Balades dans les sites et paysages de la pierre sèche Dix ... - L'apare
Balades dans les sites et paysages de la pierre sèche Dix ... - L'apare Balades dans les sites et paysages de la pierre sèche Dix ... - L'apare
Vrais murs et fausses-voûtes, des techniques savantes pour matériaux pauvres Un art de nécessité De tradition très ancienne, l'architecture de pierre sèche est un « art de nécessité », celui d'édifier avec les seuls matériaux livrés par des montagnes calcaires souvent nues et dépourvues de bois et d'eau. Ni charpente pour couvrir, ni mortier pour lier les pierres des murs : les cabanes en pierre sèche résultent d'un art de l'adaptation au milieu naturel qui mérite d'être observé, admiré et compris, à une époque où des principes d'économie de la construction s'imposeront de plus en plus à nous. Au delà de ça, les murs de restanque et les fausses-voûtes des cabanes s'imposent à notre regard par la justesse de leur mise en oeuvre, par le fait d'un art qui atteint souvent une perfection plastique. Le mur de restanque Estanquer vient d'ester, qui signifie « être debout ». Tel est bien le rôle de l'estanco provençal, mur de soutènement des terres agricoles retenues en terrasses sous la forme de banquettes ou bancaous*. S'il retient la terre, ce mur doit aussi laisser passer l'eau qui ruisselle souvent fortement sur la pente : il joue alors un rôle de drain, bloquant la terre et laissant filtrer l'eau à travers les interstices des pierres... bâties sans mortier ! Pour bien saisir cet aspect fonctionnel, on suit les différentes étapes de construction d'un mur de restanque. 1 Fondation La base, faite de gros blocs, s'incline vers la partie du sol à retenir afin de « donner du pied » au mur. Ce dévers ou « fruit » encaissera d'autant mieux la poussée des terres. L'inclinaison sera d'autant plus marquée que le mur sera haut. 2 3 Elévation La vue en coupe montre un empilement de pierres qui demande le plus grand soin. La face extérieure du mur doit être régulière et plane, au contraire de la face intérieure qui présente des pierres saillantes, les boutisses, dont le rôle est d'aller s'accrocher profondément. Les joints des pierres sont croisés pour obtenir une bonne cohésion de l'édifice maçonné. Finition Le corps du mur et son « remplissage » arrière sont montés simultanément afin d'être en lien étroit, sans laisser de vide entre les pierres, générateur d'instabilité. Ce remplissage est assuré par du tout-venant, un blocage de cailloux qui draînera l'eau de ruissellement (flèches). Un couronnement de grosses pierres assure, enfin, la stabilité haute de l'édifice.
La fausse-voûte Mode de couvrement très ancien, le « tas de charge » est un empilement de pierres saillant les unes sur les autres, « en corbeau », déterminant une coupole bâtie en encorbellement (figure A). C'est une technique très différente de la vraie voûte (du latin volvere, « tourner »), bâtie sur cintre et dont l'arrondi est fermé par une clé, d'où le terme de « voûte clavée » (figure B). Ne nécessitant pas de moyen de construction particulier et à priori facile à édifier, la fausse-voûte a servi à couvrir une floraison d'édifices ruraux, depuis les grandes bergeries de la région de Gordes jusqu'aux plus sommaires abris de berger. Mais que l'on ne s'y trompe pas : les premières ont été édifiées par des maçons expérimentés, les seconds par les bergers eux-mêmes et ne sont pas dans le même état de conservation. Dans les deux cas, ce qui intrigue le plus est le principe de stabilité de la voûte en encorbellement : comment tient-elle ?... A B Principe de stabilité de la voûte en « tas de charge » : • Les « murs-voûtes » s'inclinent symétriquement par rapport à un axe. Que l'édifice soit de plan circulaire, carré ou rectangulaire, ces murs se contrebutent mutuellement et de la même façon qu'un groupe de personnes s'affrontant en cercle tout en se tenant par les épaules. • Epais, un mur-voûte aura d'autant moins tendance à s'effondrer que son centre de gravité (G) s'inscrira à l'intérieur ou non loin de sa base. • Fréquemment, une dalle (D) large et épaisse coiffe le haut des murs, qui ne se rencontrent pas. Il ne s'agit pas d'une clé mais d'une charge supplémentaire apportée par le poids du faîtage. La descente de charge qui en émane (flèche) tasse les pierres du mur et augmente sa rigidité. D G 55
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La fausse-voûte<br />
Mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> couvrement très ancien, le « tas <strong>de</strong> charge » est un empilement <strong>de</strong> <strong>pierre</strong>s sail<strong>la</strong>nt <strong>les</strong> unes sur <strong>les</strong><br />
autres, « en corbeau », déterminant une coupole bâtie en encorbellement (figure A). C'est une technique<br />
très différente <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie voûte (du <strong>la</strong>tin volvere, « tourner »), bâtie sur cintre <strong>et</strong> dont l'arrondi est fermé par<br />
une clé, d'où le terme <strong>de</strong> « voûte c<strong>la</strong>vée » (figure B).<br />
Ne nécessitant pas <strong>de</strong> moyen <strong>de</strong> construction particulier <strong>et</strong> à priori facile à édifier, <strong>la</strong> fausse-voûte a servi à<br />
couvrir une floraison d'édifices ruraux, <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s bergeries <strong>de</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Gor<strong>de</strong>s jusqu'aux plus<br />
sommaires abris <strong>de</strong> berger. Mais que l'on ne s'y trompe pas : <strong>les</strong> premières ont été édifiées par <strong>de</strong>s maçons<br />
expérimentés, <strong>les</strong> seconds par <strong>les</strong> bergers eux-mêmes <strong>et</strong> ne sont pas <strong>dans</strong> le même état <strong>de</strong> conservation.<br />
Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas, ce qui intrigue le plus est le principe <strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> voûte en encorbellement : comment<br />
tient-elle ?...<br />
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Principe <strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> voûte en<br />
« tas <strong>de</strong> charge » :<br />
• Les « murs-voûtes » s'inclinent symétriquement<br />
par rapport à un axe. Que<br />
l'édifice soit <strong>de</strong> p<strong>la</strong>n circu<strong>la</strong>ire, carré ou<br />
rectangu<strong>la</strong>ire, ces murs se contrebutent<br />
mutuellement <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon<br />
qu'un groupe <strong>de</strong> personnes s'affrontant<br />
en cercle tout en se tenant par <strong>les</strong><br />
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• Epais, un mur-voûte aura d'autant<br />
moins tendance à s'effondrer que son<br />
centre <strong>de</strong> gravité (G) s'inscrira à l'intérieur<br />
ou non loin <strong>de</strong> sa base.<br />
• Fréquemment, une dalle (D) <strong>la</strong>rge <strong>et</strong><br />
épaisse coiffe le haut <strong>de</strong>s murs, qui ne<br />
se rencontrent pas. Il ne s'agit pas d'une<br />
clé mais d'une charge supplémentaire<br />
apportée par le poids du faîtage. La<br />
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