14.09.2014 Views

Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

o<br />

o<br />

o<br />

N<br />

Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basm Öz<strong>et</strong>i<br />

Une nouveLLe~o~,La qUfMtion dugénoci<strong>de</strong> ànnénien<br />

(1) Le 22 février,pour latroisième fois,<br />

la conférence <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>nts du Sénat<br />

a refuSéd'inscrire à l'orChe du jour la<br />

proposition <strong>de</strong> loi. reconnaissant<br />

l'existence du génoci<strong>de</strong> arménien <strong>de</strong><br />

1915,votée le 29 mai 1998 parles députés.<br />

Jean Kehayan e6tjoumali6te<br />

<strong>et</strong> eMayi6te. A Jlal'l1ÎtTe aux édlti0n6<br />

Parenthè6e6:<br />

a été enterrée~<br />

leçon <strong>de</strong> lâeh<strong>et</strong>épotitique au Sénat<br />

par JEAN KEHAYAN "<br />

On savait notre Sénât sé- biique, ni lé goUYernement ne «génoci<strong>de</strong>». Je ne réclame à la conciliation en œuvre dans les<br />

nile, vaguement inutile. souhaitent la discussion d'une Turquie auume réparation ma- États, <strong>et</strong>c? De fait, l'absence <strong>de</strong><br />

Mais s'il ne faisaitpas <strong>de</strong> proposition <strong>de</strong> loi «qui risque <strong>de</strong> térielle mais je revendique le courage disqualifie tout le per- .<br />

bien au moins ne pro- contrarier leprocessus <strong>de</strong> récon- droit <strong>de</strong> la plaindre car l'Histoi- sonnel politique <strong>et</strong> ouvre les<br />

duisait -il pas <strong>de</strong> inal. Or, le voilà ciliatiotren œuvre dans les Etats re a prouvé qu'un pays aux pla- portes aux Hai<strong>de</strong>r <strong>de</strong> toutes<br />

qui Vient <strong>de</strong> montrer sa capaci- du Gaucasedu Sud». Outre que cards remplis <strong>de</strong> Cadavres n'a sortes:leSilencefaceaugénocité<br />

<strong>de</strong> nuisance <strong>et</strong> du coup, la sé- la reconnaissance d'un fait histo- pas d'espoir <strong>de</strong> progresser. Ce <strong>de</strong> <strong>de</strong>s Tchétchènes renforce<br />

nilité se transforme en malàdie riquepeutai<strong>de</strong>ràm<strong>et</strong>treàudair n'~nil'entréedansl'Europeiù l'idée que la politique ne sert<br />

d'Alzheimer. C'est que nous <strong>de</strong>s problèmes d'actualité, les sé- <strong>de</strong> bien douteuses victoires m- plus à rien. Et banaliser Poutine<br />

sommés dans un contexte où la nateurs se parent <strong>de</strong> l'habit du plomatiques qui l'empêcheront au nom du réalisme, c'est creuprise<br />

<strong>de</strong> conscience du génoci- révisionniste, histoire <strong>de</strong> tenir <strong>de</strong> perpétuer son image <strong>de</strong> bar- ser la tombe <strong>de</strong> nos propres li<strong>de</strong><br />

comme catégorie <strong>de</strong>l'histoi- leur rôle <strong>de</strong> commis voyageur au barie,exèmpted'élitesintellec- bertés. ny a <strong>de</strong>s voyages qu'il<br />

re s'impose <strong>de</strong> toutes parts. service <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te fraction <strong>de</strong> Fran- tuelles ou scientifiques. Un pays faut savoirne pas faire, <strong>de</strong>s dé-<br />

L'Autriche réactualise la tragé- ce dont la raison d'être est <strong>de</strong> qui a cru résoudre son problè- clarations qu'ilfautsavoir taire.<br />

die brune du siècle, la Tchétché- vendre ses armes àAnkara. me <strong>de</strong> minorité kur<strong>de</strong> en raSänt Comme l'histoire sait aussi renie<br />

rappelle que la politique Hypocrisie pour hypocrisie, les villages d'Anatolie au bull- tenir le ridicu:le, elle n'oubliera<br />

grand-russienned'extermina- n'aurait-il pas été plus hono- dozer<strong>et</strong>enmassacrantlapopu- pas que, pour évacuerle problètion<br />

