Virginie Calmels - Conseil Supérieur de l'Ordre des Experts ...

elle recouvre le droit des sociétés, le droit du travail, le
management et une formation “terrain” (trois ans en
cabinet). Dès lors, c’est un atout exceptionnel pour tout
dirigeant d’entreprise, quel que soit son domaine
d’intervention. Les médias ne font pas exception. En
effet, c’est un domaine qui nécessite lui aussi rigueur,
connaissances techniques, sens de l’adaptation, rapidité
de décision. C’est un complément à mes formations
de Sup de Co et de l’Insead extrêmement utile et plus
technique qui permet d’accroître sa légitimité et même
de surprendre certains interlocuteurs.
La télé réalité ne représente que 20 %
des heures produites par Endemol mais joue un
rôle emblématique. Quel avenir lui voyez-vous,
à la fois dans le paysage audiovisuel français et
dans les activités du groupe ?
V.C. : La télé réalité continue à réaliser, tant en
France qu’à l’étranger, des audiences très élevées. C’est
un type de programme que le public plébiscite depuis
plus de sept ans en France et dix ans à l’étranger. Souvent
critiqué, parfois mal connu, il rencontre de nombreux
détracteurs. Quoi qu’il arrive, en France, nous sommes
extrêmement vigilants quand au respect de la dignité
humaine. Toutes nos productions de télé réalité (dont
Star Academy) sont fédératrices et familiales.
Vous avez déclaré il y a quelques mois :
« Endemol doit devenir une entreprise
normale ». Qu’entendiez-vous par là ?
V.C.: Comme toutes les entreprises qui connaissent
un succès rapide, elle a besoin de se structurer, de s’organiser.
C’est normal, dans une première phase, de
développer en prenant des risques, comme dans un
deuxième temps de pérenniser en rationalisant.
“
Sans ma formation
d’expert-comptable, qui
permet d’exercer un très beau
métier sur lequel repose
l’entreprise, je n’en serais
certainement pas là
aujourd’hui…
”
Être une femme dans le secteur audiovisuel :
atout ou handicap ?
V.C. : Handicap au départ et atout à l’arrivée ! Il faut
batailler pour gagner sa respectabilité et sa légitimité,
mais une fois cette épreuve réalisée, c’est très agréable,
car la complémentarité entre hommes et femmes est
créatrice de valeur.
Existe-t-il, à vos yeux, un modèle français en
matière de création de programmes télévisuels ?
V.C. : Oui, bien sûr. Le modèle français vise à protéger
un certain type de création, la création d’œuvres
patrimoniales ou cinématographiques, via des systèmes
de quotas de diffusion et d’aides variées. Ce système présente
ses avantages et ses inconvénients, au premier rang
desquels le fait qu’il ne concerne pas les autres genres
de programmes. Pourtant, la création n’est pas l’apanage
de la fiction ou du documentaire ; le jeu, le divertissement,
requièrent aussi de la création et montrent
progressivement leur capacité à s’exporter.
Que pensez-vous de la suppression
de la publicité sur le service public ?
V.C. : Il s’agit d’un projet ambitieux dont les
modalités sont complexes et nécessitent une analyse
approfondie, et vraisemblablement une progressivité
dans l’application. Paris ne s’est pas fait en un jour !
Rajeunissement, féminisation et diversification
des missions aidant, l’image de la profession
comptable évolue. Que diriez-vous à un jeune
pour l’inciter à s’engager dans cette voie ?
V.C. : C’est une profession qui offre la multiplicité
des missions, des clients, donc un anti-routine rare pour
quelqu’un qui en fait le métier d’une vie... Mais c’est
un métier difficile qui demande de la précision, une
concentration de tous les instants et une véritable disponibilité
d’esprit. Il offre beaucoup d’opportunités
pour qui sait s’investir totalement. C’est un très beau
métier, sur lequel repose l’entreprise. Je suis très très
loin de regretter d’avoir obtenu ce diplôme. Sans lui,
je n’en serais pas là aujourd’hui. Je lui dois beaucoup. p
BIO EXPRESS
uVirginie Calmels,
37 ans, est PDG du
groupe Endemol
France depuis 2007.
Titulaire du DEC,
elle est également
diplômée de l’ESC
de Toulouse
et de l’INSEAD.
Elle a débuté
sa carrière comme
auditeur financier
puis directeur de
mission au cabinet
Salustro Reydel,
avant de rejoindre le
secteur audiovisuel,
devenant
successivement
directrice financière
à la société
NC Numéricable
(groupe Canal+),
directrice
administrative
et financière
de Sky Gate BV
à Amsterdam
(Pays-Bas), directrice
financière de
l’international et du
développement puis
directrice financière
de Canal+ SA,
directrice générale
adjointe puis
codirectrice générale
déléguée de la
chaîne Canal+ SA.
Elle a rejoint le
groupe Endemol
France en 2003.
Elle est également
vice-présidente
du Syndicat des
producteurs et
créateurs d’émissions
de télévision.
AVRIL 2008 SIC 262
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