Virginie Calmels - Conseil Supérieur de l'Ordre des Experts ...

matière de PME qui, dit-on, expliquerait toutes nos
faiblesses (emploi, investissement, exportation…) ne
dérogent pas à cette « culture française ». Au point
qu’on a amassé un véritable millefeuille de dispositifs
divers, supposés profiter aux PME mais qui, en réalité,
aboutissent le plus souvent (80 %) dans les grands
groupes, faussant la concurrence et empêchant l’émergence
de nouveaux rivaux. Or, le succès de l’Amérique
tient au fait qu’elle sait renouveler son tissu industriel
en permanence. « Ce que l’économiste autrichien Joseph
Schumpeter avait théorisé comme la destruction créatrice qui
permet aux innovateurs de prendre la place des acteurs en
place. D’un tiers à la moitié de la croissance de la productivité
de l’industrie américaine est due à l’apparition de
jeunes entreprises qui ont pris la place d’autres sociétés moins
performantes. Schumpeter plus efficace que Beffa », écrit
Escande en faisant allusion au rapport sur la possibilité
de relancer, en France, de grands programmes
technologiques constitués autour de champions.
« La France a pourtant expérimenté ce type de rupture dans
les télécoms avec la libéralisation du marché, rappelle
Escande. En forçant l’ancien monopole France Télécom à
louer ses lignes à ses concurrents, elle a permis à des sociétés
comme Free ou Neuf Telecom de sortir du lot. Dans le
même ordre d’idée, un récent papier de l’institut Bruegel,
montre que l’un des freins au développement des PME
innovantes réside également dans le fait qu’elles n’ont pas
accès aux types de financements sophistiqués (dette, appels
au marché) que maîtrisent les grands groupes. En somme,
plus que des aides, ce dont les petits ont besoin pour grandir
et se développer, c’est d’oxygène. » p
“
On a amassé un
véritable millefeuille de
dispositifs divers, supposés
profiter aux PME mais qui,
en réalité, aboutissent le
plus souvent (80%) dans les
grands groupes, faussant la
concurrence et empêchant
l’émergence de nouveaux
rivaux.
Philippe Escande, Les Échos
”
Comptes de campagne: l’Ordre se mobilise
«
Cette année, plus que jamais, les candidats aux municipales
seront surveillés de près par la Commission nationale des
comptes de campagne (...). Les règles sont très strictes. Les
sanctions sévères », prévient Valeurs actuelles, qui évoque les pièges
que constituent les éditoriaux des journaux des maires sortants
(utilisation de la logistique de la mairie), les blogs hébergés
gratuitement ou même les pots offerts par un patron de café
(assimilés à des dons de personnes morales...). Pour aider les
mandataires financiers, le Conseil supérieur de l’Ordre des expertscomptables
propose des sessions de formation et un guide
méthodologique que détaille le journal Les Échos dans son édition
du 19 février, en évoquant les motifs de rejets (140 lors des
dernières élections municipales) les plus fréquents : « l’Insuffisance
de pièces justificatives des dépenses, les concours en nature non
comptabilisés, les dons de personnes morales, les paiements
directs du candidat… »
De l’utilité du business plan
Dans La Tribune du 20 décembre 2007, Véronique Nguyen,
professeure affiliée à HEC, associée chez Finexent,
parle de l’intérêt du business plan aux yeux des investisseurs :
« Outre l’intérêt qu’il présente pour le management en termes
de clarification, de compréhension et de fixation d’objectifs,
le business plan fait office, à l’égard des investisseurs, de test de
crédibilité et de préparation à l’entretien oral (...) L’entrepreneur
doit avoir préparé ses réponses et éviter certains travers qui le
décrédibiliseraient d’emblée, en révélant une naïveté ou une
légèreté dans l’analyse. (...) Il doit s’efforcer de réunir un certain
nombre d’éléments probants, faisant la démonstration du besoin
client et du bénéfice apporté par sa proposition de valeur. (...) Il doit
aussi avoir réfléchi à des scenarii alternatifs, témoignant de sa
capacité à gérer les risques et les opportunités. Le business plan est
donc l’élément central à partir duquel le projet et l’équipe dirigeante
seront jugés par les investisseurs. Il intègre toute l’intelligence du
projet et ne peut en aucun cas être sous-traité à un “logiciel de
business plan”, dont on n’aurait plus qu’à remplir les cases
blanches. Ce ne sont pas tant les prévisions financières, que la
manière dont elles ont été construites, argumentées et justifiées,
qui témoigne de la valeur du management et de la solidité du
projet ».
AVRIL 2008 SIC 262 29