liens - GID

connaître et de s'accorder avec son corps tient à distance tout raisonnement
fondé sur un risque objectivé incitant à prendre des précautions.
Et on comprend combien cette simple locution vient nuancer et parfois
obérer les messages sanitaires de prévention sur le mode assez
habituel et largement partagé de : « oui bien sûr, on sait cela, mais cela
ne s'applique pas à moi »… L'éprouvé et une sorte d'expérimental
fondé biographiquement prend la place du savoir technique standardisé.
Cette forme d'articulation du savoir et de l'expérimenté doit être
pris en compte par les campagnes de planification.
4 – Parce qu'on n'a pas le sentiment de pouvoir décider de sa vie …
Décider de sa vie sous-entend que l'on peut choisir, prévoir et programmer
son futur. Or les existences quotidiennes de nos interlocuteurs
démentent ces procédures de « programmation de soi ». Leurs
vies ne sont ni aussi « linéaires » ni aussi « maîtrisées ».
Dans des mondes sociaux où l'on ne sait pas vraiment « de quoi demain
sera fait » ; ni auprès de qui éventuellement solliciter de l'aide ou
à l'inverse qui viendra en demander ; ni si l'on disposera d'argent ; ni
si l'on pourra se soigner… comment anticiper ?
Comment anticiper son devenir dans des situations où le futur dépend
largement du vouloir des autres et des multiples jeux des
« bonnes occasions » ou des contraintes sociales ?
Une des dimensions - et des souffrances - de la précarité est que l'avenir
est très difficilement contrôlable. Aucun lendemain n'est assuré, et
ces vies fragiles se définissent plutôt par : « à chaque jour suffit sa
peine ».
Cette précarité induit des manières d'être au monde et des régimes de
subjectivités, homologues à ces situations sociales.
Certes, la sexualité est spécifique. Mais elle pas indépendante de cette
façon d'être socialement. Et, dans l'intimité certaines femmes – ou
certains couples - « se laissent aller » : à quoi bon essayer de prévoir
puisque l'avenir n'est, de toutes manières, pas maîtrisable ?
- 29 -