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2. Les hommes dorment
Tout au long de l’année, l’Eglise célèbre la Messe, célèbre la liturgie, célèbre la prière, la louange,
l’adoration.
L’Eglise, c’est quoi ? Au milieu du monde, des gens, des enfants comme nous prient. Ils sont là
pour relier l’ensemble des enfants de Dieu à Dieu. Le monde est suspendu à quelques personnes qui
sont en prière. Depuis toujours c’est comme ça, l’Eglise se lève la nuit. Depuis des temps
immémoriaux, on se lève la nuit, et puis on utilise, si je puis dire, on traverse… Un peu comme
dans le sommeil de la nuit, Jésus est ressuscité. C’est dans le sommeil de la nuit que Jésus s’est
levé. C’était quand même dans le sommeil de la nuit, c’était environ vers trois heures du matin,
trois-quatre heures du matin. Il s’était levé avant, Il s’était levé bien avant, bien-sûr, mais
n’empêche qu’Il a traversé en se levant toutes les âmes en sommeil, toute la nature humaine en
sommeil, toute la nature humaine engourdie, toute la nature humaine inconsciente.
Une chose quand même est extraordinaire, c’est que les hommes – je ne sais pas si vous y
réfléchissez de temps en temps ? – c’est tout de même bizarre que les hommes, tous les jours,
s’endorment. Tous les jours. C’est impressionnant ça ! Pourquoi est-ce que Dieu a voulu une chose
pareille ? On pourrait dire : « Mais ça ne sert à rien, le Seigneur nous a fait des êtres spirituels, donc
nous pourrions être réveillés tout le temps. » Tous les jours, les enfants de la terre dorment.
En se levant, Jésus traverse toutes les nuits, tous les sommeils. Il les prend, Il les assume, Il traverse
tous les espaces, Il traverse tous les espaces eucharistiques de tous les temps de l’Eglise, de tous les
temps de la terre, de toute chair ointe par la divinité de sa Résurrection, et de son Incarnation, et de
sa Sagesse créatrice, et Il les ramène à l’intérieur du Principe pour que tout s’épanouisse à
l’intérieur de Dieu. De sorte que le relèvement du Christ opère à l’intérieur de la nuit des hommes
une opération de rédemption, de transformation.
Alors l’Eglise se lève la nuit, c’est vrai, elle se lève la nuit. Vous remarquerez que c’est quand
même curieux.
Dans mon ermitage j’avais encore avant-hier deux jeunes qui étaient étudiants. « Moi je veux
donner ma vie à Jésus » : une petite et un jeune homme, tout jeunes. Ils vont donner toute leur
jeunesse, ils vont devenir une chose horrible aux yeux des hommes, aux yeux des parents, des
cousins, des amis. « Comment ça, elle devient bonne-sœur ? C’est horrible ! J’espère que ma fille
ne fera pas ça ! » Ils donnent leur vie, ils donnent leur vie à Jésus, ils donnent leur vie à Dieu.
Pourquoi ? Et ça fait, je ne me rappelle plus du nombre, mais je crois que c’est quatre millions
quand même, quatre millions de jeunes qui donnent leur vie dès leur prime jeunesse à Dieu pour
tous les jours, toutes les nuits, jusqu’à leur mort. Et ces millions de gens le font avec la candeur, la
naïveté, la pureté de la Vierge, et c’est évident pour eux, il n’y a pas de souci.
Alors du coup tous les autres – combien sont-ils ? Quarante ? Quatre-cents ? Un million ? – font
pareil un jour ou l’autre dans leur vie, ils prennent la suite. Comme les disciples se sont soulevés à
la suite du Christ, et à la suite des disciples le monde se soulève.
Et même ceux qui ne se soulèvent pas, dans la nuit ils sont pris. Pourquoi ? Parce que si quelqu’un
est capable de s’endormir, c’est qu’il est capable d’abandon. Il est capable d’abandon en fonction
des lois de la nature, c’est vrai, mais notre nature est spirituelle. Notre nature est spirituelle, à raison
de quoi, dans le repos, quelque chose dans notre nature est capable d’ouverture. Elle est réceptive,
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