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5 – Parce que demain appartient à Dieu…
Un autre important ensemble normatif est, bien sûr, constitué par les
diverses dimensions vécues des religions.
Il s'agit ici des formes modestes des religions, et non des discours
« officiels » des responsables des différents cultes. En effet, plus que
de se référer à un savant corpus livresque très peu accessible au plus
grand nombre, les sermons proférés par de petits marabouts, les discussions
lors des cultes, les propos édifiants retransmis à la télévision
ou à la radio ou la littérature « pieuse » de colportage contribuent à
l'édification d'un univers moral incitant à respecter certaines
conduites.
Au plus simple, le religieux construit ainsi une certaine temporalité
sexuelle en liant le rythme physiologique et l'accès aux prières quotidiennes.
Je ne rate jamais les heures de prière à moins que je n'aie mes
règles. N'est-ce pas que la femme ne peut pas prier tout le
temps ? Tu es obligée de laisser certains moments. Tout ce qui
est interdit religieux, je prie Dieu pour qu'il m'en garde (M. F.
Milieu urbain, Sénégal).
Plus largement aussi, les normes religieuses définissent des périodes
d'abstinences lors du Carême chrétien ou du Ramadan musulman…
Certes, dans l'intimité, chacun peut s'accommoder de ces normes.
Mais elles influencent cependant, les conduites sexuelles 1 et la religion
institue ainsi un certain rapport à soi et aux temps du corps et de
la sexualité que caractérise l'obligation d'une acceptation de règles extérieures
à la simple décision du couple.
Comme nous le soulignions précédemment, dans des contextes de
précarité faisant de chaque jour une incertitude, on conforte ainsi
l'idée d'un certain dessaisissement de son destin. Et, puisqu'on ne
peut « décider de sa vie », on la confie à Dieu, espérant qu'un ordre
1
Jean Louis Flandrin a parfaitement explicité ces liens pour l’univers chrétien (1983).
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