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R : Tout le monde rentre, c'est la brousse ! On ne peut pas tenir
sa maison comme en ville, tout le monde rentre, toutes
celles qui ont mon âge, rentrent dans ma chambre.
Lorsque le choix contraceptif est effectué, il doit, de plus, affronter
une sorte d'inclinaison sociale que nous soulignions au début de ce
texte et qui correspond à la conjugaison de trois traits principaux.
Tout d'abord, très globalement - et même si les conduites se transforment
- les normes restent très largement régies par une valorisation
de la fécondité 1 .
Ensuite, les adolescentes sont supposées ne pas avoir besoin de
contraception puisque « normalement » elles doivent être épousées
« naïves ».
Enfin, dans le cadre du mariage, la fécondité est valorisée, rendant
pour certains la contraception accessoire.
Le choix de la contraception confronte ainsi les jeunes femmes à une
sorte d'aporie d'avoir à demander ce qui ne doit pas se dire ni s'utiliser.
Il en résulte que les jeunes adolescentes utilisent malgré tout, plus de
contraceptions – mais de façon irrégulière - que les femmes mariées,
et qu'à âge égal les jeunes épouses n'utilisent pas de contraception 2 .
On comprend combien cette obligation de visibilité sociale entrave
l'usage d'une contraception cohérente et régulière.
1
Voir par exemple, pour un commentaire sur la façon dont la fécondité « stabilise » le
mariage dans le contexte du nord du Nigeria les remarques de Isugbara & alii (2010).
2
« Overall, current use of contraceptives was higher among sexually active, unmarried
adolescents than among married youth [...]. Presumably, this pattern reflects unmarried
youth’s stronger desire to avoid pregnacy » (Blanc & alii 2009 : 66). Il faut, de
plus, ici préciser que le recul de l’âge au mariage fait que les risques liés à une mater -
nité précoce qui étaient autrefois vécus à l’intérieur des liens matrimoniaux est maintenant
affronté souvent solitairement par des jeunes filles célibataires. Dans certains
cas, la modernité a ajouté un risque social de stigmatisation à un risque biologique et
l’étiquette « d’illégitime » est un facteur de risque de décès maternel.
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