<strong>de</strong> ce peuple n'a jamais ces- rable <strong>de</strong> simplement dénier au lation à l'arme lour<strong>de</strong>. C'est me du premier génoci<strong>de</strong> du<br />

sé, le Timor <strong>et</strong> l'Afrique <strong>de</strong>s Parlement la capacité <strong>de</strong> se pm- bien à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si les na- siècle, le Sénat d'une nation<br />

autres bouts du mon<strong>de</strong>, sans noncer sur l'histoire? tions civilisées ont encore be- mo<strong>de</strong>rne a eu le courage au déparIer<br />

<strong>de</strong>s Balkans où l'idée gé- Pour la génération <strong>de</strong> Français soin d'écouter les criailleries but du troisième millénaire <strong>de</strong><br />

nocidaire se cache <strong>de</strong>rrière d'origine arménienne dont je d'une nation sans avenir ni prendre fait <strong>et</strong> cause pour «la<br />

chaque repli <strong>de</strong> carte. De ce fait, fais partie, la reconnaissance du gran<strong>de</strong> utilité géopolitique <strong>de</strong>- réconciliation <strong>de</strong>s États du Gaules<br />

colonnes <strong>de</strong>s journaux ne génoci<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos grands-pa- puis la fin <strong>de</strong> la guerre froi<strong>de</strong>. A casedu Sud» •<br />

cessent <strong>de</strong> se nourrir <strong>de</strong> l'actua- rents est ime affaire entendu~ écouter les arguments <strong>de</strong>s sénalité<br />

<strong>de</strong>s génoci<strong>de</strong>s passés, pré- nous n'avons besoin ni <strong>de</strong>s po- teurs, on <strong>de</strong>vine que les mursents<br />

<strong>et</strong> à venir. C'est ce mo- litiques ni <strong>de</strong>s historiens dou- mures indignés <strong>de</strong>vant l'arrivée<br />

ment que choisissent nos teuxàlasol<strong>de</strong>d'unepuissance <strong>de</strong>s populistes au pouvoir en<br />

sénateurs pour enterrer une étrangère pour rendre justice à Autriche ne sont qile <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>.<br />

nouvelle fois la question du gé- nos aïeux martyrÏ$és au nom En eff<strong>et</strong>, constater que l'Aunoci<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s Arméniens par le d'une intelligence avec la straté- triche est, elle aussi,Victimé <strong>de</strong><br />

jx}Uvoirjeun<strong>et</strong>urc du début du giétsariste.Aujourd'hui,lors; son amnésie <strong>et</strong> le proclamer<br />

siècle (1). A en croire les séna- qu'on prononce Je mot arme- haut <strong>et</strong> fort ne risquerait-il pas<br />

teurs, ni le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Répu- ; nien, nos concitoyens pensent <strong>de</strong> contrarier le processus <strong>de</strong> ré-<br />

Le prix d'un clan<strong>de</strong>stin .. . ..<br />

o KaTZan mmènem-t-U à Lond:~<br />

o<br />

o<br />

N<br />

tit<br />

llKarzan <strong>et</strong> ses frères», documentaire<br />

<strong>de</strong> Claudio yon Planta, Arte, 21 hSO.<br />

ndit: «Je me sens responsable <strong>de</strong> mes frères.<br />

Mais je ne fais pas çapar <strong>de</strong>voir. C'est <strong>de</strong><br />

l'amour. Ils ont besoin <strong>de</strong> moi. Moi aussi<br />

j'ai besoin d'eux.» Enle regardant, on se dit<br />

bêtement: ces yeUx sombres ont dû vOk<br />

Ill: quelques belles horreurs. Un jour <strong>de</strong><br />

IC 1996,~quitte Londres, embrasse sa<br />

_ _:. femme, f~son fils. Da décidé d'aller<br />

chercher ses trolsfrères à Erbil, zone <strong>de</strong><br />

protection créée pailes Nations unies.<br />

S'ils essayent d'en sortir seuls, il leur<br />

arrivera la même mésaventure qu'à un .<br />

ca . autre <strong>de</strong> ses frères; Kameian: un passeur<br />

l'a escroqué, <strong>de</strong>puis il vit dans un centre <strong>de</strong><br />

