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ton enfant » (fura tè saya la, fura t'a la ni wolo den te). Fort prosaïquement<br />

l'enfant évite que le lignage ne s'arrête, et l'on distingue la mort qui<br />

termine une vie inféconde (a bana, lit. il est fini) ; d'une vie prolongée<br />

par les descendants et que désignent des termes plus laudatifs (a sara,<br />

ou, en empruntant à la langue arabe : a fatura).<br />

Enfin, la femme stérile est partout dépréciée et parfois – l'adverbe<br />

« souvent » serait ici plus juste - obligée d'entrer dans d'éprouvants rituels<br />

liant une sorte de dépréciation propitiatoire à un espoir de guérison<br />

(Journet XX, Fassin XX).<br />

On ne peut, bien sûr généraliser. Mais, en ce domaine, le malheur biologique<br />

est souvent rapporté à des causes liant l'infécondité à une<br />

faute morale : « bin te bò fen dò la » (l'herbe ne pousse pas n'importe<br />

où).<br />

Ces larges constatations sont bien connues et les mêmes contenus sémantiques<br />

irriguent d'autres « formes codées » du lexique, comme les<br />

contes ou les proverbes en Afrique, qu'elle soit de l'Ouest ou de l'Est<br />

(Hussein 2009).<br />

Partout les langues construisent des significations et des points de vue<br />

partagés. On agit alors « comme cela », « sans trop y penser » parce<br />

que « cela » semble normal ou naturel. La langue est toujours assertive<br />

et ces normes incorporées orientent les choix des acteurs.<br />

Cette « pression du sens commun » apparaît notamment, grâce à une<br />

sorte de contraste, lorsque l'on tente de s'y opposer où lorsque les circonstances<br />

incitent à s'en écarter. Et, comme le remarque cette jeune<br />

femme vivant en milieu rural au Mali, même si le corps est marqué<br />

par la grossesse, le plus dur serait sans aucun doute le stigmate social<br />

de l'infécondité que souligne d'ailleurs un terme spécifique signifiant<br />

une « féminité incomplète ».<br />

R : Ça c'est vraiment la langue bambara ! Une femme qui n'a<br />

pas d'enfants, on l'appelle chez nous ici « konan muso » (femme<br />

incomplète).<br />

Q : Est-ce que c'est une femme qui est sur le même pied d'égalité<br />

que les autres femmes ?<br />

R : Non, elle n'est pas sur le même pied d'égalité. Il faut faire le<br />

constat, une femme qui n'a pas d'enfant, même si vous avez le<br />

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