesdéputés syriens auront ainsi adopté le budget de l'Etat (enWon 4 milliards d'euros) pour 1999dans les premières semaines de l'année 2000... Les partenaires des Syriens, notamment l'Union européenne, s'impatientent. En l'absence de données fiables, il est difficile de dresser un état des lieux' exha~, mais l'économie syrienne, déjà pénaliSéepar une lourde dette (environ 22 milliards d'euros) contractée principalement au- près des pays de l'ancien bloc de l'Est, est en récession depuis au moins deux ans. Structurellement, le pays est gêné par un corset de lois désuètes et parfois contradictoires, panachage entre les préceptes de l'économie administrée et quelques tentatives d'inspiration libérale. Concrètement, l'économie reste l'apanage de groupes assis sur de confortables monopoles en bonne intelligence avec certains cercles du pouvoir. Les perspectives ne sont guère encourageantes. Faute de nouvelles découvertes, la production pétrolière syrienne, déjà modeste, va baisser. Des centaines de milliers de demandeurs d'emploi doivent arriver annuellement sur un marché du travail déjà saturé (près d'un million de Syrienstravaillent au üban). Paradoxalement, c'est de la démographie que pourrait venir une.bonne nouvelle: selon une récente estimation d'unè agence de l'ONU,la croissance de la population ne serait pas actuellement de 3,2'%,selon le credo nataliste en vigueur, mais de 2,2 %. La lancinante question des détenus politiques En visite oftideUe en syrie, mercredi 1 er mars, le ministre suisse des affaires étrangères Joseph Deiss, a indiqué au cours d'une conférence de presse avoir évoqué avec ses Interlocuteurs syriens la question des « prisonniers ». Présent à Damas, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)n'est en effet pas autorisé par ies autorités à visiter les prisons où sont détenus plusieurs mllUers de prisonniers politiques, dont quelque trois cents libanais, une situation dénoncée par toutes les organisations de défense des droits de l'homme. En France, le Comité international contre ia répression vient de lancer un recueD de dessins et de poèmes (dont un de Mahmoud Darwlch), intitulé l'our Fa,raj Bayrakdar, afin d'attirer l'attention sur le cas de ce poète syrien mlUtant des droits de i'homme, gravement malade et détenu depuis onze ans. G.P. tÔt sur l'importance des « hommes expérimentés» pour mener à bien les tâches de «réduction de la corruption et de modernisation de l'administration» assignées à la future équipe. Deux mots d'ordre qu'il s'efforce d'incarner. DES UNIVERSITAIRES MINISTRES? Une longue liste de ministres potentiels court Damas depuis plusieurs semaines. Des techniciens de l'économie et des professeurs d'université pourraient ainsi faire leur entrée en lieu et place de responsables discrédités ou jugés notoirement incompétents. Ce changement ne touchera cependant pas le portefeuille des affaires étrangères, qui resteront le secteur dévolu à Farouk ElChareh, dépositaire de la confiance du président dans la perspective d'une reprise des négociations israélo-syriennes. Le poste de ministre de la défense, somme toute symbolique, devrait rester la propriété de l'inamovible . Mustapha nass. Si la liste de la nouvelle équipe pennettra de lever une première hypothèque, une seconde risque de rester entière. Le président va-toil profiter de la circonstance pour faciliter l'accession de son fils, présenté avec insistance comme son dauphin présumé, à un poste officiel? Reçu obligeamment par le président de la République Jacques Chirac à l'Elysée,à l'automne 1999, Bachar ElAssad n'est pour l'instant que le président de la Société syrienne d'infonnatique, accessoirement colonel de l'armée. Depuis le décès accidentel de son frère aîné Bassel, en 1994, Bachar n'a pourtant cessé de gravir les marches du pouvoir, dans la perspective de la succession de son père, une affaire complexe, délicate et encore bien incertaine. Au cours de ces dernières années, le président Assad a progressivement écarté du pouvoir certains de ses compagnons d'armes jugés susceptibles de faire ombrage à un jeune respons!,\blequi, à la différence de son frère, n'avait pas été « programmé,. pour exercer les plus hautes fon'!i0ns de l'Etat. A la ~s questions de sécurité dans les négociations avec les Israéliens. Faute ~e fonctions officielles,la position de Bachar ElAssad reste encore fragile. La preuve en a été apportée cet automne après la prise 37
Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm Özeti d'assaut par les services de sécurité syriens du complexe résidentiel de Rifaat El Assad à Lattaquié, sur la côte-méditerranéenne, jugé décidément trop remuant malgré son exil. Une violente algaradè a ainsi oppotête de l'armée et des services de renseignement sur lesquels repose le pouvoir, une purge a ét~ entreprise. L'oncle de Bachar, Rifaat . El Assad, « âme damnée» du. régime, en a fait les frais, il y a deux ans, en perdant définitivement un titre de vice-présiâent: viae âe~sä substance depuis longtemps. La demière victime en date est le responsable du principal service de sé-. curité, les renseignements militaires, Ali Douba, dont l'étoile' pâlissait depuis plusieurs mois et qui a été remplacé par son numé.ro deux, Hassan Khalil, responsable sé le bras droit de Bachar pour les . aIfäiresae séaififé;Assef Chaiikat, beau-frère de Bachar, au frère cadet de ce dernier, Maher, également responsable dans l'armée. Un titre de vice-président ou l'entrée dans le commandement régional du parti Baas, le parti du président, permettraient sans doute de consolider ce statut inconfortable de dauphin. Reste à savoir si le président El Assad, dont l'état de santé serait chancelant, enfin venu. juge ce moment' Gilles Paris « On a perdu cinquante ans, on est en retard dans tout ... » DAMAS de notre envoyé spécial Début février, un commentateur arabe vivant à Damas, Hicham Da- . jani, s'est étonné dans les colonnes de Al-Hoyat, le prestigieux quotidien saoudien édité à Londres, du «silence. assourdissant des Întellectuels syriens» sur les négociations de paix èntre la Syrie et Israël. Depuis la reprise contrariée des discussions . entre les deux pays, la presse officielle syrienne s'est globalement contentée de reproduire la position des autorités. Seul Ali aida Orsan, le président syrien de l'Union des écrivains arabes, s'est prononcé publiquement contre les négociations. L'Union avait exclu de ses rangs en 1995 le grand poète syrien contemporain Adonis, accusé d'être favorable à une normalisation culturelle avec Israël. Rencontré à Damas, le 2 mars, M. Orsan a confirmé cette opposition. Interrogés dans des . conditions strictes d'anonymat, trois observateurs syriens nous confient leurs sentiments personnels et leurs réflexions. nois attitudes face à une paix longue à venir .. • Le sceptique «Qu'est-ce que je pense d'une paix avec Israël, franchement, je ne sais pas quoi dire ? Je suis pour. J'ai . des amis israéliens. Mais le régime va présenter comme une victoire le fait de récupérer quelque chose. qu'il a perdu, il y a plus de trente ans, et pour laquelle il porte une responsabilité. Et ça, ça me gêne. Je trouve aussi 9ue le Golan, en Syrie, est de- . venu depuis vingt ans un dossier politique et non quelque chose de populaire. Il' n'y a pas d'attachement affectif au Golan. A la limite, on se sent' plus concerné et plus proche de ce qui se passe au liban qu'ils vont se prononcer sur la paix, je les envie, je trouve très beau qu'un gouvernement prenne ce risque, alors même que sur le Golan, les avis sont très partagés. Moi j'aimerai bien voter, même si cela reviendrait à voter pour ce régime, paradoxalement. Car on lui resud, entre le Hezbollah et l'armée. "israélienne. » Pour nous, le Golan ne représente rien de particulier- sauf, bien sfir, pour les personnes qui ont été chassées par les Israéliens mais qui sont de toute façon des Syriens. Ce ne sont pas des réfugiés comme les réfugiés palestiniens. Cela fait tellement longtemps que l'on vit sans le' .Golan que l'on a pris l'habitude de s'en passer.» • L'optlmlste «Il y a en Syrie un désir in- "Croyable de changement. Le système est complètement bloqué. Après trente ans de loi martiale et tie dépolitisation, on ne peut plus. 