Trois ans avant la mort du Marquis en 1867, le critique William Burger dénombrait pour la seule galerie <strong>et</strong> les grands appartements de la rue Laffitte près de deux cent cinquante tableaux qu'il évaluait à quatre ou cinq millions (6). Aux côtés du Marquis vivait un garçon Richard Wallace qu'il présentait comme son neveu. Il était en réalité le fils naturel de Lord Yarmouth né à Brighton en 1818 pendant le séjour du futur Marquis de Hertford alors officier de garnison du 10ème Hussard dans c<strong>et</strong>te ville. 142 SUITE DE QUATRE FAUTEUILS à dossier en anse de panier en bois doré de deux tons d'or ; Très richement sculpté de guirlan<strong>des</strong> de feuilles de laurier, feuilles d'acanthe, piastres, raies de cœurs, asperges, vases, guirlan<strong>des</strong> de laurier, feuilles d'eau. Les accoudoirs terminés par <strong>des</strong> enroulements, la ceinture légèrement galbée. Ils reposent sur <strong>des</strong> pieds fuselés à cannelures <strong>et</strong> asperges. Epoque Louis XVI Ils portent la marque au pochoir : "GMT 14 273", la marque au fer du "PALAIS DES TUILERIES" ainsi que celle du château de Fontainebleau : "FON" <strong>et</strong> celui du garde-meuble sous Louis-Philippe avec l'inscription au pochoir "29 554". HAUT. 105 - LARG. 73 - PROF. 59 CM 750 000/120 0000 € PROVENANCE : Ancienne collection de Sir Richard Wallace. Catalogue of French Decorative obj<strong>et</strong>s and furniture, the property of Sir John E.A. Murray Scott, vente Christie’s Londres le 24-26 juin 1913 n°167. BIBLIOGRAPHIE : "le meuble Louis XVI" par Francis J.B. Watson, 1963, reproduit pl 168 "The Wallace Collection, catalogue of Furniture" par P<strong>et</strong>er Hughes 1996 p 1570, 1571 C<strong>et</strong> ensemble de siège est à rapprocher de la production du menuisier Jean-Baptiste Claude Sené, fournisseur du garde-meuble Royal. On r<strong>et</strong>rouve en particulier, le motif de couronnes de fleurs sur un écran livré pour la chambre de la reine Marie-Antoin<strong>et</strong>te à Versailles (1) ainsi que sur un <strong>mobilier</strong> exécuté pour la chambre de la reine à Saint-Cloud(2). Ce même motif apparaît sur une paire de fauteuils provenant du château d'Harcourt, conservé au Minneapolis Institute of Arts (3). Un canapé « en suite » de ces quatre fauteuils présentant une sculpture similaire faisait partie de l’ancienne collection du Baron Henri de Rothschild (4 – illustration I) A la mort du Marquis Hertford en 1842, son fils Richard, Lord Yarmouth hérita du titre <strong>et</strong> d'un revenu de cent mille livres ; fortune qui allait lui perm<strong>et</strong>tre de se livrer à sa passion de collectionneur. Afin d'entreposer ses collections, il avait ach<strong>et</strong>é en 1855 le "Château de Bagatelle", ancienne folie construite pour le Comte d'Artois au XVIII e siècle ; qu'il agrandit <strong>et</strong> modifia avec les conseils de l'architecte Léon de Sanges (5). Il avait ach<strong>et</strong>é en 1844 l'Hôtel de la rue Laffitte. La révolution de 1848 vint troubler l’harmonie de c<strong>et</strong>te famille qui partit habiter une maison à Berkeley square à Londres. Celle-ci revint sur le continent quelques temps plus tard ; <strong>et</strong> leur passion commune pour les obj<strong>et</strong>s d’art reprit. C’est le 24 août 1870 que Lord Hertford décéda au château de Bagatelle; ses collections étaient pour la plus grande partie conservées au 2 rue Laffitte <strong>et</strong> notamment pendant le siège de Paris. Richard Wallace avait heureusement fait venir les obj<strong>et</strong>s d’art du château de Bagatelle au 3 rue Taitbout, première résidence de la mère de Lord Hertford <strong>et</strong> de son demifrère Lord Seymour. Le testament de Lord Hertford, hormis ce que la loi réservait à ses héritiers légitimes, laissait à Richard Wallace la totalité de sa fortune. Aussi, dès la fin de la guerre <strong>et</strong> vraisemblablement influencé par les récents événements parisiens de la Commune, il prit la décision d’amener les plus importantes pièces de la collection à Londres, à Manchester House, rebaptisée Hertford House. Le r<strong>et</strong>our de Richard Wallace à Londres fut considéré comme un événement national à Londres, la Reine Victoria le nomma Baron<strong>et</strong>. Il choisit d’exposer ses collections au B<strong>et</strong>hnal Green Museum en 1875, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te manifestation reçue près de cinq millions de visiteurs. Dans le sillage de Sir Richard Wallace on remarquait depuis la mort du Marquis, un homme de grande taille, John Murray Scott, adroit, intelligent, cultivé, il sut très vite mériter la confiance de Sir Richard <strong>et</strong> se rendre indispensable. A la mort de son mari, en juill<strong>et</strong> 1890, Lady Wallace choisit de continuer à vivre à Hertford House à Londres <strong>et</strong> se déchargea complètement de la gestion <strong>des</strong> affaires en confiant la direction de celle-ci à son principal conseiller John Murray Scott . A la disparition de celle-ci en février 1897, John Murray Scott reçut la propriété de la rue Laffitte, du château de Bagatelle, du château de Surbourn Hall en Angl<strong>et</strong>erre, de Lisburn en Irlande <strong>et</strong> un million de livres sterlings. Lady Wallace donna à la nation anglaise, les œuvres d’art se trouvant au rez-dechaussée, au premier étage <strong>et</strong> dans les galeries de Hertford House. John Murray Scott vendit en 1904 le château <strong>et</strong> le parc de Bagatelle à la ville de Paris. Il fut nommé Baron<strong>et</strong> en 1899 <strong>et</strong> s’établit à Londres, 5 Connaught Place (illustration II) où il mourut en 1912. Il avait institué pour principale légataire, Lady Sackville, celle-ci vendit la collection « en bloc » (7) à l’antiquaire Jacques Seligmann qui revendit une partie à <strong>des</strong> musées <strong>et</strong> à <strong>des</strong> collectionneurs américains. (1) Cf Pierre Verl<strong>et</strong> "Le <strong>mobilier</strong> Royal Français" 1990 reproduit planche XLVIII (2) Cf supra planche LII <strong>et</strong> LIII (3) "The Art of collecting" The Minneapolis Institute of Arts 1986 p 45 (4) Vente Paris, Palais Galliera, Ader, Picard, <strong>Tajan</strong> les 9 <strong>et</strong> 10 juin 1976 n°283 (5) Cf "La Folie d'Artois" Bagatelle 1986 (6) "Le Roman <strong>des</strong> grands collectionneurs" par Pierre Cabanne (7) «The Wallace Collection, catalogue of Furniture » par P<strong>et</strong>er Hughues 1996 p 60 illustration 1 The late Sir John Scott’s london drawing-room in Connaught place 126 127
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