Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basm Özeti
lA TRISTE ERRANCE
DES ENFANfS KURDES
Pendant les sommets internationaux
qui se tiennent dons 10 capitole,
les policiers turcs embarquent
et filles dons leurs fourgons en
garçons
même temps que les chiens errants.
trottoirs, abrutis par la drogue. Les petites filles somnolent,
assises sur le macadam, devant quelques cartes postales à
vendre. D'autres gamines, les yeux embrumés de sommeil,
font la tournée des restaurants pour y vendre des fleurs.
Des garçons de 10 ans lavent les vitres des voitures. D'autres
cirent les chaussures. Certains proposent aux passants,
moyennant un franc ou deux, de se peser sur le vieux pèsepersonne
qu'ils trimbalent d'un trottoir à l'autre.
Ces enfants dérangent. Le contrôleur du tramway
frappe à coups de gourdin les mains des petites filles
'" qui s'accrochent aux wagons. Elles tombent sur les rails, les
~ doigts bleuis et enflés. Puis c'est au tour des commerçants
Cl...
&. de les chasser violemment du seuil des magasins où
Vi ils essaient de s'installer. Des passants leur crachent leur
'>:.
.~ mépris. Et, lorsque de grandes réunions internationales
cS se tiennent à Istanbul, comme celle de l'oseE récemment,
.~ les policiers les embarquent dans leurs fourgons en même
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~ temps que les chiens errants. Pas question de polluer
la vue des chefs d'Etat et des fonctionnaires internationaux.
Des associations tentent de rescolariser ces enfants. En faisant
du porte-à-porte, elles vont trouver les mères. Et leur
proposent une allocation mensuelle si leurs enfants cessent
de travailler et suivent régulièrement l'école. Cette allocation
mensuelle est de 30 millions de livres turques (375 F).
Le problème, c'est qu'un enfant gagne au moins trois fois
cette somme chaque mois (près de 1 000 F). Et cet argent est
absolument nécessaire à la survie d'une famille qui doit
payer 40 millions de livres (500 F) pour le loyer,20 millions
de livres (250 F) pour l'électricité. Et nourrir au moins dix
enfants. Alors, parce qu'elles ne peuvent pas faire autrement,
de nombreuses mères refusent d'arracher leurs enfants à la
rue. Pourtant, quand on demande
à ces enfants ce qu'ils souhaitent,
la plupart répondent d'emblée:
étudier. D'autres rêvent seulement
de « jouer ». Comme Gulay, 7 ans.
Elle a commencé à travailler dans la
rue à 5 ans. Elle ignore ce que signifie
jouer une journée entière, sans
se préoccuper de gagner de l'argent.
Un songe qu'elle sait inaccessible.
Annick Le Floc'Hmoan
Les rebelles,
le lapin
et le vieux chien
Un petit groupe de gamins droguél
et délinquants vole un lapin
noir dans une animalerie du centre
d'Istanbul. Ils le câlinent, chipent
des légumes à un étalage pour
le nourrir. Puis ils essaient de
le vendre à des passants. Envain.
Deux jours passent. cc Ce lapin
va mourir si vous le gardez », leur
dit Marie Dorigny. Le plus petit
de la bande, un enfant en manque
d'affection, pâlit. Prend l'animal
dans ses bras. Et va le rendre
à la boutique où il avait été volé.
S'ils jouent aux durs, crachent,
fument et profèrent des grol motl,
les plus rebelles des gOIses des
rues restent des enfants à la
sensibilité à Heur de peau. Rejetés
par les adultes, mis en marge du
monde des humains, ils reportent
leur affectivité sur les animaux.
Un vieux chien abandonné est ainsi
devenu le compagnon d'une
petite bande de gamins. VIOlents
entre eux, sans pitié avec le
monde qui les entaure, lei enfants
d'Istanbul ne sont pourtant pal
des enfants perdus. A.LF.
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