III<br />

détention pour réfugiés en Allemagne.<br />

8<br />

Une histoire presquè banale que ClaudiÇ)<br />

ca' von Planta a filmée ayec une discrétion .<br />

z proprement incroyable. Jamais !lIlcaméra<br />

ne caresse notre p<strong>et</strong>ite pulsion voyeuriste.<br />

III Dsecontentcd'êtrelà. Pourvoir ce que<br />

> veut dire exactement le mot réfugié.<br />

Karzan arrive à Erbil, seul. L'équipe <strong>de</strong><br />

tournage a été refrmlée. «Bienvenue au<br />

6e6 b'rère6 ku:rd.e6?Doc dur.<br />

«rzan<strong>et</strong>ae.s ,unehi6tolrevraie.<br />

Kurdistan», dit \l}lpanneau. C'est<br />

imbécile. Comme si les 30 millions <strong>de</strong><br />

Kur<strong>de</strong>s répartis dans quatre pays<br />

pouvaient se sentir chez eUx dans c<strong>et</strong>te<br />

zone neutre, Vaine. nr<strong>et</strong>rouve<br />

Mohammed,5e! neveux.~niècequ'il n'a<br />

pas vus <strong>de</strong>puis trois ans, sa mère <strong>et</strong><br />

Kha<strong>de</strong>r, Kàwa,sesautres frères. Après la<br />

fête, dans l'obscurité d'une d1ambre<br />

IJiinuscule, Karzan parleà soli rrèÏ'e: «Je.<br />

vci;j,~ fr(l11C èt direct. rai assez d'argent<br />

pourioi.~<strong>de</strong>ux<strong>de</strong> nosfrères,.mäiS pas pOur<br />

. taft;lmil1e.'» Pas5er clan<strong>de</strong>stinement<br />

.1J\patrte •.<br />

d'Erbil en-Europe coßte 10000 dollars par<br />

personne. Si ça marche. A quoi ilfaut<br />

ajouter les 3000 dollars par faux passeport<br />

ach<strong>et</strong>é dans un marché <strong>de</strong>s passeports<br />

d'Erbil. Et les 200 dollars aux douamers<br />

<strong>de</strong> la frontière turque. Et les lOOdollars<br />

par semaine pour une chambre pourrie<br />

<strong>de</strong> Kiev. Evi<strong>de</strong>nce que l'on aimerait<br />

oublier: les réfugiés sont un business. Et<br />

pas que pour la mafia ukrainienne. La<br />

police contrôle systématiquement les<br />

trains à la frontière, histoire <strong>de</strong> vérifier.<br />

qu'auum clan<strong>de</strong>stin ne q1Ùttele pays sans<br />

aVoir payé son dü.Aux passeurs, certains<br />

convois peuvent rapporter jusqu'à un<br />

million <strong>de</strong> dollars. Chez le spectateur, le<br />

dégoßt croit au fil<strong>de</strong>s kilomètres <strong>de</strong> ce<br />

tmsiness, <strong>de</strong> l'hypocrisie européenne. Pas<br />

Chez les frères qui comri1encent une vie<br />

d'exil. «On pensera tvujours à notre t~<br />

(... ) <strong>et</strong>je suis sClrqu'on aura ùnjourun .<br />

pays qui s'appeUera le Kurdistan. ~l que<br />

soitnOtfe sOrt en Europe, on s<strong>et</strong>a toujours<br />

<strong>de</strong>s étrangers. Pire; <strong>de</strong>sréfugiés.» Le<br />

dégoût, oui •<br />

. SOPHIE ROS TAIN

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!