Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Basm Ozeti
ft11lonat
DIMANCHE
5 - LUNDI 6 MARS 2000
..
•
L'ayatollah Hakim, chef du Conseil supérieur de la révolution
islamique en Irak
« Le régime de Bagdad détourne la formule "Pétrole contre nourriture"
pour obtenir la levée de l'embargo »
TéIŒRAN
dé mitTe envoy4espidale
L'ay'alQÜllhldc:Uwl1adBaker El
Haklnié$f lè. j;)).ef'duConseil supérieur
-det.: révolution islamique
en Irak. (CSRII), principal
mouvement de l'opposition
chilte au régime de Bagdad.
« Que savez-vous sut la situatIGIl
en Irak A l'beure actuelle?
~ Le régime traverse une période
difBdle : n est en rupture avec les
Nations unies, notamment après
l'adoption [par le Conseil de sécuritt)
de la résolution 1284.Ses tentatives
de briser son isolement régional
et intérieur ont échoué. Le
terrorisme pas davantage que la séduction
n'ont réussi à lui concilier
la population. fi vit en étlt d'alerte
maxiniale. Les forces armées perquilitionnent
à tout va. Episodi~
quement, les gens sont soumis à un
entraînement militaire. Sans oublier
les divergencesinternes au régime.
D'importantes personnalités
ont été liquidées, tels le chef des
services de renseignements généraux
et le gouverneur de Bagdad;
le chef d'Etat major de l'armée a
été destitué, Ü y a eu des exécutions
au sein du corps des officiers; des
conflits déchirent la famille du président,
et c'est très grave pour un
régime dictatorial.
- Et les conditions de vie de la
population?
- fi y a euouneamélioration relative
grâce à la résolution 986 [dite
"Pétrole contre nourriture n ). Mais le
régime entrave son application
pour parvenir à son but ultime, qui
est la levée de l'embargo international
Les autorités détournent de
grandes quantités de produits ali-
~nuire~ et pharmaceutiques, ou
les exportent. Allezsur les marchés
des pays voisins, vous y trouverez
les denrées alimentaires et le lait
pour enfants destinés à l'Irak. De
l'aveu des Nations unies eUes~
mêmes, des produits pharmaceutiques
pour un montant de 260mil.
lions de dollars ont disparu des
stocks. Des médicaments périmés
sont distribués aux hôpitaux irakiens.
Les autorités ont en outre r~
cemment lIdopté des mesures très
pénalisantes pour la population.
Les hôpitaux doivent désormais
«s'autojinancer », ~e qui les
condQit à réclamer des honoraires
que la plupart des Irakiens ne
peuvent 'pas payer. Le même système
va être appliqué aux écoles.
» Au plan politique, des affrontements
entre la population et les
forees du régime ont eu lieu en
1999en quatre endroitS: à la Oté
de la révolution, à la périphérie d~
Bagdad,où en févrierü y a eu entre
400 et 500 tués; à Bassorah, où
quelque 300 personnes ont été
tuées en mars ; à Samawa, en juillet,
où 130hommes des servicesde
sécurité, dont des officiers,ont été
tués; à Kout, où les forces du régime
n'ont pas laissé pierre sur
pierre... Le découpage de l'Irak en
quatre zones militaires,instauré fin
1998lors de l'opération anglo-américaine
«Renard du désert », est
maintenu. Les gouverneurs militaires
ont tous les pouvoirs, politiques,
militaireset civils.
- Oui, mals cela fait dix ans
que la crise perdure et le régime
est toujours en plate.
- C'est vrai. fi tient même depuis
trente-deux ans, mais ûdoit sa
pérennité non pas à sa force, mais
à une conjoncture intérieure et régionale.
La crise actuell~ est néanmoins
réelle. Lerégime est sur une
pente descendante.
De l'aveu des Nations
unies, des produits
pharmaceutiques
pour un montant
de 260 millions
de dollars ont
disparu des stocks
- Que pensez-vous de la résolution
1284, qui prévoit une suspension
des sanctions si Bagdad
coopère avec la nouvelle
commission du désarmement?
- Ellen'est pas ,très ditférente de
la résolution 687 [instaurant le cessez-le1eu
après la guerre du Golfe, .
en ftvrier 1991).Son aspect positif
tient au fait qu'elle met l'accent sur
les questions humanitaires et dissocie
la pop,ulationdu régime. Mais
dans la mesure où la suspension
des sanctions est tributaire de la
coopération du régime, elle aboutira
donc à une impasse. Quant aux
lacunes de la résolution, elles sont
de deux ordres: d'une part, elle
passe sous silence un aspect huma.
nitaire capital: la répression exercée
contre la population, les violations
des droits de l'homme et des
conventions internationales.
D'autre part, aucunméamisme n'a
été prévu pour empêcher les abus
du régime : l'ONU pourrait mettre
en place un mécanisme de contrôle
de la distribution des produits,
comme c'est le cas dans le nord de
l'Irak [le Kurdistan] où les conditions
de vie se sont nettement
améliorées.
- Approuvez-vous la campagne
Indict visant à faire traduire
en justice le président irakien?
- C'est nous qui avons été à l'origine
de cette idée dès 1991.Nous en
avions discuté avec le ministre allemand
des affaires étrangères
d'alors, puis nous l'avions poursuivie
dans nos contacts diplomatiques.
Nous avions en particulier
demandé à la France d'avoir un
rôle, parce c'est un pays connu
pour la défense des droits de
l'homme. A la suite de quoi un
groupe de juristes avait organisé un
procès populaire en France. Le
comité Indict a été constitué il y a
qu~tre ans. et nous en somme,$
membres. Lemoindre de ses résultats
devrait être d'isoler politiquement
Saddam [Hussein) et sa
clique, de dénoncer ses tentatives
de tromper l'opinion publique, et
de favoriser un changement sans
violence en Irak.
- Où en sont les tentatives
d'unifier les mouvements d'opposition,
après le forumorganisé
A cette ftn A New York par les
Etats-UnIs ?
- L'opposition en Irak va mieux.
Ellerallie des secteurs de la population
qui n'avaient pas agi jusqu'à
maintenant, notamment au sein de
là communauté sunnite [minoritaire,
mais au pouvoir). Quant à
l'opposition en exil, elle.multiplie
les réunions et les rencontres bilatérales
et multilatérales. Nous
avons réussi à avoir une vision et
un discours communs, mais nous
devons encore élaborer un programme
d'action. La réunion de
New York [à laquelle le CSRlI n'a
pas participé] visait surtout à montrer
au grand public une opposition
rassemblée et unie, alors que ce
qu'ü nous faut, c'est un programme
d'action. Nous devons régler nos
problèmes tout seUls. Si d'autres
[allusion awe Etats-Unis] veulent
nous aider, nous ne saurions refuser,
à condition
utile.»
que cela soit
Propos recueillis par
MounaNaïm
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