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Fiche d'exercices de latin n°1 - Créer son blog

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« Italiam Laviniaque venit », « genus un<strong>de</strong> Latinum / Albanique patres atque altae moenia Romae » :<br />

Énée, venu <strong>de</strong> Troie, fon<strong>de</strong> Lavinium ; Ascagne, <strong>son</strong> fils, fon<strong>de</strong> Albe ; puis Rome sera fondée par<br />

Romulus. Les huit premiers vers contiennent donc en réduction l’histoire <strong>de</strong>s origines <strong>de</strong> Rome, le<br />

sujet <strong>de</strong> l’Énéi<strong>de</strong> : il s’agit d’une introduction qui met l’accent sur l’aspect politique <strong>de</strong> cette épopée.<br />

8<br />

III. UN INCIPIT ÉMINEMMENT POLITIQUE : POUR ROME, LES VERTUS ROMAINES ET LA<br />

PAIX AUGUSTÉENNE<br />

A. Un incipit ouvertement à la gloire <strong>de</strong> la Rome augustéenne<br />

• Énée intervient en fait comme un symbole <strong>de</strong> la nation romaine (à la différence d’Ulysse qui n’a pas<br />

une telle dimension politique, mais humaine : la ruse, le courage,…). Énée n’est pas directement<br />

nommé (<strong>son</strong> nom n’apparaît qu’au v.92 ; i<strong>de</strong>m pour Ulysse au début <strong>de</strong> L’Odyssée, mais on ne parle<br />

que <strong>de</strong> lui), alors que Rome est maintes fois évoquée et que ses ancêtres <strong>son</strong>t loués : « late regem<br />

belloque superbum » (v.21). À partir du v.7, on a plus d’informations sur Rome et <strong>son</strong> peuple que sur<br />

Énée. Passage du singulier au pluriel : Énée incarne la future nation romaine : « errabant, acti… »<br />

(v.32) À la différence d’Ulysse qui ne représente que lui et dont la mission est per<strong>son</strong>nelle (retourner<br />

à Ithaque), Énée symbolise la nation romaine. Homère ne fait pas <strong>de</strong> références à <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong><br />

<strong>son</strong> temps, tandis que chez Virgile la dimension historique est forte : évocation <strong>de</strong> Rome, <strong>de</strong> Carthage<br />

(<strong>de</strong>struction récente <strong>de</strong> Carthage).<br />

• Éloge <strong>de</strong> Rome et <strong>de</strong>s Romains : « altae moenia Romae » (hypallage avec jeu sur « altae », au sens<br />

propre et au sens figuré) avec as<strong>son</strong>ance <strong>de</strong> voyelles (v.7), « late regem belloque superbum » (v.21).<br />

Le vrai sujet <strong>de</strong> L’Énéi<strong>de</strong>, c’est Rome et non Énée.<br />

• Le grandissement <strong>de</strong> Rome s’opère aussi par la comparai<strong>son</strong> avec Carthage, qui passe pour plus<br />

ancienne que Rome (« Urbs antiqua ») (Carthage serait antérieure <strong>de</strong> 150 ans à la fondation <strong>de</strong> Rome<br />

en 753) ; le mot « Karthago » est aussi rejeté au début du vers suivant (effet d’attente qui la met en<br />

relief) ; l’anaphore en « hic » contribue également à en faire l’éloge. Pour le lecteur <strong>de</strong> Virgile, il y a<br />

un peu plus <strong>de</strong> cent qu’elle est détruite (en 146) : « quae verteret arces » (v.20), « excidio Libyae »<br />

(v.22). Virgile présente les craintes <strong>de</strong> Junon et le lecteur peut vérifier qu’elles ont été largement<br />

justifiées par la suite <strong>de</strong> l’histoire que lui connaît comme le passé <strong>de</strong> Rome. L’éloge <strong>de</strong> Carthage<br />

rehausse donc celui <strong>de</strong> Rome (d’autant plus que Carthage a elle-même été préférée par Junon à<br />

Samos): dire que Carthage fut « studiisque asperrima belli », c’est sous-entendre que Rome le fut plus<br />

encore. Comme pour Troie au début du texte, une référence à Carthage (v.13) est suivie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

références romaines (« Italiam contra Tiberinaque longe »). Les causes mythologiques <strong>de</strong>s guerres<br />

puniques <strong>son</strong>t ainsi posées.<br />

• Énée est présenté en outre comme le « primus », le premier, le fondateur (v.1) comme Auguste est<br />

princeps et le premier empereur. Un parallèle entre les <strong>de</strong>ux hommes est donc discrètement établi. Le<br />

<strong>de</strong>rnier vers vaut <strong>de</strong> même directement pour Énée comme pour Auguste.<br />

B. Un incipit à la gloire <strong>de</strong>s vieilles vertus romaines<br />

• Énée incarne en outre toutes les vertus qu’Auguste aimerait voir restaurer à Rome : la fortitudo, la<br />

pietas, … toutes qualités dont sa politique a besoin. Auguste souhaite un retour à une moralité<br />

beaucoup plus stricte (cf. déjà Les Géorgiques et Les Bucoliques) et veut rétablir une image glorieuse<br />

<strong>de</strong> Rome. Énée apparaît comme le héros <strong>de</strong> l’ordre moral. Auguste veut réconcilier les Romains<br />

autour d’un passé glorieux dont lui-même se ferait l’apôtre.<br />

C. Un incipit discrètement favorable à l’apaisement<br />

• v.11 : Virgile s’étonne <strong>de</strong> la très gran<strong>de</strong> colère <strong>de</strong> Junon, ce qu’Homère ne fait jamais. Il semble ainsi<br />

trouver excessifs <strong>de</strong> tels sentiments et plai<strong>de</strong> par conséquent pour plus <strong>de</strong> sérénité, ce qui n’est pas<br />

sans ré<strong>son</strong>ner <strong>de</strong> manière particulière pour les contemporains <strong>de</strong> Virgile, las <strong>de</strong>s guerres civiles (qui<br />

en -27 durent <strong>de</strong>puis 20 ans) et <strong>de</strong>s déchirements politiques. C’est l’instauration <strong>de</strong> la Pax Romana.

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