Magazine n°85 juillet août 2007 - Territoire de Belfort

Le club se démocratise
La section du club alpin recrute dans les
mêmes milieux sociaux que toutes les
sociétés savantes de la fin du XIXe siècle.
Les premiers adhérents appartiennent
souvent à la société belfortaine
d'émulation et de grands
érudits, comme le docteur
Henri Bardy, fournissent
indifféremment des
articles historiques à
l'une et à l'autre des publications
de ces deux associations.
Les industriels,
les ingénieurs, les commerçants, les
membres des professions libérales, les
magistrats et les officiers ministériels
dominent. Des militaires de carrière, encouragés
par le patriotisme affiché par
le club et sa promotion de l'effort physique
et moral, sont également présents.
Le club s'ouvre plus largement
après la seconde guerre mondiale, puis
se démocratise totalement en abandonnant
le système de la cooptation.
« L'évolution du club
vers une conception plus
sportive de ses activités
se fait dans l'entre-deuxguerres.»
Les montagnards, gardiens du Lion
La notoriété du club est déjà solidement
établie quand en 1890, le groupe de Belfort
prend en charge la gestion du Lion.
Depuis la fin des travaux, la sculpture est
devenue un sujet de discorde entre Auguste
Bartholdi et ses partisans, qui réclament
des embellissements supplémentaires,
et la municipalité qui les refuse.
Dans ce climat difficile, le club alpin, qui
a milité auprès des autorités militaires
pour l'ouverture au public, est délégué
pour recevoir les droits d'entrée. Ces revenus
permettent de mieux présenter
les abords de l'œuvre, de faire graver la
dédicace aux défenseurs de Belfort et de
salarier un gardien. Les bénéfices engrangés
servent aussi à financer diverses actions
en faveur du tourisme, dont l'ouverture
des grottes de Cravanche. Dans les
années 1950, ils sont affectés à la création
de pistes de ski sur le Ballon et à
l'aménagement d'une patinoire près de
la maison du Peuple. La gestion du lion
est reprise par la municipalité en 1981.
La section de Belfort remplit scrupuleusement
le cahier des charges du club alpin.
Chaque année, elle consacre une
bonne part de son budget à des « travaux
de peinture » pour marquer les
sentiers. Elle se constitue également
une bibliothèque, une photothèque et
participe au financement de guides touristiques.
Elle organise régulièrement
des conférences,
illustrées de
projections, pour faire
connaître le milieu montagnard.
Avant 1914, sous
l'impulsion du botaniste
Louis Herbelin, elle entretient
un jardin de plantes alpines sur
les pentes du Ballon d'Alsace, au lieudit
de la Bérézina.
Construction de refuges
Le groupe de Belfort prend en charge la
construction et l'entretien de refuges
dans le massif du Ballon d'Alsace. Le refuge
du Baerenkopf est construit en
1905 à l'instigation du Touring club de
France, mais il passe sous la responsabilité
du club alpin dès 1923. En 1927 est
inauguré un deuxième refuge au Plain
de la Gentiane. Il appartient à la société
de ski et de tourisme de montagne de
Belfort, qui est une émanation du club.
En 1972, un troisième refuge entre en
service au Langenberg. Tous ces bâtiments
sont l'œuvre du cabinet d'architecture
Salomon, dont les directeurs
sont membres du club alpin.
Escalade et haute montagne
L'activité principale du club consiste
en l'organisation de sorties en groupe.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale,
la frontière entre excursionnisme, alpinisme
et tourisme est toutefois difficile
à établir. En 1893, la section met
au programme la Corse, mais le
compte-rendu de ce voyage d'une semaine
ne mentionne aucune ascension.
Les randonnées du club se font
surtout à la journée dans le massif des
Vosges et le Jura ou sur quelques jours
dans les Alpes suisses et françaises. Les
courses les plus exigeantes sont réalisées
à titre individuel par les adhérents
les plus chevronnés. L'évolution du
club vers une conception plus sportive
de ses activités se fait dans l'entredeux-guerres.
L'alpinisme se revendique
désormais comme une véritable
discipline qui nécessite un haut niveau
de technicité et un apprentissage.
Des écoles d'escalade et des stages en
haute montagne sont organisés. Les
cordées du club sont plus nombreuses
à se lancer à l'assaut des grands sommets
des Alpes. L'enseignement et la
pratique de l'escalade et de la haute
montagne sont restés des domaines
d'excellence du club aujourd'hui.
:: Xavier Laurent
Contact
:: Archives départementales
4 rue de l’Ancien théâtre
90000 Belfort
Tel : 03 84 90 92 00
Courriel : xavier.laurent@cg90.fr
LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL DU TERRITOIRE DE BELFORT VIVRE LE TERRITOIRE N°85
29
Dessins de Robert Hofer parus
dans l’Annuaire du club alpin
et de la société de ski et
de tourisme en montagne
de Belfort, 1939
À SAVOIR
En 1888, la section du
Club alpin français érige
une table d'orientation
au sommet du Ballon
d’Alsace. Elle est restée
inchangée depuis.
La plaque de fonte qui
porte les indications a
été réalisée par la société
alsacienne de construction
mécanique. L’ancêtre
du groupe Alstom.