Les soins palliatifs en service de réanimation médicale - Infirmiers.com
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La discussion repose sur le principe d’une confrontation d’argum<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> contre-argum<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre plusieurs<br />
acteurs qui accept<strong>en</strong>t <strong>de</strong> se plier <strong>en</strong> définitive au raisonnem<strong>en</strong>t le plus fort (mais pas celui du plus fort) ou<br />
supposé <strong>com</strong>me tel. Chacun doit faire valoir <strong>de</strong>s constatations susceptibles d’éclairer la situation selon son rôle et<br />
ses <strong>com</strong>pét<strong>en</strong>ces propres. La discussion implique un travail critique <strong>de</strong> la raison qui s’appuie sur <strong>de</strong>s réflexions<br />
<strong>de</strong> natures différ<strong>en</strong>tes mais <strong>com</strong>plém<strong>en</strong>taires. Enfin, la discussion ouvre un espace <strong>en</strong>tre l’équipe soignante, la<br />
<strong>com</strong>munauté sociale, le corps social, espace où s’échang<strong>en</strong>t et se partag<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s raisonnem<strong>en</strong>ts qui permett<strong>en</strong>t<br />
d’élaborer et <strong>de</strong> justifier les décisions.<br />
Ainsi, Marc Grassin précise que la discussion a pour but d’éviter certaines t<strong>en</strong>tations fortes <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> morale<br />
ou d’éthique et d’éviter :<br />
- d’une part, le moralisme strict qui s’adapte mal à la <strong>com</strong>plexité <strong>de</strong>s situations r<strong>en</strong>contrées ;<br />
- d’autre part, le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> « l’intime conviction » qui présuppose la pertin<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> principes <strong>de</strong><br />
conviction et t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> les imposer, sans passer par l’épreuve critique <strong>de</strong> la raison partagée ;<br />
- et <strong>en</strong>fin le pragmatisme qui souhaite résoudre les situations <strong>en</strong> oubliant parfois <strong>de</strong> les confronter aux<br />
normes et aux valeurs <strong>com</strong>muném<strong>en</strong>t admises par tous.<br />
Le terme <strong>de</strong> discuter ne sera pas employé dans le terme dégradé <strong>de</strong> « discutailler ». C’est pourquoi, nous verrons<br />
que la discussion vue <strong>com</strong>me exercice <strong>de</strong> réflexion se soumettant à l’épreuve critique <strong>de</strong> la raison partagée ne va<br />
pas <strong>de</strong> soi. La discussion <strong>en</strong> milieu médical n’est pas une évid<strong>en</strong>ce. Pour permettre que celle-ci s’élève à un<br />
niveau éthique, <strong>de</strong>s critères doiv<strong>en</strong>t être réunis, mais peut-on appr<strong>en</strong>dre à discuter <strong>en</strong> équipe ?<br />
Pourquoi discuter ?<br />
La nécessité <strong>de</strong> la discussion ne fait plus <strong>de</strong> doute actuellem<strong>en</strong>t, étant donné, la difficulté <strong>de</strong>s traitem<strong>en</strong>ts, la<br />
<strong>com</strong>plexité <strong>de</strong>s maladies, la durée <strong>de</strong> celles-ci, le nombre <strong>de</strong>s interv<strong>en</strong>ants autour d’un mala<strong>de</strong>. La relation<br />
singulière mé<strong>de</strong>cin-mala<strong>de</strong> est dépassée dans les milieux hospitaliers. Il est rare qu’un interv<strong>en</strong>ant agisse pour un<br />
seul mala<strong>de</strong> : c’est toute une équipe <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins, d’infirmiers et d’autres collaborateurs qui doiv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre part<br />
à l’élaboration d’une décision. Tous n’ont pas le même avis. Malgré ce nombre important <strong>de</strong> soignants, il émerge<br />
un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> chacun et donc une angoisse car les informations et la <strong>com</strong>munication sont souv<strong>en</strong>t<br />
médiocres. Il y a car<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> dialogue <strong>en</strong>tre les personnes. Discuter permet d’anticiper l’action mais aussi <strong>de</strong><br />
partager <strong>de</strong>s p<strong>en</strong>sées avant qu’il ne soit trop tard. Cette notion <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sées est selon nous fondam<strong>en</strong>tale<br />
non seulem<strong>en</strong>t pour obt<strong>en</strong>ir une décision, mais aussi pour permettre que l’action <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>tes personnes soit<br />
dans une harmonie relative.<br />
Pour que la discussion s’élève à un certain niveau éthique, il faut un certain nombre <strong>de</strong> critères.<br />
Quels sont les différ<strong>en</strong>ts types <strong>de</strong> discussion ?<br />
Ces discussions diffèr<strong>en</strong>t dans leurs formes, dans leurs objectifs et dans leur nature.<br />
On peut <strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifier trois types :<br />
- la discussion dite « symbolique » ou « dialogue » ;<br />
- la délibération collective ;<br />
- la discussion argum<strong>en</strong>tative.<br />
• Discussion dite « symbolique » <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce au dialogue<br />
Dans ce cadre-là, la décision est déjà prise. La situation <strong>médicale</strong> ne justifie pas que l’on discute la décision.<br />
L’objectif d’une telle discussion dite « symbolique » peut se résumer ainsi : les personnes ayant pris cette<br />
décision peuv<strong>en</strong>t avoir besoin <strong>de</strong> confirmer leur jugem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> échangeant avec les autres. Ils jou<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un<br />
rôle d’information vis-à-vis <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> l’équipe. Ils « r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>com</strong>pte ». Ils peuv<strong>en</strong>t avoir besoin <strong>de</strong> mettre<br />
<strong>en</strong> relation leurs avis avec ceux <strong>de</strong>s autres participants. C’est ainsi une discussion <strong>de</strong> forme dans laquelle il<br />
n’existe pas d’opposition ou <strong>de</strong> confrontation réelle <strong>en</strong>tre les participants car les données <strong>médicale</strong>s ne laiss<strong>en</strong>t<br />
aucune alternative.<br />
Une telle discussion ou dialogue peut-elle <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir éthique ? Nous le p<strong>en</strong>sons dans la mesure où cette discussion<br />
va porter sur le respect <strong>de</strong> la vie qui va s’achever, sur la manière <strong>de</strong> préserver la dignité du pati<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> sa<br />
famille, sur le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> transpar<strong>en</strong>ce du discours qui va être t<strong>en</strong>u <strong>en</strong>vers la famille et sur la prise <strong>en</strong> <strong>com</strong>pte <strong>de</strong>s<br />
valeurs culturelles <strong>de</strong> celle-ci.<br />
Dans ce type <strong>de</strong> discussion, il n’y a pas <strong>de</strong> vraie confrontation. La dim<strong>en</strong>sion éthique va porter non pas sur le<br />
fond <strong>de</strong> la décision mais sur la forme et l’on voit bi<strong>en</strong> que ces notions <strong>de</strong> respect <strong>de</strong> la vie, <strong>de</strong> dignité et<br />
d’autonomie du pati<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> sa famille ont <strong>de</strong>s incid<strong>en</strong>ces importantes sur les suites <strong>de</strong> la maladie et sur le seuil<br />
<strong>de</strong> la famille (<strong>en</strong> cas <strong>de</strong> décès).<br />
• Délibération collective ou réflexion collective <strong>en</strong> vue d’une décision<br />
Dans ce type <strong>de</strong> discussion, il existe une opposition, un débat <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue médicaux.<br />
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