'espérer qu'un changement vienne de l'intérieur. La conclusion d'un accord de paix, en revanche, peut être . la clef du problème. De fait, je salue à l'avance cette paix parce qu'elle voudra dire pour la Syrie un changement radical. Depuis 1948,les mi- . litaires justifient leur présence à la tête de l'Etat par la guerre avec Israël. On voit combien leur projet it: échoué puisque aujourd'hui' on négocie seulement pour retrouver ce qu'ils ont perdu en 1967. Mais cette perspective de paix provoque plusieurs réactions. il y a ceux qui sont pour, soit de leur propre jugement, soit parce qu'ils voient que le régime négocie cette paix, puis il y a ceux qui ne changent pas et qui considèrent qu'Israël va obtenir par la paix ce qu'il n'a pas obtenu par la . guerre. » Quand je vois que les Israéliens vont être consultés par référendum, connail au moins une cheise, c'est sa capacité de négocier dans de bonnes conditions. Sur ce point, il fait un bon travail. C'est vrai que sur ce chapitre il vaut mieux être un Syrien avec un président comme le nôtre qu'un Palestinien avec Vasser Arafat. Je regrette vraiment que le régime ne sollicite pas le peuple à cette occasion. Mais il est incapable de le faire . » Si je suis très impatient de voir la paix, je ne peux pas ne pas constater qu'elle va créer aussi un traumatisme très profond. C'est moins douloureux d'avoir été communiste el: d'avoir vu la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'URSS. On a pu avoir été communiste par idéal, puis après découvrir qu'il y avait un énorme mensonge derrière" de belles formules, que tout ce en .quoi on pouvait croire n'était qu'une illusion. Avec la paix avec Israël, avec la normalisation, la réalité d'Israël ne va pas changer. On va découvrir non pas une illusion, un Etat que ron-refuse et qui n'est qu'une parenthèse, mais l'incapacité d'entretenir cette illusion. Ce qui fait que cette normalisation sera lente. » Je crois vraiment que la balle est dans le camp des Israéliens. . Il faut que la classe dirigeante change de mentalité pour que la paix puisse réussir. La normalisation, de toute façon, ce ne sera pas pour nous, Israël nous a pris une partie de notre vie. La nouvelle génération ne connaît pas Israël. n en faudra sans doute trois pour que la normalisation devienne une réalité. » • Le pessimiste « On !l tellement tout justifié au nom de l'état de guerre avec Israël que je suis pessimiste. Pour nous, la paix, c'est la clef de tout S'il y a la paix, il y aura de meilleurs salaires, des réformes, une autre vie. Mais les intellectuels voient bien Que le ré-. gime ne va pas changer de nature avec la paix, alors qu'il va se poser très vite pour nous un énorme problème économique. On va se rendre compte. que si on a très bien négocié. et il faut le mettre au crédit du régime, on n'a absolument pas préparé la paix, On en parle depuis plus de dix ans, mais on n'a rien fait du tout et j'ai peur de la puissance économique israélienne. On a perdu cinquante ans, on est en retard dans tout, l'industrie, les communications ... On a attendu le fax pendant des années et on est très en retard avec Intemet et la mondialisation. On a bien vu en décembre 1999, lorsque les discussions ont repris. En Israël, la Bourse a flambé. En Syrie, personne n'a bougé. Les commer- . çants ~t les hommes d'affaires se sont dit: attendons. Ce que je redoute, c'est que les Israéliens se mettront d'accord avec ceux qui tiennent toutes les affaires en Syrie et nous, nous n'aurons aucune retombée .. » Si j'ai peur pour l'économie, je n'ai pas peur, en revanche, pour la culture, il y a une culture ici qui est syrienne, arabe. La normalisation, cependant, je n'y suis pas prêt ilfaut attendre. Je ne pense pas qu'on va avoir une situation comme en Egypte où l'écrasante majorité des intellectuels est hostile à la paix avec Israël parce que lorsque la Syrie si- . gnera, et avec elle le liban, il n'y aura. plus de pays arabes en guerre. Mais jusqu'à maintenant, Israël reste un ennemi qui occupe des territoires qui ne sont pas les siens. il faut que les responsables israéliens changent, qu'ils arrêtent de mentir. On voit bien qu'ils ne parlent de la paix que pendant les campagnes électorales . Si on me demande maintenant si je suis prêt à aller en Israël, je ne saurais pas quoi répondre, je ne dis pas . non, mais je ne dis pas oui. » G.P. 38
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