Virginie Calmels - Conseil Supérieur de l'Ordre des Experts ...

la croissance des jeunes entreprises !
Une création
durable d’emplois
Le Démoscope met également en
lumière un fait majeur : les emplois
progressivement créés par les sociétés
pérennes compensent presque
totalement les emplois détruits par
les sociétés nouvelles qui disparaissent
(elles sont 10 % chaque année,
essentiellement de façon volontaire).
Et ce, sans même prendre en compte
les salariés des entreprises rachetées,
qui ne figurent donc plus dans les
créations.
La génération 1998 des nouvelles
sociétés a créé à l’origine en
moyenne 3,2 emplois, soit un total
estimé à 241 000 emplois. Sept ans
plus tard, les 41 000 sociétés pérennes
de cette génération pèsent
206 000 emplois, soit une moyenne
de cinq par entreprise. On observe
donc un quasi-maintien en volume
des emplois créés en 1998 et ce,
grâce aux emplois supplémentaires
générés par 55 % des sociétés nées
en 1998. À noter : 2 100 sociétés
emploient plus de 20 salariés.
souvent des difficultés à sortir de ce
que l’on peut appeler leur « cage de
verre ». En effet, 78 % des sociétés ont
du mal à franchir un certain palier,
en termes de chiffre d’affaires ou
d’emploi. L’une des explications peut
tenir en la nature de l’activité : le
développement de certains types
d’entreprises passe par un rachat
total ou partiel, ou par la création de
nouvelles unités, qui peuvent être
des obstacles dissuasifs. C’est le cas
notamment de l’hôtellerie ou de la
restauration. Autre verrou : l’ambition
limitée des objectifs que se
fixe le créateur. Beaucoup privilégient
un développement modeste,
voire l’auto-emploi, et sont extrêmement
frileux lorsqu’il s’agit de
parler d’embauches, de croissance,
de prise de risque… Et il ne faut bien
sûr pas oublier d’autres paramètres
majeurs, tels que des prestations de
proximité non stockables ou transportables
(produits frais, services à
la personne…), un marché étroit, une
Un projet piloté par
Patrick Sénicourt
uProfesseur à l’ESCP-
EAP (European School
of Management),
consultant et
dirigeant d’entreprise
uAdministrateur
de l’Académie de
l’Entrepreneuriat
uMembre du Conseil
national de la
création d’entreprise
(Commissions
«Financement»
et «Promotion de
l’esprit d’Entreprise»)
uMembre de la
CNCEF (Chambre
Nationale
des Conseils et
Experts Financiers)
uConcepteur
de PREFACE
concurrence sévère, ou la nécessité
de mobiliser des moyens financiers
ou humains importants.
La performance plutôt
que la croissance
L’étude démontre, en tout cas, que la
création d’entreprise est un vrai moteur
de régénération du tissu économique :
la création nette d’emplois est pratiquement
stable sur sept ans. Par ailleurs,
tous les entrepreneurs ont la
possibilité de développer leur structure
: il n’y a pas de « secteurs miracles
», ni de « secteurs maudits ». Les
jeunes entreprises n’ont pas toutes
vocation à devenir les Google ou
Microsoft de demain, à connaître
des croissances vertigineuses ou à
entrer en Bourse, mais cherchent
légitimement et plus simplement à
consolider une base saine et solide
et à tendre vers la performance plutôt
que vers la croissance. p
Une réelle croissance
pour 18 % des nouvelles
entreprises
Cinq à sept ans après sa création,
près d’une entreprise sur quatre
connaît un développement significatif
de son chiffre d’affaires ou
de son effectif, soit plus de 9 000
entreprises. Cependant, les sociétés
nouvelles qui se développent
fortement et rapidement ne sont
pas majoritaires. Elles sont ainsi
5 % (2 100 sociétés) à satisfaire à
l’un des critères « gazelles » (plus
de 20 salariés), et 10 % à enregistrer
en fin de première année un
chiffre d’affaires supérieur à un
million d’euros. Sept ans après,
cette proportion passe à 16,4 %.
Mais si l’on constate une dynamique
de croissance évidente, il n’en reste
pas moins que les entreprises ont
OPINION
“
L’
Françoise Savés, présidente du comité Création et Développement des Entreprises
Une étude en phase avec les projets de l’Ordre
un des axes prioritaires de la mandature de Jean-Pierre Alix est d’asseoir le rôle
de l’expert-comptable dans le monde économique des entreprises de toutes tailles.
Par la diversité de nos missions et de nos structures, par notre proximité sur le terrain,
par la maîtrise technique des fondamentaux de l’économie, nous avons une vision à
360° de l’entreprise, que nous mettons à la disposition de nos clients, des pouvoirs
publics et des partenaires avec qui nous menons des projets constructifs.
Ce rôle nous amène naturellement à nous mettre en veille permanente sur les tendances
de fond, qu’elles soient prospectives ou analytiques. Avec Patrick Sénicourt, connaissant
l’extrême rigueur de ses travaux, nous avions l’assurance d’obtenir une analyse sérieuse.
Aussi, c’est avec grand intérêt que nous avons étudié l’impact réel de la création
d’entreprise dans la régénérescence du tissu économique, la performance à moyen terme
de ces jeunes pousses et la compétition avec leurs aînées. Cinq à sept ans pour rattraper
la performance des anciennes nous interpelle, c’est finalement peu. C’est sûrement la
preuve, si besoin en était, que le monde bouge, que l’innovation est un levier important
et que les nouvelles idées de business ou les métiers plus traditionnels mais réinventés,
innervent notre quotidien. Il faudra en tirer les conclusions qui s’imposent face au
besoin important de transmission des entreprises dans les dix ans. ”
AVRIL 2008 SIC 262
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